Andrei Kostitsyn, qui a raté les deux derniers matchs après avoir encaissé une sévère mise en échec de Kurt Sauer, des Coyotes de Phoenix, pourrait revenir au jeu ce soir face aux Hurricanes de la Caroline.

Le Canadien peut se compter chanceux, car le choc à la tête qu'a absorbé Kostitsyn aurait pu avoir des conséquences plus sérieuses.

Les Hurricanes, eux, n'ont pas eu la même veine.

Samedi, leur attaquant recrue Brandon Sutter a été victime d'une commotion cérébrale à la suite d'un violent contact avec Doug Weight, des Islanders de New York. Le geste est resté impuni.

Le lendemain, le DG Jim Rutherford a effectué une sortie en règle pour condamner l'inaction de la LNH.

«Que la ligue cesse de dire qu'elle veut enrayer les coups à la tête car elle ne fait rien», a déploré Rutherford.

Hier, Guy Carbonneau s'est fait solidaire du patron des Hurricanes. «La ligue doit faire quelque chose car le coup à Sutter n'a aucun sens, a affirmé Carbo. On dit qu'il avait la tête baissée? Franchement! Essayez de jouer au hockey sans ne jamais baisser la tête... C'est le troisième coup à la tête qu'on voit en 10 jours. Chaque fois, on a dit que l'assaillant n'était pas du genre à faire des coups salauds. Est-ce qu'on va avoir un système à deux vitesses où l'on suspend les méchants et l'on épargne les gentils?

«Dans le cas d'Andrei Kostitsyn aussi on avait entendu dire qu'il avait gardé la tête basse et que Sauer n'avait pas la réputation d'un chasseur de têtes», a conclu Carbonneau.

En position vulnérable

L'entraîneur des Canes, Peter Laviolette, a tenté hier de garder son calme malgré sa frustration.

«On a les nerfs à fleur de peau sur ces questions-là car, au cours des deux dernières années, on a trois joueurs qui ont subi des commotions cérébrales sur des coups semblables.»

Mais Laviolette a refusé de condamner Weight, qui était en Caroline lors de la conquête de la Coupe Stanley en 2006.

«Il ne portait pas les bras haut et il a frappé Sutter avec son épaule, a rappelé l'entraîneur. La question est de savoir si, avec un joueur en position vulnérable, la mise en échec avait besoin d'être appliquée.»

Selon Rod Brind'Amour, la ligue peut difficilement sanctionner de tels coups. «En vertu des règlements, la mise en échec était légale, a rappelé le capitaine des Hurricanes. Je ne vois pas ce que la ligue pourrait faire. Je crois qu'il en revient aux joueurs de décider s'ils prennent des libertés à l'égard de joueurs en position vulnérable.»

Guy Carbonneau constate à cet égard que les athlètes commencent à manquer de respect les uns envers les autres. «On est tous responsables de ce qu'on fait, a-t-il rappelé. J'ai déjà tenu un fusil dans mes mains. Mais ça ne veut pas dire que j'étais obligé de tirer sur quelqu'un!»

Selon l'entraîneur du Canadien, c'est toute une culture qui, loin de décourager ce genre ce coup, tend au contraire à en faire la promotion. «Ça commence avec les parents et les médias. Il y a des entraîneurs qui demandent à des enfants de 6 ou 7 ans de terminer leurs mises en échec, a-t-il illustré. Et à la télé, on ne fait pas que montrer les plus beaux jeux, on montre aussi les mises en échec les plus percutantes.»

De rapides colosses

Doug Weight a appelé quelques anciens coéquipiers pour s'enquérir de l'état de santé de Sutter.

Le centre de 19 ans est retourné en train à Raleigh, hier matin. On ignore encore la durée de son absence.

Mais son père, l'entraîneur des Devils Brent Sutter, a indiqué à des journalistes du New Jersey que son fils ne l'avait pas reconnu à son arrivée à l'hôpital.

Voilà une inquiétante façon d'entreprendre une carrière chez les pros...

«Il y a des joueurs qui ont été incapables de vivre une vie normale en raison des commotions, a rappelé le centre Eric Staal. Je ne veux pas voir disparaître l'aspect physique du hockey, mais il faut qu'une forme de discipline soit instaurée.»

Des joueurs aux gabarits de plus en plus imposants - et de plus en plus rapides par surcroît - ont fait grimper le nombre d'incidents de ce genre dans la dernière décennie.

«À la vitesse où l'on patine, la prise de décision est instantanée et tu ne fais que réagir», a justifié Staal, qui est lui-même assez baraqué.

Jouer sans crainte

Chez le Canadien, Andrei Kostitsyn a évité le pire. Mais il ne peut pas pour autant changer son style dans l'espoir de mieux se protéger.

«Andrei est un attaquant de puissance et pour connaître du succès, il doit s'impliquer en allant là où se trouve la rondelle - ce qui veut dire, bien souvent, le long des bandes ou devant le filet», a indiqué Carbonneau.

C'est donc dire que d'ici le reste de sa carrière, Kostitsyn va s'en remettre au respect de ses adversaires en souhaitant qu'aucun incident grave ne vienne le ralentir.

Et Brandon Sutter, lui, finira bien par pardonner à Doug Weight.

Le jour où il se rappellera ce qui s'est passé.