(Kiawah Island) Phil Mickelson est doté d’une imagination que peu d’autres golfeurs possèdent et peut compter sur des habiletés qui lui permettent d’envisager des coups que personne d’autre ne peut voir.

Une année, au Championnat des joueurs, il se trouvait dans une fosse de sable, bloqué par des arbres, avec aucun accès droit devant sauf en les contournant. Sans aviser son cadet de ses intentions, pour éviter qu’on le persuade de ne pas aller de l’avant, il a sorti son fer-7 et fait passer sa balle dans un tout petit espace. Celle-ci s’est arrêtée sur le vert et il a éventuellement gagné le tournoi.

La confiance en soi n’a jamais été un problème. C’est la raison pour laquelle Mickelson, même à l’âge de 50 ans, a toujours cru qu’il pouvait gagner un autre tournoi majeur.

Ce moment s’est concrétisé dimanche à Kiawah Island avec un triomphe au Championnat de la PGA qui en a fait le golfeur le plus âgé à gagner l’un des quatre tournois les plus prestigieux de son sport.

Malgré cela, la vision d’accomplir ce que personne d’autre n’avait réalisé en 161 ans de tournois majeurs s’embuait.

« Jusqu’au moment où j’ai réussi, a reconnu Mickelson, il y a eu beaucoup de doutes. »

Peu importe qu’il se fût passé deux ans depuis sa dernière victoire sur le circuit de la PGA, huit ans depuis son dernier triomphe à un tournoi du Grand Chelem, neuf mois depuis qu’il avait pris part à une ronde finale, sur le circuit, qui avait de l’importance. L’aspect physique n’était pas une source de soucis. C’était davantage le côté mental, ce qui l’inquiétait profondément.

Il y a trois semaines, Mickelson a parlé d’erreurs mentales pendant une ronde qui menaient à de coûteux bogueys et qui l’empêchaient de se trouver au plus fort de la lutte lors d’un tournoi ou même de se qualifier pour les deux dernières rondes du week-end.

« Je n’ai pas une très bonne solution en ce moment », a-t-il lancé, après avoir raté le seuil de qualification au Championnat Valspar. « Mais je travaille là-dessus. »

Il a trouvé la réponse.

Quelques-uns des coups qu’il a frappés dimanche étaient savoureux, que ce soit le coup d’approche de derrière le vert du deuxième trou qui a mené à un oiselet, ou son coup de fer-7 dans un vent frontal au 10e trou qui l’a aidé à inscrire un autre oiselet et à se bâtir un coussin de quatre coups.

Dans tout ça, Mickelson a gardé son esprit centré sur son jeu. Il marchait lentement. À l’exception de quelques moments d’égarement, à prévoir dans des conditions aussi difficiles que celles qu’a offertes Kiawah, il n’a pas effectué un seul coup avant d’avoir une image claire de ce à quoi le coup en question devrait ressembler.

« C’est excitant parce que j’ai réussi quelques avancées dans mes efforts pour demeurer plus présent, plus concentré. Et physiquement, je frappe la balle et je joue mieux que jamais, mais je n’ai pas été capable de voir cette image claire », a-t-il expliqué.

Avant d’aborder le Championnat de la PGA, Mickelson avait raconté qu’il cherchait à allonger non pas la distance de ses coups de départ, mais la durée de ses moments de concentration.

« Je peux essayer de jouer 36, 45 trous lors d’une même journée et tenter de me concentrer sur chaque coup, de façon à ce que lorsque je dispute une ronde de 18 trous, ça ne semble pas si exigeant », a-t-il raconté.

« Je pourrai allonger le temps que je consacre à la méditation, mais j’essaie d’utiliser mon esprit comme un muscle et simplement l’étirer. Parce qu’en vieillissant, c’est devenu plus difficile de maintenir une concentration aiguisée, une bonne visualisation et voir le coup.

« Physiquement, j’ai le sentiment que je suis capable de performer et de réussir les coups que j’ai réussis tout au long de ma carrière, avec autant de succès qu’avant. Mais je dois avoir cette image claire et cette concentration. »

Mickelson doit participer au tournoi Colonial, le week-end prochain. L’Omnium des États-Unis – le seul tournoi majeur qui lui manque pour compléter le Grand Chelem en carrière – aura lieu dans un mois.

À l’origine, Mickelson avait dû accepter une invitation spéciale pour y participer. Désormais, il pourra y jouer jusqu’en 2025, à moins qu’il ne gagne un autre tournoi du Grand Chelem.

Faudrait-il s’étonner qu’il en ajoute un autre à son palmarès, compte tenu de son inlassable désir ?

« Je pense que les meilleurs joueurs au monde ont tous ça », a déclaré son frère Tim, qui était son cadet au cours du week-end.

« Phil porte ça en lui depuis 35 ans. Il raffole du golf. Lorsqu’il est à la maison, il continue de jouer presque tous les jours. Avec lui, ça n’arrête jamais. »