Il ne viendrait à l'idée de personne de poser la question à l'égard de Wayne Gretzky, le joueur qui a porté le numéro 99 durant toute sa glorieuse carrière.

Mais à propos de Wayne Gretzky l'entraîneur, plusieurs se sont interrogés: a-t-il ce qu'il faut pour la Ligue nationale?

Gretzky, avouons-le, a connu des débuts chancelants à la barre des Coyotes de Phoenix. Mais l'an dernier, il a permis à une formation promise au dernier rang de l'Ouest de se battre pour une place en séries, du moins jusqu'à la fin de février.

 

Gretzky a d'ailleurs été évoqué comme candidat pour le trophée Jack-Adams.

Cette année, à sa quatrième campagne derrière le banc des Coyotes, Gretzky dirige avec aisance la plus jeune équipe de la LNH. Et les sceptiques se font plus rares.

«Pour un joueur comme pour un entraîneur, tout vient avec l'expérience, fait valoir Gretzky. Mais la transition de joueur à entraîneur n'a pas été si grande que cela.

«Déjà, quand j'étais joueur, j'accordais beaucoup d'importance à la préparation. Je m'attardais sur le type d'affrontement qui s'en venait et je m'appliquais à suivre les instructions.

«La principale différence, c'est la communication avec les joueurs. C'est parfois difficile de leur dire ce qu'ils ne veulent pas entendre.

«J'ai dû m'habituer à eux comme ils ont dû s'habituer à moi. Ça prend un certain temps avant de savoir ce que les joueurs veulent et de quelle manière chacun peut donner son meilleur rendement.»

Chez le Canadien, Guy Carbonneau a vécu un ajustement similaire. Et il dit mieux comprendre le choix de Gretzky aujourd'hui.

«Comme tout le monde, je me suis posé bien des questions lorsque je l'ai vu débarquer là, admet Carbo. Je me disais qu'il n'avait pas besoin de ça.

«Mais à défaut de pouvoir être sur la glace, c'est le job d'entraîneur qui te rapproche le plus de la partie. C'est la passion du sport qui te garde là. Il l'a toujours eue et moi aussi. Je le comprends bien mieux aujourd'hui.

«Parce qu'après deux ans, je peux dire que j'aime mon travail. J'aime entrer au bureau le matin en pensant à ce qu'il y a à faire pour préparer l'équipe...»

Montréal et Edmonton

Les Coyotes rendent visite au Canadien ce soir, et Gretzky confie que le Tricolore se veut de plus en plus un modèle pour son équipe. «Le Canadien est probablement la meilleure équipe de l'Association de l'Est. Ses joueurs bougent bien la rondelle et ils savent utiliser sa vitesse. C'est agréable de le regarder et c'est vraiment l'une des équipes dont on veut s'inspirer.»

Gretzky puise aussi de l'inspiration... à Edmonton. «Derrière le banc des Oilers, Glen Sather était un motivateur hors pair, se rappelle-t-il. Et John Muckler est l'un des hommes de hockey les plus brillants que j'ai rencontrés.

«J'ai appris beaucoup d'eux, autant en termes de technique que de la préparation.»

Ce n'est pas un hasard si Muckler a joint l'organisation des Coyotes en septembre dernier, devenant le conseiller principal du DG Don Maloney.

«Wayne adore enseigner et ses joueurs lui vouent le plus grand respect, soutient Muckler. Les jeunes l'écoutent et absorbent ses enseignements comme des éponges.»

Des jeunes bien formés

Ça tombe bien que Gretzky puisse profiter de son statut. Car ce n'est pas une mince affaire que de développer la plus jeune équipe du circuit Bettman! «Si tu veux connaître du succès, il faut que tu sois capable de développer de bons jeunes, observe la Merveille. On l'a vu avec Ottawa, et maintenant avec Pittsburgh et Washington.

«Chez nous, deux éléments sont communs aux jeunes de notre équipe, poursuit-il. D'abord, ils proviennent tous de familles où on les a bien élevés.

«Ils ont aussi été tous très bien entraînés dans le passé. Kyle Turris est allé à l'Université du Wisconsin; Mikkel Boedker a joué sous Peter DeBoer à Kitchener; Kevin Porter était un élève de Red Berensen au Michigan, et Viktor Tikhonov a évidemment beaucoup appris de son grand-père.

«Qu'ils aient eu cet apprentissage-là me facilite la vie. Tous ces jeunes sont arrivés ici avec beaucoup de talent en attaque, mais aussi avec un souci défensif.

«Et je suis prêt à accepter quelques erreurs d'inexpérience en échange de leur enthousiasme!»

Le souci des siens

Gretzky compte sur son capitaine Shane Doan et sur les défenseurs Ed Jovanovski et Derek Morris pour prendre les recrues sous leur aile.

«Je suis sûr que, sans le dire, les jeunes ont dû être intimidés par sa présence, estime Jovanovski. Après tout, Gretzky est le plus grand nom au Canada. Mais à mesure qu'ils le côtoient, ils réalisent qu'il est comme tout le monde.

«Et ce que je préfère de Wayne, c'est qu'il se soucie de ses joueurs, Il veut que tout le monde soit à l'aise.»

Un tantinet players' coach, Gretzky ne veut s'attribuer aucun mérite pour la progression des Coyotes. «Ce sont les joueurs qui méritent les accolades, pas moi, insiste Gretzky. Ils veulent vraiment connaître du succès. Et ils comprennent ce que je veux faire.

«Je suis plus exigeant envers des vétérans comme Doan et Jovanovski. Les jeunes voient que si je suis plus dur envers les joueurs établis, je peux être dur avec n'importe qui.»