Personne. Personne n’aurait pu miser sur une victoire de Justin Thomas au Championnat de la PGA dimanche matin. Pourtant, l’Américain est revenu de l’arrière par sept coups pour vaincre Will Zalatoris en prolongation et mettre la main sur son deuxième titre en tournoi majeur.

Chose rare, le Championnat de la PGA s’est décidé en prolongation. Une première depuis 2011. Une prolongation de trois trous, aux 13e, 17e et 18e. C’est là que le tournoi s’est joué. Plus rien des 72 trous précédents n’avait d’importance. Justin Thomas et Will Zalatoris. Le maître contre l’élève. Un ancien champion du tournoi contre un jeune Texan n’ayant aucun titre à sa fiche.

Au 13e, une normale cinq de 541 verges, le trou le plus facile de la journée, les deux joueurs s’en sont tirés avec un oiselet. Thomas a envoyé son coup de départ dans l’herbe longue, à droite, mais sans trop de difficulté, il s’est sorti du pétrin. Ensuite, avec son cocheur d’allée, avec lequel il a toujours eu beaucoup de succès, il a mis sa balle à proximité du trou.

Pour sa part, Zalatoris a réalisé un coup de départ parfait, un coup d’approche précis et il a eu besoin de deux roulés.

Thomas a pris les devants au 17trou grâce à un coup de départ qui a atterri directement sur le vert. Un coup qu’il a qualifié de « merveilleux » après la partie. Son long roulé pour l’aigle est arrivé à court, mais il a réussi l’oiselet.

Sur cette même normale quatre de 302 verges, Zalatoris a poussé sa balle sur la droite, à la limite de l’herbe longue. Après une approche réussie, il a envoyé son coup roulé, sur courte distance, trop sur la gauche, comme ç’a été trop souvent le cas au cours du week-end.

Au dernier trou de prolongation, une normale quatre de 490 verges, le trou le plus dur du terrain, Zalatoris a effectué un très bon coup de départ, au centre de l’allée. Sauf qu’il a mis trop d’effet rétro, et sa balle a dégringolé au-devant du vert. Il fallait un miracle pour caler le roulé, mais en vain.

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Will Zalatoris

« Je peux le faire [gagner un tournoi majeur]. Je suis proche. Je n’ai pas bien joué hier. J’ai bataillé fort aujourd’hui. Je suis proche et je suis super motivé. Je vais en avoir un bientôt », a souligné Zalatoris, qui compte maintenant cinq top 10 à ses huit premiers tournois majeurs.

Thomas a propulsé sa balle loin sur la droite, presque dans le ruisseau. En sûreté et en plein contrôle, son coup d’approche a été étincelant, sur la gauche du vert. Il avait un coup d’avance, donc il pouvait se permettre deux roulés. Ce qu’il a fait pour mettre la main sur son deuxième titre majeur. Il a enlacé son cadet. Sa femme et ses parents sont venus le rejoindre sur le vert du 18trou. La foule s’est mise à scander « JT ! JT ! JT ! ». Une victoire extrêmement populaire que celle de Justin Thomas. Il remporte donc pour la deuxième fois le Championnat de la PGA après son triomphe de 2017.

Une victoire insoupçonnée

Même s’il avait bien joué jeudi et vendredi avec des rondes de 67 (- 3), on croyait que le golfeur de 29 ans avait bousillé toutes ses chances, samedi, avec une ronde difficile de 74 (+ 4).

Les observateurs parlaient même d’un baptême du feu, parce que les meneurs et les plus sérieux prétendants étaient tous de jeunes joueurs en quête de leur premier titre sur le circuit de la PGA.

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Justin Thomas

Finalement, ni Pereira, Zalatoris, Young ou Ancer n’ont eu ce qu’il fallait pour gagner un tournoi majeur.

Avec un retard de sept coups en début de journée, Thomas a épaté la galerie avec une concentration de fer et une régularité déconcertante. Il a connu un départ en dents de scie en rendant un pointage égal à la normale au premier neuf.

C’est sur le neuf de retour que la machine s’est mise en marche avec trois oiselets, dont un d’une importance capitale au 17e, qui lui a permis d’accéder à la prolongation, à - 5.

« Je ne sais pas, c’était une journée bizarre. On a essayé de bien jouer malgré le terrain. Aucune avance n’est assurée. Je ne peux pas croire que je me suis rendu en prolongation », a-t-il expliqué lors de la remise du trophée. Il venait tout juste de combler le troisième plus grand déficit de l’histoire en tournoi majeur.

La débandade de Mito Pereira

Thomas a certainement gagné le tournoi, mais il ne serait pas faux non plus d’avancer que Mito Pereira a perdu le tournoi. En avance par trois coups au début de la ronde finale, Pereira avait le beau jeu. D’autant qu’il était poursuivi par des joueurs qui, comme lui, n’avaient aucune victoire sur le circuit de la PGA.

« C’est dur de finir comme ça. Je n’ai pas super bien joué aujourd’hui. J’aurais dû en faire un peu plus pour gagner. [...] Ça va me permettre d’apprendre pour l’avenir », a-t-il dit après sa partie.

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Mito Pereira

Le Chilien a entamé sa ronde de manière prudente et il a été rapidement rattrapé par ses poursuivants. Il a repris la tête au cinquième trou et il a sauvé les meubles au neuvième après un passage dans la forêt, dans la fosse de sable, pour finalement enfiler l’aiguille grâce à un long roulé courbé.

Pereira est souvent parvenu à se sortir du pétrin. Ça lui aura permis de survivre quelques trous, mais c’est aussi ce qui lui aura coûté le tournoi.

Après des coups erratiques à l’extérieur des allées ou derrière le vert, il est souvent revenu avec un coup brillant, mais il a trop souvent joué sur le fil, et le funambule a fini par tomber.

Il avait cinq bogueys avant d’arriver au 18e. Au dernier trou, il avait raté l’oiselet par un pouce ; sa balle Titleist a refusé de tomber dans la coupe. Il avait quand même un coup de priorité sur Thomas et Zalatoris. Il a toutefois décidé de jouer de manière audacieuse, et ç’aura été fatal. Il a envoyé son coup de départ complètement à droite, dans le petit ruisseau en bordure de l’allée. Il avait tenté de couper son élan pour garder sa balle basse.

« Je ne pensais pas à l’eau. C’est bizarre que ma balle se soit retrouvée là. Il y avait tellement de pression que peut-être que je n’ai pas contrôlé ou ressenti tout ce que je faisais. »

Il n’a pas réussi à jouer la normale, il a raté ses deux coups d’approche et a terminé le tournoi avec un double boguey et une carte de - 4.