Il existe deux Jordan Spieth. Le jeune prodige qui a gagné deux titres majeurs l’année de ses 21 ans. Puis celui qui a déjà perdu une avance de cinq coups sur le neuf de retour, un dimanche, à l’Augusta National.

C’était le 4 avril 2021. Sous le chaud soleil de San Antonio, au Texas, l’État natal de Spieth. Cette journée-là, il portait un polo gris, mais il affichait surtout un sourire qui en disait long. Long de soulagement. Au 18trou de l’Omnium Valero du Texas, il a calé un court roulé, d’environ un pied, pour la normale, mais surtout, pour la victoire. Dans le cas de Spieth, ça n’avait rien de normal.

Il n’avait pas gagné à ses 82 précédents tournois. Sa dernière victoire remontait à juillet 2017, lorsqu’il avait remporté l’Omnium britannique.

Les choses se sont replacées peu à peu par la suite pour l’Américain. Il a joué avec plus de confiance et plus de constance. Il a amélioré son élan en y changeant quelques éléments et il a retrouvé la touche sur les verts. Depuis un an, Spieth ressemble au jeune homme qu’on prédestinait à devenir l’un des plus grands de son sport.

Il pourrait le devenir, au cours du week-end, en remportant le Championnat de la PGA. Ainsi, il pourrait gagner le seul tournoi majeur qui manque à sa fiche et passer à l’histoire en devenant seulement le sixième golfeur de tous les temps à réussir le Grand Chelem, c’est-à-dire à remporter au moins une fois tous les tournois majeurs. Gene Sarazen, Gary Player, Ben Hogan, Tiger Woods et Jack Nicklaus sont les seuls à avoir réussi l’exploit. Spieth pourrait donc ajouter son nom à cette liste prestigieuse.

Cela dépendra toutefois du Spieth qui se présentera au Southern Hill Country Club de Tulsa, en Oklahoma.

Il pourrait s’agir du Spieth qui a dû attendre 1351 jours avant de goûter de nouveau à la victoire. Qui a eu besoin de 7 coups pour conclure le 12trou, une normale 3, lors de la ronde finale du Tournoi des Maîtres en 2016. Qui a de la difficulté à réussir des roulés de routine de quelques pouces. Qui a ouvertement mis le blâme de sa mauvaise performance à l’Omnium des États-Unis en 2019 sur le dos de son cadet Michael Greller.

Ou bien nous pourrions voir le Spieth qui joue aujourd’hui comme le huitième golfeur au classement mondial. Qui avait déjà gagné trois titres majeurs à l’âge de 22 ans. Qui est capable de lire et de caler un roulé de plus de dix pieds comme peu de joueurs en ont été capables depuis les débuts du golf. Qui a retrouvé sa précision d’antan et qui réussit à éviter les pièges. Qui est devenu papa. Qui a gagné le tournoi Heritage RBC il y a un mois, le jour de Pâques. Qui a terminé deuxième, par un coup, la semaine dernière, au tournoi AT&T Byron Nelson.

Assistera-t-on à la résurrection de Jordan Spieth ?

Depuis environ un an et demi, c’est l’impression que ça donne. Il est sur une bonne séquence. Il a recommencé à être dangereux dans les tournois les plus importants. Puis, le terrain où sera disputé le Championnat de la PGA se mariera très bien à son jeu. Il a affirmé il y a quelques jours que les verts ressemblaient énormément à ceux du Colonial Country Club, où il a gagné en 2016.

D’ailleurs, le type de gazon bentgrass, utilisé à Southern Hills, est parfait pour lui, en raison de son effet sur la balle et de la lecture qui est plus simple à faire et qui favorise les golfeurs habiles sur les longs roulés.

Le terrain offre une normale de 70 et se joue sur 7365 verges. Il est classé parmi les 100 meilleurs terrains au monde et il a accueilli le tournoi à quatre reprises, en 1970, 1982, 1994 et 2007.

