Sergio Garcia n'a jamais été aussi heureux de perdre un emploi.

Deux ans après qu'une léthargie l'eut relégué au poste administratif de vice-capitaine à la Coupe Ryder, Garcia est de retour là où il doit être. Sa victoire au Championnat Wyndham, disputé le mois dernier, lui a procuré une place sur l'équipe européenne pour la sixième fois.

«C'était assurément inspirant de voir des coéquipiers jouer et ne pas être en mesure de faire quelque chose moi-même, a reconnu Garcia, mercredi. Alors ç'a définitivement aidé. J'espère que c'est là l'une des raisons qui font en sorte que je suis ici.»

Peu importe les raisons, les Européens sont aux anges de voir Garcia de retour sur les allées.

Garcia n'a peut-être jamais remporté un tournoi majeur, mais il est peut-être le meilleur joueur de la Coupe Ryder de sa génération. Ses 16 points à ses cinq tournois précédents lui valent le neuvième rang en Europe à ce chapitre. Le golfeur de 32 ans n'a besoin que de neuf points supplémentaires pour rejoindre le meneur Nick Faldo, ce qui semble réalisable étant donné qu'il a remporté au moins trois matchs dans chacune de ses quatre premières sorties.

Il a disputé deux matchs de plus (14-6-4) que les deux golfeurs devants lui, soit Ian Poulter (9-2-0) et Luke Donald (8-2-1). Il n'a jamais perdu en compétitions par quatuors.

«Il est très passionné en ce qui regarde la Coupe Ryder, a affirmé Lee Westwood, le seul Européen qui a plus d'expérience que lui. Il s'implique à fond.»

Il y a deux ans, Garcia s'est plutôt retrouvé dans le fond du baril. Perturbé par sa séparation avec la fille de Greg Norman, son niveau de jeu a décliné. Après avoir remporté le Championnat des joueurs en novembre 2008, il a vécu un passage de deux ans et demi sans terminer parmi les trois premiers d'un tournoi. Il a fallu près de trois ans avant qu'il ne signe une autre victoire, que ce soit dans la PGA ou en Europe. Deuxième au monde en 2009, son classement a glissé jusqu'au 85e échelon.

Il n'est jamais venu près de se qualifier pour la Coupe Ryder de 2010, et il savait que Colin Montgomerie ne pouvait se permettre de gaspiller l'un de ses choix discrétionnaires sur un golfeur qui avait perdu tous ses repères. Il a donc demandé à Montgomerie s'il pouvait faire partie de son personnel, une tâche qui est normalement réservée aux golfeurs en fin de carrière.

«Je crois que ça lui a fait réaliser à quel point c'est important d'être un joueur au sein de l'équipe, a affirmé le capitaine européen actuel, Jose Maria Olazabal. Je me souviens de ce qu'il avait dit au cours d'une conversation que nous avions eue il y a deux ans. Il avait dit, «Si j'avais su, je ne serais pas venu'. En ce sens qu'il voulait jouer.»

Garcia n'a toutefois jamais montré qu'il était malheureux. Garcia montre le même niveau de passion à l'endroit de la Coupe Ryder que Olazabal et Seve Ballesteros, et ce tournoi est l'une des rares occasions où il va laisser paraître l'enthousiasme débridé qui le rendait si charmant quand il était un adolescent. Il a fait de même à titre de vice-capitaine, encourageant tous les joueurs de l'équipe, offrant des conseils aux recrues et relayant des messages à Montgomerie ainsi qu'à ses autres adjoints.

Quand Graeme McDowell a calé un roulé de 15 pieds pour l'oiselet au 16e trou pour ainsi vaincre Hunter Mahan et donner à l'Europe la Coupe Ryder pour la quatrième fois en cinq occasions, Garcia était aussi ivre de joie que s'il avait lui-même réussi le coup vainqueur.

«Nous avons réussi ce que nous voulions réussir cette semaine-là, alors c'était très positif, a-t-il dit. Mais en même temps, j'aime mieux être de ce côté-ci que de l'autre côté.»

Surtout à Medinah, là où a eu lieu son duel spectaculaire avec Tiger Woods à l'occasion du Championnat de la PGA en 1999.