Comme on pouvait s'y attendre, Tiger Woods n'a pas été en mesure de défendre ses chances au Championnat des joueurs. Ses blessures l'ont contraint à un retrait rapide, jeudi dernier, après seulement neuf trous.

Plusieurs observateurs ont laissé entendre que Woods avait été «forcé» de prendre part au tournoi par le commissaire Tim Finchem, à la suite du traitement de faveur que lui avaient accordé les autorités du circuit lors de son retour au jeu l'an dernier.

Finchem s'en est évidemment défendu, dimanche matin, lors de la conférence de presse organisée chaque année lors de ce championnat du circuit. «J'étais avec lui, mardi, au champ de pratique et il frappait très bien la balle, a assuré Finchem. Tiger a joué neuf trous mardi et autant mercredi sans aucun ennui... Il était prêt.»

Des journalistes ont pourtant raconté que la demi-ronde d'entraînement de mercredi avait tout l'air d'un chemin de croix, Tiger ratant pratiquement tous ses coups de départ, parfois même plusieurs sur chaque trou. Quoi qu'en dise Finchem, Woods n'était pas prêt. Et même s'il a assuré lundi qu'il souhaitait disputer l'Omnium des États-Unis dans quatre semaines, Tiger risque d'avoir gâché par ce retour hâtif la suite de sa saison.

Cela ne semble pourtant plus inquiéter le commissaire de la PGA. «Depuis que Tiger n'est plus aussi dominant dans la couverture télévisuelle, plusieurs joueurs ont acquis une plus grande notoriété, a expliqué Finchem. C'est évidemment positif pour le circuit.

«Même si Tiger achève ses rondes bien avant la fin des tournois cette année, nos cotes d'écoute sont en hausse pratiquement chaque semaine. Il y a plusieurs explications à cela, mais l'une d'elles est certes que le public s'intéresse à d'autres joueurs et les appuie.

«C'était difficile à réussir depuis 12 ans parce que toute l'attention était sur Tiger Woods. J'ai beaucoup de respect pour Tiger, je veux le voir gagner de nouveau et battre tous les records. Je n'ai d'ailleurs aucune raison de croire qu'il n'y arrivera pas, s'il recouvre la santé.

«Mais c'est bon pour la «santé» à long terme de notre circuit que d'autres joueurs occupent le devant de la scène et nous devons profiter de la situation actuelle comme d'une occasion d'aller de l'avant.»

Des tests antidopage plus sévères?

Le circuit de la PGA a adopté une politique antidopage en 2007 et, jusqu'ici, un seul joueur - Doug Barron - a été suspendu, pour usage de testostérone. Le golfeur, qui présenterait un taux naturel de testostérone largement inférieur à la normale, avait pourtant obtenu une prescription médicale et avait sollicité l'exemption médicale que d'autres joueurs - Shaun Micheel, vainqueur du Championnat de la PGA en 2003, par exemple - avaient déjà obtenue.

La PGA ne lui a accordé cette exemption qu'en septembre 2010, au terme de sa suspension d'un an, et Barron a dû s'engager à ne pas commenter toute l'affaire autrement que dans un communiqué rédigé avec les avocats de la PGA...

Souvent critiquée pour son manque de transparence, la politique antidopage de la PGA prévoit un éventail très large de sanctions dont l'application est laissée à la discrétion du commissaire. Des tests positifs peuvent demeurer impunis et inconnus du public.

Finchem a toutefois prétendu dimanche, en réponse à une question sur les rumeurs de consommation d'hormones de croissance chez les golfeurs, que la PGA prenait très au sérieux son rôle dans la lutte contre le dopage sportif.

«Nous menons actuellement des tests pour des produits dont nous savons très bien qu'ils n'ont aucun effet positif pour les golfeurs, a rappelé Finchem. Nous le faisons afin que notre programme soit crédible au sein du mouvement sportif international, parce que nous croyons qu'il est important aujourd'hui de faire partie du mouvement antidopage.

«Pour l'hormone de croissance, la grande question est la fiabilité des tests, même pour les tests sanguins. Et la deuxième question devient alors, si seuls les tests sanguins sont fiables, voulons-nous aller dans cette direction?

«Nous ne savons pas encore si les hormones de croissance font une différence au golf. Beaucoup d'études sont en cours, aux États-Unis et ailleurs, pour améliorer nos connaissances et nous en saurons davantage dans quelques années. Nous serons peut-être prêts à agir quand le golf va entrer au programme olympique, en 2016. Les joueurs admissibles devront alors se soumettre aux règles en vigueur aux Jeux olympiques, qui seront peut-être différentes des nôtres...»

En 2009, le Wall Street Journal a évalué les programmes antidopage des principales organisations sportives actives aux États-Unis. Le programme de la PGA s'est classé 15e sur 22, tout juste devant celui du baseball majeur, avec une note de 56,6%. Le programme du CIO (2e) a obtenu une note de 93,75%. Finchem a-t-il vraiment idée du rattrapage que devra faire son organisation?