Tiger Woods veut gagner

Il est encore difficile de croire que Tiger Woods ait pu participer au Tournoi des Maîtres il y a un mois. Et pourtant, 14 mois après un accident de voiture qui a failli lui coûter la vie, il a fait la coupure et a terminé 47e.

Un peu plus d’un mois plus tard, Woods s’apprête à disputer son deuxième tournoi de la saison.

PHOTO MICHAEL MADRID, USA TODAY SPORTS

Tiger Woods

Il s’agit un peu d’un retour aux sources pour le golfeur de 46 ans, puisqu’il a remporté en 2007 le dernier Championnat de la PGA présenté à Southern Hills. Il avait gagné par une priorité de deux coups sur Woody Austin.

Woods est arrivé à Tulsa depuis plusieurs jours maintenant. Bien avant les autres joueurs. Il a profité d’une seule journée de congé, lundi. La veille, il avait joué un neuf d’entraînement.

Je me sens beaucoup plus fort qu’au Tournoi des Maîtres.

Tiger Woods

L’Américain a aussi précisé que s’il jouait, c’est parce qu’il pense pouvoir gagner. Il s’agirait alors de son 5e titre au Championnat de la PGA, de sa 16e victoire en tournoi majeur et de son 83e triomphe sur le circuit de la PGA.

Il affirme pouvoir bien frapper les balles, mais que la plus grande difficulté demeure de marcher. Son corps a beau être en meilleure condition, il n’en demeure pas moins qu’il y a 15 mois à peine, des médecins pensaient devoir l’amputer d’une jambe.

Il travaille plus fort chaque jour dans l’optique de prouver que le Tigre peut redevenir le roi de la jungle.

Les prétendants

Les valeurs sûres

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Scottie Scheffler

Scottie Scheffler : Il est au premier rang mondial. Il a gagné quatre des huit derniers tournois auxquels il a participé. Il est le champion en titre du Tournoi des Maîtres. Scottie Scheffler est déjà le joueur de l’année sur le circuit de la PGA et rien n’indique qu’il va ralentir. Il sera parmi les derniers joueurs à prendre le départ tard dimanche.

Jon Rahm : L’Espagnol n’a jamais eu un succès retentissant au Championnat de la PGA. Toutefois, le parcours de Southern Hills, qui favorise le roulement et le mouvement de la balle, pourrait profiter au deuxième joueur mondial. Il a gagné le dernier tournoi auquel il a participé, au Mexique, et il est arrivé en Oklahoma bourré de confiance.

En hausse

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Rory McIlroy

Rory McIlroy : Si les golfeurs ne jouaient pas le samedi, McIlroy serait probablement le joueur le plus titré de l’histoire. Le nombre de titres qu’il a échappés en raison d’une mauvaise ronde en ouverture de week-end est impressionnant. Il a terminé deuxième au Tournoi des Maîtres il y a un mois et s’il peut ramener cette même énergie, il sera dangereux.

Joaquin Niemann : Niemann a connu une progression fulgurante cette saison. Vainqueur de l’Invitation Genenis en février, le Chilien de 23 ans prend de plus en plus d’aplomb. Il l’a prouvé au tournoi AT&T Byron Nelson avec un jeu si complet qu’il doit être considéré parmi les prétendants pour le deuxième majeur de la saison.

En baisse

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Brooks Koepka

Brooks Koepka : C’est difficile pour Brooks Koepka. Autant il peut avoir du succès et faire sa place dans un top 10, autant il peut échapper un coup d’approche ou un court roulé en apparence relativement simple. Il n’a pas résisté à la coupure dans la moitié des tournois auxquels il a pris part cette année, mais Mister Major nous a prouvé qu’il ne fallait jamais le sous-estimer dans les évènements importants.

Dustin Johnson : Celui qui dominait le monde du golf il y a deux ans n’est plus l’ombre de lui-même. L’Américain semble avoir perdu la touche spéciale qui le plaçait au-dessus de la mêlée. Il n’a pas été épargné par les blessures, mais lorsqu’il a joué, ça n’a pas été très convaincant. Il n’a réalisé que deux top 10 cette saison.