Samuel Girard ne compte plus le nombre de fois où des gens ont douté de lui au fil de sa carrière au hockey. Il y avait ceux qui pensaient qu'il ne pourrait pas jouer dans le bantam AAA. Puis ceux qui ne le voyaient pas dans le midget AAA.

«T'es trop petit», qu'ils lui disaient.

Quelques années plus tard, ils sont de plus en plus rares à douter du petit défenseur de Roberval, qui tente cette semaine de se tailler une place avec Équipe Canada junior (ECJ).

Le discours a bien changé. Une anecdote en témoigne. Girard l'a racontée hier à Boisbriand, où a lieu le camp de sélection en vue du Mondial junior, qui commencera le 26 décembre à Montréal et à Toronto.

C'était cet automne, à Nashville. Girard, choix de deuxième tour des Predators, allait disputer son deuxième match préparatoire dans la LNH quand un membre du personnel est venu le voir: «En deuxième période, on va te faire jouer avec P.K. Subban.»

Girard l'admet, cette nouvelle l'a mis sur les nerfs. Quand on a 18 ans, jouer un match dans la LNH - même préparatoire -, c'est gros. Mais le jouer aux côtés de Subban, c'est immense.

«Avant le match, Subban voyait que j'étais un peu stressé. Alors il est venu me voir. Il m'a dit de relaxer. Il m'a dit: "on est tous passés par là, c'est normal", a raconté Girard hier. À un moment, sur la glace, j'ai fait une erreur. Il est venu me voir et m'a dit: "ce n'est pas grave, reprends-toi le prochain shift." C'est un bon gars. Il m'a vraiment beaucoup aidé.»

Par les temps qui courent, ils sont de moins en moins nombreux à douter de Girard tant la progression du défenseur semble irrésistible. À 5'9 ou 5'10 - selon les sources -, il est le plus petit joueur invité au camp de sélection. Mais ses chances de percer l'alignement sont bien réelles. Même s'il est petit, le défenseur joue grand.

Hier soir, Girard a évolué aux côtés du défenseur de 6'5 Philippe Myers dans une victoire de 5-3 d'ECJ contre une équipe d'espoirs universitaires.

Girard est un défenseur offensif dominant. La saison dernière, il a été nommé défenseur de l'année dans la LHJMQ. Il avait amassé 74 points en 67 matchs (1,1 point par match). Jusqu'à maintenant cette saison, avec les Cataractes de Shawinigan, il compte un total ahurissant de 35 points en 23 matchs (1,5 point par match).

«Samuel nous apporte de l'attaque. Dans la LHJMQ, il a été pas mal dominant cette saison, rappelle l'entraîneur-chef d'ECJ, Dominique Ducharme. On veut qu'il reste lui-même. Mais en même temps, on veut voir s'il est capable de s'adapter à un niveau de jeu plus élevé, de défendre à ce niveau et de réussir des jeux à ce niveau.»

«Parce qu'ici, tous les gars seront plus difficiles à battre à un contre un que dans le junior. Ce sera un ajustement pour tous les joueurs, mais encore plus pour lui, un défenseur offensif très rapide, ajoute Ducharme. On veut voir comment il va s'ajuster.»

Girard ou Mete?



Les cadres d'Équipe Canada junior ne le disent pas aussi ouvertement, mais Samuel Girard et Victor Mete se disputent un poste. Cet espoir du Canadien, choix de quatrième tour au dernier repêchage, est aussi un défenseur offensif, également de petite taille à 5'10. La production du défenseur des Knights de London est toutefois moins impressionnante (0,89 point par match cette saison).

«Moi et lui, on se le fait souvent dire qu'on se ressemble, admet Girard. Lui se le fait dire là-bas, moi, je me le fais dire ici. On doit jouer notre style de hockey et ils vont décider qui va rester.»

En entrevue, Girard indique toutefois qu'il a bon espoir d'être choisi dans l'équipe. Il s'agit pour lui d'une occasion de plus de montrer qu'il a sa place parmi l'élite.

«L'année passée, beaucoup de monde pensait que je serais invité au camp. Ç'a été une petite déception de ne pas l'être. Cette année, je veux percer l'alignement. Je sais que c'est une grosse année pour les défenseurs. Mais je pense que j'ai ma place.»

«Non, je ne suis pas un géant. Mais je suis capable de jouer contre des gros bonshommes. Il faut juste que je joue intelligemment, dit-il. Si j'arrive contre un gars de 6'2 dans le coin, je ne vais pas essayer de le plaquer, je ne réussirai pas. Je vais essayer de le contenir et chercher l'occasion de partir avec la rondelle.»

S'il mérite une place parmi les 22 joueurs d'ECJ, la famille de Girard entend descendre du Lac-Saint-Jean pour le voir à Toronto, puis à Montréal pour la ronde finale. Ce n'est pas tous les jours qu'on voit l'un des siens représenter le Canada à ce prestigieux tournoi; surtout lorsque, selon quelques «experts», il n'était même pas supposé jouer bantam AAA!