Il y a ce stéréotype du hockeyeur de l'Ouest canadien, cette sorte de joueur costaud un peu bûcheron qui n'a que faire de la finesse. Et puis il y a Joe Hicketts.

Au camp final d'Équipe Canada junior, le défenseur de la Colombie-Britannique détonne. D'abord parce qu'il est le seul des joueurs invités en âge d'avoir été repêchés à ne pas l'avoir été. Ensuite parce qu'il est petit. Sa fiche indique 5'8 et 186 livres. Mais la vérité tourne plus autour de 5'7 et 175 livres.

«C'est drôle parce que j'ai toujours été parmi les plus grands quand j'étais enfant. Bantam, j'étais dans les plus grands de l'équipe. Puis à partir de là, j'imagine que j'ai juste arrêté de grandir!», raconte Hicketts dans un éclat de rire.

Ce n'est pas parce qu'il en rit que c'est nécessairement drôle. Le joueur de 18 ans, comme tous les autres de petit gabarit, a fait les frais de sa taille. «J'ai commencé à entendre que j'étais trop petit à ma deuxième année midget, se souvient-il. Puis ça s'est reflété au repêchage de la WHL. Des équipes me trouvaient trop petit.»

Mais Hicketts a toujours eu un sens du hockey et une vision incroyable. Il avait des chances d'être repêché par une équipe de la Ligue nationale, sauf qu'à l'automne 2013, il s'est blessé. Il a dû subir une opération et a manqué trois mois. «Je n'avais même pas joué 15 matchs quand c'est arrivé. C'était mon année de repêchage. Disons que c'était démotivant.»

Il a connu une bonne fin de saison, assez pour rêver à nouveau d'être choisi. Il a suivi le repêchage sur son ordinateur: son nom n'a finalement jamais été appelé.

Comment un défenseur non repêché de 5'7 se retrouve-t-il au camp final d'Équipe Canada junior? Hicketts a travaillé. Il a d'abord perdu du poids. «Je pesais 200 livres après ma blessure. Je suis allé au gym trois fois par jour pendant un bout et je suis redescendu proche de 170 livres.»

Il a aussi reçu un coup de pouce des Red Wings. Deux jours après le repêchage, l'équipe de Detroit a appelé son agent pour lui offrir une place au camp de développement en juillet. «Puis il m'ont réinvité au camp des espoirs à l'automne puis au vrai camp. J'étais assis à côté de Niklas Kronwall et de Pavel Datsyuk. C'est fou, c'était irréel. Je n'oublierai jamais ça.»

Le joueur a commencé la saison avec les Royals de Victoria gonflé à bloc. Il est aujourd'hui, avec 38 points en 31 matchs, le meilleur marqueur parmi les défenseurs au pays. Équipe Canada a donc décidé de lui faire une place au camp.

«Joe a eu un excellent début de saison. Même s'il n'est pas grand, il est le meilleur marqueur parmi les défenseurs au Canada. Je pense qu'il faut respecter ça, note l'entraîneur Benoît Groulx. Il a un bon sens du hockey. C'est un compétiteur et il anticipe bien le jeu. Il a mérité sa place ici. Il ne cesse de nous surprendre de jour en jour. Chapeau, et j'espère que ça va continuer.»