Les Foreurs de Val-d'Or auront besoin d'un miracle, ou presque, pour vaincre l'Armada de Blainville-Boisbriand en première ronde des séries éliminatoires.

En sept ans depuis l'instauration de la formule actuelle, jamais le club au 16e rang n'a surpris la meilleure équipe au classement de la LHJMQ. Plus préoccupant encore pour ce club de l'Abitibi, la première équipe au classement a balayé ses adversaires en quatre matchs chaque année!

Pour accentuer l'écart entre ces deux clubs, les Foreurs ont remporté un seul de leurs 22 derniers, matchs tandis que l'Armada, fort de ses 50 victoires, a subi seulement trois revers à domicile en saison...

Que peut donc affirmer le directeur général et entraîneur-chef de l'Armada, Joël Bouchard, pour rester diplomate sans pour autant tomber dans la flagornerie? 

«Val-d'Or a un chandail, ils ont un droit de joute contre n'importe qui dans la Ligue puisqu'ils ont obtenu leur place en séries éliminatoires. Ils ont une façon de jouer qui leur appartient, je la connais, je l'analyse.

«Est-ce qu'il y a des choses à ajuster selon les clubs que tu affrontes? C'est évident, c'est la logique. Mais ça fait partie de ce que tu as à faire. Les gens passent trop de temps à regarder les autres. Notre équipe, on respecte tout le monde. Que ça soit n'importe qui. Je veux que mon équipe se comporte comme elle le devrait contre un club comme Val-d'Or.»

La récente victoire de l'Armada contre les Foreurs, par la marque de 7-0, ne fait rien pour donner espoir aux partisans de Val-d'Or.

«Dans la vie, ton pire ennemi, c'est toi-même, poursuit Bouchard. On a une façon de travailler bien à nous. On s'occupe de nos affaires à nous. On a notre plan pour les séries éliminatoires. L'opposition est peu importante. On met l'accent sur ce qu'on doit faire. Que ça soit Val-d'Or, Québec, Bathurst, ça ne change rien. Le but, c'est de gagner quatre rondes, d'atteindre la Coupe Memorial et gagner. On ne veut pas aller trop loin dans notre processus, mais on a un travail à faire.»

«Je dis toujours à nos joueurs de ne pas parler des autres. Gère tes choses. C'est ma philosophie. Et je le dis avec beaucoup de respect envers les autres équipes.»

Avec 107 points, l'Armada vient de connaître la meilleure saison de sa courte histoire de sept ans. Le mot «reconstruction» n'existe cependant pas au sein de cette organisation, puisque l'équipe a obtenu au moins 40 victoires en 68 matchs pour la sixième fois sur sept.

Comme les Knights de London

L'Armada est devenue en quelque sorte «les Knights de London» de la LHJMQ. Le club ontarien des frères Hunter connaît lui aussi rarement des années creuses. «On a eu une seule mauvaise demi-saison, et encore, ce printemps-là, on a causé la plus grande surprise en séries éliminatoires sans joueurs de 19 ou 20 ans, dit Bouchard. Un plan de reconstruction, je ne connais pas ça. Des fois, les clubs me le demandent, je ne sais pas quoi répondre.»

En 2015-2016, au terme de sa pire saison, l'Armada, treizième équipe au classement, avait vaincu en six matchs les quatrièmes... les Foreurs de Val-d'Or. «Tant qu'il y a un tableau indicateur, je vais jouer pour gagner le plus de matchs possible», dit Bouchard, directeur général de l'équipe canadienne junior, médaillée d'or au plus récent Championnat du monde.

Surpris par cette saison de seulement 11 défaites? «Je ne mets pas d'objectifs précis en début de saison. C'est seulement un chiffre, alors que c'est le processus qui compte. Je trouve qu'on a bien géré la saison, les matchs. On a utilisé notre expérience dans les bons moments. Tout peut arriver dans une saison. Je voulais qu'on soit un club compétitif.»

Alex Barré-Boulet a terminé en tête des compteurs de l'Armada, et de la LHJMQ, avec 116 points, dont 53 buts, en 65 matchs. Ses performances lui ont valu récemment un joli contrat de trois ans avec le Lightning de Tampa Bay.

Alexandre Alain, autre attaquant ignoré au repêchage de la LNH, a terminé au troisième rang de la LHJMQ avec 87 points, dont 44 buts, en 65 matchs. Le défenseur Pascal Corbeil, boudé lui aussi, a obtenu 51 points en 46 matchs. L'un des héros de l'équipe canadienne junior au Championnat du monde, Drake Batherson, a amassé 38 points en 27 matchs depuis son arrivée sur la couronne nord en provenance du Cap-Breton.

«S'il y a une surprise collective, c'est que tout le monde a pris sa place dans la jungle de l'équipe. Tout le monde a accepté notre façon de jouer. Notre groupe de leadership qui est revenu de l'an passé, Barré-Boulet, Alain, Paquette-Bisson, avec Pascal Corbeil, qui est actuellement blessé, nos quatre leaders ont sonné la charge, chacun à un âge différent, et chacun dans son rôle propre. Et les jeunes ont suivi.»

