Les Américains ont remporté un seul des six derniers tournois majeurs; les Sud-Africains, eux, ont gagné deux des trois derniers. Charl Schwartzel a été superbe dimanche à Augusta, un peu comme Louis Oosthuizen l'avait été en juillet dernier à St.Andrews.

Sans dire que l'Afrique du Sud est «la» nouvelle puissance du golf mondial, il faut bien reconnaître que ce pays est devenu une formidable machine à produire des champions. Bobby Locke, quatre fois vainqueur de l'Omnium britannique après la Seconde Guerre mondiale, puis Gary Player, neuf fois vainqueur en Grand Chelem et l'un des rares à les avoir tous remportés, ont été les glorieux précurseurs d'une série de champions.

S'il a fallu attendre près de 16 ans entre le dernier titre de Player, en 1978, et le premier d'Ernie Els, en 1994, le nombre de joueurs de talent produits en Afrique du Sud n'a cessé de progresser. Pas moins de sept ont maintenant remporté des tournois majeurs et plusieurs sont encore au sommet de leur forme.

C'est toutefois l'un des doyens, Ernie Els, qui a sans doute le plus contribué, avec Player, à l'essor du golf dans son pays. Lui-même vainqueur de trois tournois majeurs et de 65 tournois sur tous les continents, celui qu'on surnomme «The Big Easy» a imposé son style et un peu de sa classe à tous les joueurs professionnels formés en Afrique du Sud.

«Un travailleur acharné»

Grâce à la Ernie Els and Fancourt Foundation, qu'il a largement financée, plusieurs jeunes joueurs amateurs ont eu la chance de participer à des compétitions à l'étranger. Schwartzel et Oosthuizen sont deux d'entre eux.

«Je connais Charl depuis plusieurs années, expliquait Els, lundi, sur son blogue. Il a toujours été un travailleur acharné et un jeune homme sérieux. Quand nous avons créé la fondation, Charl avait l'habitude de voyager avec notre équipe junior et je n'ai jamais cessé depuis de l'aider du mieux que je pouvais. Il a souvent été mon invité, en Floride, entre les tournois.

«C'est toutefois son père qui l'a aidé à développer son merveilleux élan et c'est à lui que revient le plus grand mérite», a poursuivi Els, qui a justement côtoyé le père de Schwartzel, George, à ses débuts sur le circuit sud-africain. Les deux ont remporté un championnat en duo quand Charl n'avait que deux ans...

M. Schwartzel vit avec sa famille sur une ferme en Afrique du Sud et il était trop nerveux, dimanche, pour suivre les exploits de son fils. «J'ai pris une pilule pour dormir et j'ai tenté d'oublier ça, a-t-il raconté à une agence de presse de son pays. Mais ça n'a pas marché et ma femme m'a empêché de prendre une autre pilule...»

George avait fait la même chose, il y a un peu plus d'un an, quand Charl a réalisé son premier coup d'éclat aux États-Unis. Le jeune golfeur s'était alors retrouvé à égalité en tête avec son mentor Ernie Els en dernière ronde du Championnat WGC. L'aîné ne lui avait laissé aucune chance cette journée-là, s'imposant avec une priorité de quatre coups, mais il n'avait pas raté l'occasion de vanter son compatriote.

«Quand Charl a terminé deuxième derrière moi à Doral l'an dernier, j'ai averti les journalistes qu'ils allaient le voir pendant plusieurs années aux avant-postes des grands tournois, a rappelé Els lundi. Charl m'a vraiment donné raison de belle façon!»

La Ernie Els and Fancourt Foundation est toujours active et plusieurs jeunes joueurs sortent chaque année du Sunshine tour (le circuit professionnel sud-africain) pour tenter leur chance en Europe ou aux États-Unis. Schwartzel n'avait que 18 ans quand il s'est qualifié sur le circuit européen.

On parle beaucoup de la force du golf européen et c'est vrai que la relève y est exceptionnelle, pas seulement au Royaume-Uni. Mais la victoire de Charl Schwartzel a permis de rappeler la place de choix qu'occupe l'Afrique du Sud sur la scène mondiale du golf.