Il y a deux semaines, Jon Rahm a dû se retirer du tournoi Memorial, alors qu’il avait une priorité de six coups, après avoir reçu un test positif à la COVID-19. Dimanche, la providence a offert une formidable compensation à l’Espagnol quand il a remporté l’Omnium des États-Unis, le premier grand titre de sa carrière, sur le parcours de Torrey Pines, à San Diego.

Le deuxième joueur mondial a disputé une ronde finale de 67, avec notamment deux oiselets sur les deux derniers trous, pour enlever son premier titre majeur. Avec un cumulatif de 278 (- 6), il a devancé le Sud-Africain Louis Oosthuizen (- 5), les Américains Harris English (- 3), Brooks Koepka et Collin Morikawa (- 2) et le jeune Italien Guido Migliozzi. De quoi oublier les quelque 1,3 million US perdus au Memorial…

Rejoint sur le vert du 18e trou par sa femme, Kelley, et leur fils, Kepa, âgé de quelques semaines, Rahm n’a pas hésité à célébrer sa performance, même si Oosthuizen et d’autres joueurs n’avaient pas encore terminé leur ronde.

« C’est fou, mais je crois en mon karma et, après ce qui m’est arrivé au tournoi Memorial, je suis resté positif en pensant que de bonnes choses allaient finir par m’arriver, a confié Rahm en entrevue. C’est la victoire de l’esprit positif. C’est une année difficile pour tout le monde, nous avons tous été confrontés à des choses difficiles avec la COVID-19, plusieurs d’entre nous ont perdu des personnes chères, mais j’ai été chanceux, car ma famille a été épargnée et mes proches sont à mes côtés aujourd’hui.

« La fête des Pères est célébrée un autre jour dans mon pays, mais je vais obliger mon père à la fêter aujourd’hui et nous allons la fêter d’autant plus dignement que nous avons trois générations de Rahm ici ! Cette région m’a toujours été favorable, j’ai toujours bien joué ici à Torrey Pines, c’est ici que j’ai remporté mon premier tournoi aux États-Unis et c’est ici que j’ai demandé ma femme en mariage. »

Ça ressemble un peu à l’Espagne, je reconnais l’environnement, j’y suis à l’aise, un peu comme chez moi. C’est quand même incroyable de penser que je suis le premier Espagnol à remporter ce tournoi, avec tous les grands joueurs de mon pays qui ont brillé dans ce sport et qui continuent de m’inspirer aujourd’hui.

Jon Rahm

« J’étais vraiment confiant aujourd’hui, et c’est dur à expliquer, car j’ai dû réussir des coups roulés difficiles à la fin pour prendre l’avantage, a ajouté le golfeur. On dit souvent qu’il faut simplement s’accrocher en ronde finale de l’Omnium et laisser les autres commettre des erreurs, mais ça ne se produisait pas. Après avoir raté deux coups roulés aux 13e et 14trous, j’ai dit à Adam [son cadet] que je devais réussir deux trois et deux quatre. Et je l’ai fait. Je savais que de bonnes choses s’en venaient ! »

PHOTO GREGORY BULL, ASSOCIATED PRESS

Jon Rahm au 18e trou

Obligé de s’isoler dans sa résidence de l’Arizona, à l’écart de sa femme, de leur fils et de ses parents en visite, Rahm a pu reprendre l’entraînement après deux tests négatifs le week-end dernier. Et le karma était avec lui cette semaine !

Des chances ratées pour Oosthuizen, Hughes et plusieurs autres

Rahm a devancé d’un coup le Sud-Africain Louis Oosthuizen, qui semblait pourtant en bonne position pour l’emporter jusqu’à ce que l’Espagnol termine sa ronde en force. Le Sud-Africain, qui tentait de devenir le quatrième joueur de son pays à remporter le tournoi après Gary Player, Ernie Els et Retief Goosen, a plutôt récolté une sixième deuxième place en tournoi majeur.

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Louis Oosthuizen a terminé le tournoi avec un cumulatif de 279.

Oosthuizen s’est contenté d’une ronde finale de 71, la normale, et il a perdu ses dernières chances au 17e trou en commettant un boguey après un coup de départ erratique.

Le Canadien Mackenzie Hughes, qui avait amorcé la ronde finale à égalité au premier rang, à - 5, a connu une journée difficile avec une ronde de 77 qui l’a relégué à égalité au 15e rang, à + 1. L’Ontarien a été victime d’une incroyable malchance au 11e trou quand sa balle est restée prisonnière d’un arbre près du vert. Écopant d’une pénalité peu méritée, Hughes a commis un double boguey et il a encore commis trois autres bogueys sur le neuf de retour.

Bryson DeChambeau, champion en titre, a fait illusion pendant 10 trous, le temps de rejoindre Oosthuizen en tête et même de prendre l’avantage, au huitième trou, une normale 3 de 175 verges, quand il a presque réussi un trou d’un coup, la balle s’arrêtant à tout juste un pouce de la coupe.

Mais l’Amércain a été rattrapé par son jeu à haut risque. Deux bogueys, un double boguey, un triple boguey et un cumulatif de 44 sur le neuf de retour l’ont relégué à + 3 et au 26e rang.

« Il faut être patient sur un parcours comme Torrey Pines. J’ai réussi à me faufiler entre les difficultés du parcours pendant trois rondes et demie en frappant au-delà des pièges et en évitant les ennuis, a raconté DeChambeau en point de presse. Mais j’ai oublié ma patience sur le neuf de retour et ça ne pardonne pas dans un tournoi comme l’Omnium des États-Unis. »

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Bryson DeChambeau préparant son coup sur le vert du 5e trou

DeChambeau a finalement totalisé 44 coups sur le neuf de retour et son cumulatif de 287 (+ 3) l’a relégué au 26e rang, loin de son « rival » Brooks Koepka, dont la remontée s’est essoufflée sur le neuf de retour, mais qui a ajouté une autre top 5 à son remarquable palmarès en tournoi majeur.

Moins convaincant, l’Irlandais du Nord Rory McIlroy a été l’un des nombreux golfeurs qui se sont approchés à un coup de la tête, mais lui aussi a ralenti sur le neuf de retour avec un double boguey et deux bogueys. Il s’est finalement contenté d’une égalité en septième place, à - 1, avec cinq autres golfeurs.

PHOTO MICHAEL MADRID, USA TODAY SPORTS

Phil Mickelson, lors de la journée de samedi sur le circuit de Torrey Pines

Mickelson devra patienter

Ce n’est pas encore cette année que Phil Mickelson va réaliser son rêve de remporter l’Omnium des États-Unis. Le joueur de 51 ans, qui s’était qualifié pour les rondes du week-end avec une bonne ronde de 69, vendredi, a connu un week-end difficile avec des rondes de 76 et 75. Il s’est donc contenté de la 62e place, à 295 (+ 11), et devra patienter encore 12 mois avant de tenter sa chance au Country Club de Brookline, au Massachusetts. Depuis sa sixième deuxième place, à Merion en 2013, Mickelson n’a jamais joué sous la normale au cumulatif dans un Omnium. Sa récente victoire au Championnat de la PGA lui permet d’être exempté jusqu’en 2025, mais c’est difficile de ne pas penser que chaque année qui passe l’éloigne un peu plus de son rêve.