Un dimanche, il y a cinq ans, une jeune amateur de 13 ans a joué dans le dernier groupe d'un tournoi majeur de la LPGA, le Championnat Kraft Nabisco. Elle a terminé neuvième.

Michelle Wie a maintenant 18 ans. Elle est aujourd'hui pro. Il y a deux semaines, elle est retourné sur les allées du parcours Mission Hills. Cette fois, pour participer à la phase préliminaire de qualification pour le circuit de la LPGA.

  Sa quatrième place lui a assuré une invitation à l'étape finale de qualification, du 3 au 7 décembre prochain. Si elle réussit, elle obtiendra pour la première fois sa carte de membre de la LPGA.

Car malgré les apparences, Wie attend encore sa première carte de membre. Sa très jeune carrière, elle l'a un peu vécue en sens contraire. Elle condense un mélange explosif de performances spectaculaires et de décisions regrettables.

Un exemple classique d'enfant prodige. Certains diront que ses parents - aussi ses agents - lui mettent trop de pression. Peut-être. Mais il demeure qu'elle aussi souhaite probablement tout autant dominer le golf.

Ce qui est certain, c'est que Wie a été mal conseillée. Par arrogance ou ignorance, sa famille a multiplié les mauvaises décisions. L'a lancée dans l'arène des médias trop jeune, confrontée à des défis trop grands, et incitée inutilement à froisser beaucoup de gens en peu de temps.

Retour en arrière. Quelques semaines après ses exploits au Championnat Kraft Nabisco en 2003, Wie a gagné le Championnat américain amateur des terrains publics.

L'année suivante, elle a profité de plusieurs exemptions de commanditaires pour participer à d'autres tournois de la LPGA. Pratiquement chaque fois, elle a impressionné.

À l'hiver 2004, elle a même reçu une exemption des commanditaires de l'Omnium Sony, un tournoi de la PGA. L'adolescente est alors devenue la quatrième femme seulement à participer à un tournoi de la PGA. Et elle a raté le couperet par seulement un coup.

Mesurant six pieds, puissante au tertre de départ, elle est devenue la nouvelle coqueluche du golf. On a vu en elle la relève du circuit féminin. La réplique à Tiger Woods.

L'année suivante, Wie est devenue professionnelle. Nike lui a offert un contrat publicitaire faramineux - apparemment de 10 millions. Les attentes étaient immenses. Le magazine Time est allé jusqu'à l'inclure dans son palmarès des 100 personnes qui façonnent le monde.

Pourtant, elle n'avait pas gagné un seul tournoi depuis sa victoire amateur en 2003. Et elle n'en a pas gagné un depuis.

Lentement, son jeu s'est dégradé. Même si l'adolescente ne réussissait pas à battre les meilleures femmes au monde, elle s'est obstinée à se mesurer aux meilleurs hommes. À Tiger Woods, Vijay Singh et compagnie. Rien pour plaire aux femmes pros, insultées que Wie juge leur calibre de jeu pas assez stimulant.

La décision venait de l'équipe Wie, son père et sa mère étant étroitement associés à chacune de ses décisions. Même si son père n'était plus son cadet, il la suivait à chaque tournoi. Compréhensible, certes, pour une mineure. Mais il ne l'a pas empêché de congédier neuf cadets, dont un par téléphone.

Wie a été très exposée aux médias, pour le meilleur et pour le pire. En 2006, selon le Telegraph de Londres, une radio allemande a laissé entendre que les commanditaires de Wie l'avaient incitée à porter des jupes très courtes, afin d'attirer les foules. L'adolescente a finalement changé ses vêtements.

Cette année-là, son entraîneur David Leadbetter lui-même a qualifié de «folie» et de «débâcle» digne du «Titanic» le parcours de la jeune femme.

Puis Wie s'est blessée au poignet. Pendant son absence, certaines joueuses de la LPGA sont allées jusqu'à prétendre que Wie faisait exprès de mal jouer pour se retirer du golf. Sa meilleure performance depuis à un tournoi majeur de la LPGAa été une 84e place.

En décembre, Wie essaiera de se qualifier pour la première fois à la LPGA. Elle tentera de recommencer au début. Depuis quelques semaines, elle essaie de parler aussi peu que possible aux médias. Une bonne idée.