« Il est comme un requin. Et lorsqu’il voit du sang, il attaque ! » C’est ainsi que Jon Rahm a décrit Brooks Koepka, plus tôt dimanche. Cette comparaison s’est avérée, plus tard dans la journée, lorsque l’Américain a soulevé le trophée Wanamaker pour la troisième fois grâce à un pointage cumulatif de -9. Il a aussi offert au circuit LIV, dont il est désormais membre, sa première victoire en Grand Chelem.

Il avait les deux mains sur le volant, ou sur le gouvernail, pour rester dans le domaine nautique, en début de ronde, avec une avance d’un coup sur Viktor Hovland et Corey Conners.

Quatre ans après son dernier titre en tournoi majeur, Koepka a tenu le coup pour l’emporter au Championnat de la PGA, sans trop de surprise.

Ni Hovland ni Conners n’en ont fait suffisamment pour l’inquiéter. Même des revenants comme Scottie Scheffler et Rory McIlroy auront été incapables de le rattraper.

D’entrée de jeu, il a donné le ton avec deux oiselets aux deuxième et troisième trous.

En tournoi majeur, Koepka est le joueur le plus menaçant et imperturbable de sa génération. Il y a quelques semaines, au Tournoi des Maîtres, il avait terminé deuxième.

Cette fois, hors de question pour le golfeur du circuit LIV Golf de passer à côté de la chance d’entrer dans l’histoire. Avec ce gain, il est devenu seulement le 20joueur de l’histoire à gagner au moins cinq titres majeurs.

Koepka s’est une fois de plus démarqué sur un parcours reconnu pour sa complexité. Son dernier titre au Championnat de la PGA avait été acquis au Bethpage State Park, l’un des terrains les plus ardus des États-Unis.

PHOTO ADAM CAIRNS, USA TODAY SPORTS

Brooks Koepka

Reconnu pour sa puissance et sa carrure de quart-arrière, Koepka s’est davantage démarqué par sa précision et son doigté au cours de la semaine.

Même lorsqu’il était dans le pétrin au fameux sixième trou, son seul écart de la ronde, il s’est replacé à quelques pieds de la coupe grâce à un immense coup de fer.

En somme, Koepka a été impérial. Sans tambour ni trompette, il était dans une position enviable, mais surtout dans un contexte favorable pour briller.

Si certains golfeurs sont meilleurs pour jouer en rattrapage et revenir de l’arrière, comme Rory McIlroy, Koepka ne joue jamais si bien que lorsque la pression est à son paroxysme, lorsque la lumière est projetée sur lui et lorsqu’il prend le dernier départ, un dimanche après-midi de tournoi majeur.

Il a été imperturbable, constant et placide. Bref, il a été lui-même.

Cette victoire est d’autant plus significative compte tenu du tumulte des dernières années. Avec ses blessures au genou et son transfert vers le circuit saoudien, le meilleur semblait être derrière lui. La domination de Koepka semblait avoir été une bulle, une phase, dans la glorieuse histoire du golf.

Finalement, n’en doutez guère, le bon vieux Brooks Koepka est de retour. Même s’il polarise, personne ne peut en douter : il est comme un poisson dans l’eau lorsque la victoire est à l’enjeu. Et ce troisième titre au Championnat de la PGA devrait en être une preuve suffisante. Seuls Jack Nicklaus et Tiger Woods ont réussi pareil fait d’armes dans l’ère des championnats par coups.

Michael qui ?

Block. Michael Block.

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Michael Block

Il faut qu’une histoire soit particulièrement intéressante, ou unique, pour éclipser le triomphe d’un joueur en tournoi majeur.

Or, dans quelques années, on se souviendra davantage de l’édition 2023 du Championnat de la PGA comme le tournoi de Michael Block que comme celui de Brooks Koepka.

Il était l’un des 20 professionnels de golf invités à prendre part au tournoi. Instructeur dans un club de la Californie, l’homme de 46 ans avait prévu seulement deux ensembles de vêtements et surtout un billet d’avion de retour pour la date de vendredi.

Toutefois, son jeu l’a propulsé au rang de vedette instantanée. Partout, sur le parcours d’Oak Hill, sur les réseaux de télévision et les médias sociaux, tout le monde n’en avait que pour cet inconnu au charisme débordant.

Sa faculté d’émerveillement ne s’est jamais éteinte.

Il était jumelé à McIlroy pour la ronde finale et il devait essayer de terminer dans le top 15 pour assurer sa participation à la prochaine édition. Il était huitième au départ.

Son début de ronde a été quelque peu épineux, malgré le monstrueux accueil reçu au premier tertre de départ.

Mais ce n’est rien comparativement à la réaction de la foule lorsqu’il a réussi un trou d’un coup au 15e. « Elle n’est pas entrée ? Non, c’est sûr que vous vous moquez de moi. Elle est vraiment entrée ? », n’arrêtait-il pas de répéter pendant que tout le monde lui faisait des accolades. Même son cadet a utilisé son télémètre pour en être certain.

Il a remis une ronde de 71 (+ 1) et sa normale, difficilement obtenue au dernier trou, lui a permis de terminer à égalité au 15rang. Il a même dû calmer la foule pour laisser McIlroy achever son tournoi dans le silence.

Selon les données de la PGA, il avait gagné 38 038 $ en bourses en carrière. Avec cette épopée inattendue, il reçoit la coquette somme de 288 000 $.

Meilleure chance la prochaine fois

Viktor Hovland l’aura, son titre majeur, mais pas tout de suite.

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Viktor Hovland

Il était la principale menace de Koepka. Conners, quant à lui, n’avait ni les nerfs ni l’expérience pour être un réel prétendant.

Hovland, pour sa part, avait cogné à la porte lors de ses deux derniers tournois majeurs.

Cette deuxième place, obtenue en vertu d’un pointage final de - 7, est son meilleur résultat en carrière.

Il avait connu un bon départ, mais son manque de finesse sur les verts lors d’occasions d’oiselet l’aura coulé.

Et, bien entendu, son cafouillage au 16trou. Cette séquence était un copier-coller de la mésaventure de Conners à ce même trou samedi. Positionnée dans la fosse de sable à droite de l’allée après son coup de départ, sa deuxième frappe est restée au niveau du sol et s’est arrêtée directement dans la lèvre de la fosse. Il a perdu un coup et, ultimement, ses chances de rejoindre Koepka.

Scottie Scheffler s’est aussi invité à la fête avec une ronde finale de 65 (- 5), pour grimper à égalité au deuxième rang. Sa ronde de 73 (+ 3), samedi, aura été extrêmement pénalisante.

Pour sa part, Conners a glissé très tôt. Il a ramené une ronde de 75 (+ 5) pour finir au 12rang.