Le Canadien de Montréal n'est pas seulement l'une des meilleures équipes de la LNH sur la glace. L'équipe montréalaise est aussi l'une des plus solides du circuit Bettman au plan financier.

Selon une étude publiée hier soir par le magazine financier Forbes, le Canadien se classe au troisième rang des équipes les plus riches de la LNH. Le Tricolore vaudrait 334 millions US - une hausse de 18% par rapport à l'an dernier. Seuls les Maple Leafs de Toronto (448 millions US) et les Rangers de New York (441 millions US) auraient une plus grande valeur que l'équipe montréalaise.

Au chapitre des profits, le Canadien est arrivé au deuxième rang du circuit Bettman la saison dernière. Selon Forbes, l'équipe du propriétaire George Gillett aurait engendré des profits de 39,6 millions US. Seuls les Maple Leafs (66,4 millions US) ont généré davantage de profits.

Même s'il n'a pas gagné la Coupe Stanley au printemps dernier, le Canadien a pris sa revanche sur les champions en titre, les Red Wings de Detroit. Cette année, le Canadien a délogé les Red Wings, qui doivent composer avec les difficultés économiques de l'industrie automobile de Detroit, au troisième rang des équipes de hockey les plus riches.

Le Canadien devance aussi ses tombeurs des dernières séries éliminatoires, les Flyers de Philadelphie, cinquièmes au classement de Forbes. Comme quoi les résultats financiers d'une équipe de la LNH ne sont pas identiques à ceux obtenus sur la glace. «La valeur d'une équipe est liée à ses performances récentes mais, surtout, avec les performances qu'on attend d'elle au cours des cinq prochaines années, dit l'économiste Pierre Emmanuel Paradis, du cabinet montréalais Groupe d'analyse. Sur ce point, le Canadien n'a pas à s'inquiéter car il a une super équipe pour l'avenir.»

Autre facteur qui joue en faveur du Canadien au plan financier cette saison: le 100e anniversaire de l'équipe. «Les célébrations du centenaire de l'équipe provoquent un engouement supplémentaire qui se traduit par d'autres revenus dans les coffres de l'équipe», dit Pierre Emmanuel Paradis.

Comme toutes les équipes canadiennes, le Canadien a profité de la vigueur du huard, à parité avec le billet vert américain pendant toute la saison dernière. «Les équipes canadiennes étaient avantagées par le taux de change, dit Pierre Emmanuel Paradis. Leurs revenus étaient en dollars canadiens et plusieurs de leurs dépenses, dont les salaires, en dollars américains. C'est tellement vrai qu'aucune équipe canadienne n'a perdu de l'argent la saison dernière selon Forbes.»

Gillett a gagné son pari

Le succès financier du Canadien est aussi celui de George Gillett, devenu propriétaire de l'équipe alors que l'avenir financier du Tricolore semblait beaucoup moins solide.

En janvier 2001, l'homme d'affaires américain a acquis 80,1% des actions du Canadien et du Centre Bell au coût de 181 millions US. La société Molson Coors, propriétaire du Canadien depuis 1978, détient toujours 19,9% des actions.

À cette époque, l'absence de plafond salarial provoquait une surenchère pour les meilleurs joueurs, le huard valait 69 cents américains et l'équipe devait compter sur un programme d'assistance financière de la LNH afin de boucler son budget. Sept ans plus tard, les parts de George Gillett dans le Canadien vaudraient 267 millions US, selon Forbes. Il aurait ainsi réalisé un rendement de 48% sur six ans (entre 2001 et 2007), soit 8% par année.

Dans son estimation de 334 millions US pour le Canadien, Forbes évalue la valeur du Centre Bell à 103 millions US. George Gillett et Molson contestent actuellement devant les tribunaux la valeur de l'édifice dans le cadre de sa facture d'impôt foncier. Selon eux, le Centre Bell vaudrait 60 millions CAN. La Ville de Montréal l'évalue plutôt à 225 millions CAN.

Chaque année, Forbes réalise une étude financière approfondie des 30 équipes de la LNH. Le magazine dit se baser sur des données financières de la ligue et de certains clubs ainsi que des documents bancaires afin d'évaluer la valeur des équipes du circuit Bettman. La LNH et le Canadien contestent la validité de l'étude de Forbes.