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ACADIE-BATHURST (2) vs CHICOUTIMI (15)

Le DG Sylvain Couturier, père du centre des Flyers Sean Couturier, a été très actif à la date limite des échanges afin d'améliorer son club. Son acquisition la plus importante demeure celle du centre German Rubstov, un choix de première ronde des Flyers de Philadelphie en 2016. Le jeune homme n'a cependant pas produit à la hauteur des attentes depuis son arrivée (32 points en 38 matchs) et Antoine Morand, un choix de deuxième ronde des Ducks d'Anaheim en 2017, s'est chargé de l'attaque avec 76 points. Le défenseur Noah Dobson, 18 ans, 69 points en 67 matchs, sera à surveiller. Il sera vraisemblablement repêché parmi les dix premiers et pourrait figurer parmi un choix potentiel pour le Canadien. Le Titan devrait battre plutôt aisément les Saguenéens.

RIMOUSKI (3) vs MONCTON (14)

Cette série permettra de voir à l'oeuvre le meilleur espoir québécois depuis des lunes, Alexis Lafrenière, 16 ans seulement, 80 points en 60 matchs, vraisemblablement le premier choix au total de la LNH en 2020 si tout se déroule comme prévu. Lafrenière est devenu le premier joueur de 16 ans depuis Sidney Crosby à marquer au moins 40 buts. Malgré leurs succès, l'Océanic demeure une jeune équipe, mais Moncton ne devrait pas constituer un adversaire trop menaçant en première ronde. Les Wildcats ont connu une deuxième moitié de saison difficile après un départ prometteur et ont accordé en moyenne plus de quatre buts par match.

HALIFAX (4) vs BAIE-COMEAU (13)

Les friands du repêchage de la LNH tourneront leurs regards vers deux joueurs des Mooseheads, Filip Zadina et Benoit-Olivier Groulx. À sa première saison en Amérique du Nord, Zadina, un ailier, a obtenu 82 points, dont 44 buts, en 57 matchs. Il pourrait être repêché entre le deuxième et le cinquième rang. Groulx, le fils de l'entraîneur Benoit Groulx, est un probable choix de première ronde. Il a 55 points en 68 matchs. Le Finlandais Otto Somppi, modeste choix de septième ronde du Lighnting de Tampa Bay en 2016, a explosé avec 83 points, après une saison de 41 points l'an dernier. Mais la défense des Mooseheads demeure suspecte malgré tout leur talent à l'attaque.

DRUMMONDVILLE (5) vs CAP BRETON (12)

Les Voltigeurs, dirigés par l'entraîneur en chef de l'équipe canadienne junior, Dominique Ducharme, ont dépassé les attentes cette année, et ils ont pris leur envol après le retour de Ducharme de Buffalo (théâtre du Championnat mondial junior) et l'acquisition de Josef Veleno. Celui-ci, l'un des rares joueurs à bénéficier d'un statut de joueur exceptionnel à 15 ans dans la LHJMQ, a amassé 48 points en 33 matchs depuis son arrivée. Les Voltigeurs demeurent un club jeune qui n'a rien à perdre. Cap Breton a de gros problèmes en défense et devant le filet. Veleno, probable choix de première ronde, peut-être dans le top 15, a la chance de hausser sa cote.

VICTORIAVILLE (6) vs GATINEAU (11)

Les Tigres sont presque invincibles depuis janvier. Et ils ont terminé la saison en force avec onze victoires consécutives. Les Olympiques, au contraire, ont perdu leurs sept derniers. Un renversement de vapeur est-il possible d'un côté comme de l'autre ? Peu probable. Les Tigres ont pris leur envol après l'arrivée de Vitaly Abramov, obtenu justement des Olympiques, qui ne se sont jamais remis de son départ. Abramov, un choix de troisième ronde des Blue Jackets de Columbus en 2016, a obtenu 78 points, dont 33 buts, en 40 matchs après l'échange. Mais il n'est pas seul. Maxime Comtois, choix de deuxième ronde des Ducks d'Anaheim en 2017, et Ivan Korosenkov, ont obtenu plus de 80 points chacun.

ROUYN-NORANDA (7) vs SHERBROOKE (10)

Les Huskies comptent probablement sur le meilleur gardien de la LHJMQ, Samuel Harvey. Le jeune homme de 20 ans a maintenu une moyenne de 2,10 et un taux d'arrêts de .930 et ses performances lui ont valu une invitation au camp d'équipe Canada junior en décembre. Les Huskies ont aussi quelques éléments intéressants, dont leur meilleur compteur, Rafael Harvey-Pinard, et Mathieu Boucher. La perte du défenseur Zachary Lauzon, un choix de deuxième ronde des Penguins de Pittsburgh, a fait mal cet hiver, mais il est de retour depuis quelques mois. Galvanisé par le retour de son défenseur Luke Green, Sherbrooke a perdu seulement deux de ses 16 derniers matchs et pourrait surprendre les Huskies.

QUÉBEC (8) vs CHARLOTTETOWN (9)

Les Remparts n'ont pas remporté un seul match de séries en deux ans. Mais ils ont su remporter 40 matchs cette année en dépit d'une attaque timide. Québec a fini la saison en force avec une fiche de 8-1-1 à ses dix derniers matchs. Charlottetown n'a pas une grosse attaque non plus. Parmi les 16 clubs en séries, seuls Val d'Or et Chicoutimi ont marqué moins de but qu'eux. Les Islanders ont cependant connu une meilleure saison que prévu, après avoir mis tous leurs oeufs dans le même panier l'an dernier. Le gardien Matthew Welsh demeure l'un de leurs principaux acteurs.