Saviez-vous que les verts du parcours Augusta National sont munis d’un « aspirateur » souterrain qui permet de contrôler parfaitement l’humidité du sol et la fermeté de sa surface ?

Ce n’est pas vraiment un secret et plusieurs autres parcours disposent de ce même système « SubAir », mais il permet de comprendre pourquoi ces verts sont habituellement de plus en plus fermes et rapides à mesure qu’on avance dans le Tournoi des Maîtres. L’année dernière, en raison du report du tournoi en novembre, les préposés au terrain avaient dû travailler dans des conditions inhabituelles et les verts étaient moins extrêmes, plus lents et plus réceptifs.

Dustin Johnson en a profité pour remporter le tournoi avec une marque record de 268 (- 20). Pour la deuxième année de suite, l’ensemble des participants a joué sous la normale, en moyenne, lors des deux premières rondes. Cela ne s’était pas produit depuis 1992 !

Ce serait étonnant que cela se répète cette année, même si le retour des spectateurs, en nombre limité, va aider les joueurs.

PHOTO MIKE SEGAR, REUTERS

Les verts sont habituellement de plus en plus fermes et rapides à mesure qu’on avance dans le Tournoi des Maîtres.

Avec le retour du tournoi à sa date habituelle, au début du printemps, les organisateurs ont retrouvé tous leurs moyens et c’est un parcours beaucoup plus exigeant que les golfeurs ont dû apprivoiser au cours des derniers jours.

Johnson, qui avait quand même offert une performance exceptionnelle en s’imposant par la marge de cinq coups, a vite noté la différence. En point de presse cette semaine, il a expliqué : « Avec un tel parcours ferme et rapide, il faut assurément être plus prudent et bien réfléchir à l’endroit où on veut frapper. La balle bondit davantage et pas toujours où l’on veut. »

C’est le même parcours, les coups à frapper sont les mêmes, mais la zone que l’on doit atteindre est plus ou moins petite selon l’endroit où l’on est et le bâton qu’on doit utiliser.

Dustin Johnson

L’année dernière, la clé du succès de Johnson avait été sa précision et il avait notamment atteint 15 verts par ronde en coups réglementaires. S’il fait aussi bien cette année, il sera bien placé pour défendre son veston vert.

Quand on regarde les vainqueurs des dernières années, on constate d’ailleurs que la recette du succès est assez simple à Augusta. Il faut rester dans l’allée, tirer profit des trous à normale cinq, éviter les erreurs sur les trous à normale trois — le 12e en particulier — et… survivre sur les verts. L’année dernière, ce dernier facteur avait été retiré de l’équation.

Des verts décisifs ?

Avec trois victoires à Augusta, Phil Mickelson est le joueur le plus titré du peloton. À 50 ans, le gaucher est le premier à reconnaître qu’il n’est probablement plus vraiment dans le coup.

Son expérience, sa connaissance du terrain et sa capacité d’improvisation peuvent lui permettre de s’accrocher, mais il sait qu’il devra faire mieux sur les verts, son talon d’Achille depuis quelques années. Et Mickelson sait que c’est justement là, sur les verts, que devrait se jouer le 85e Tournoi des Maîtres.

« Quand on regarde un parcours comme celui d’Augusta, on constate que les verts sont ses seules véritables défenses. Il n’y a pas l’herbe longue ou les allées étroites d’un Omnium des États-Unis, la météo d’un Omnium britannique ; ici, il n’y a que les verts, a-t-il souligné, cette semaine, en point de presse. Ils exigent une telle précision, une étude approfondie des différentes zones, des angles, des pentes, sans oublier la vitesse qui change tous les jours.

« Quand les verts sont réceptifs comme ils l’étaient l’an dernier, ça n’a plus la même importance et le parcours est sans défense. Mais quand ils sont fermes et rapides, tout devient plus compliqué et c’est souvent impossible d’y aller pour le fanion parce que les risques sont trop élevés.

« Préparer ces verts pour le tournoi n’est pas facile, a continué Mickelson. Il faut trouver la limite, sans la dépasser, où les meilleurs joueurs peuvent se démarquer. »

Quand les verts sont bien préparés, et je crois qu’ils le seront cette semaine, ce parcours exige beaucoup de respect de la part des joueurs, beaucoup plus qu’il en a eu au cours des 10 dernières années.

Phil Mickelson

Dans son point de presse précédant le tournoi, le président du club Augusta National, Fred Ridley, a convenu que « le parcours est ferme et rapide, pas seulement les verts, les allées aussi ».

« C’est probablement la première année depuis qu’Adam Scott a gagné, en 2013, que nous arrivons à la semaine du tournoi avec un parcours aussi bien préparé qu’il l’est actuellement. »

On prévoit des orages vendredi et samedi, mais il suffira d’allumer les aspirateurs !

> Consultez les heures de départ (en anglais)

Cinq favoris…

PHOTO CHARLIE RIEDEL, ASSOCIATED PRESS

Dustin Johnson

1. Dustin Johnson, Américain, 36 ans, 1er mondial
Le champion en titre, deuxième en 2019 et toujours dans le top 10 depuis 2015, a une série de 11 rondes consécutives sous la normale à Augusta. Vainqueur avec une marque record de -20 en novembre dernier, il aura de la difficulté à faire aussi bien, mais personne ne le fera.

2. Justin Thomas, Américain, 27 ans, 2e mondial
À sa sixième participation, il est en progrès constant à Augusta et plusieurs croient qu’il fera mieux que sa quatrième place l’automne dernier. Impressionnant dans la victoire au Championnat des joueurs, il est parmi les meneurs des statistiques pour les coups roulés cette saison sur le circuit.

3. Jordan Spieth, Américain, 27 ans, 38e mondial
Champion à Augusta à 21 ans, Spieth a connu une longue série sans titre au cours des dernières années, mais il vaut mieux que son classement actuel. Sa victoire à San Antonio dimanche dernier lui a procuré la dose de confiance qui va l’aider à retrouver ses marques en tournoi majeur.

4. Jon Rahm, Espagnol, 26 ans, 3e mondial
Très constant, toujours dans le coup à Augusta, l’Espagnol possède tous les atouts pour briller sur un tel parcours avec un mélange de puissance, de précision et d’aisance sur les verts. Septième en novembre dernier, il est devenu père tout récemment et pourra peut-être mieux gérer ses émotions sur les terrains.

5. Patrick Reed, Américain, 30 ans, 7e mondial
Il ne remportera sans doute jamais un concours de popularité, mais Reed est un redoutable compétiteur, tout particulièrement à Augusta. Champion en 2018, encore 10e en novembre dernier, il aura comme atout cette année son habileté sur les verts, alors que les conditions de jeu s’annoncent plus difficiles.

… et cinq autres joueurs à considérer

PHOTO JOHN RAOUX, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Cameron Smith

Cameron Smith, Australien, 27 ans, 30e mondial
Étonnant deuxième en novembre dernier, l’Australien avait surtout retenu l’attention en raison de sa coupe de cheveux de style « Longueuil » ! Il n’est pourtant pas sans avoir un très beau palmarès avec une victoire sur le circuit de la PGA. Déjà cinquième à Augusta en 2018, il pourrait surprendre de nouveau.

Sungjae Im, Coréen, 23 ans, 19e mondial
Révélation du dernier Tournoi des Maîtres, le jeune Coréen n’avait pourtant aucune attente en arrivant à Augusta, même s’il avait été la recrue de la saison précédente sur le circuit de la PGA. La situation est différente cette année, mais Im a montré qu’il est maintenant un joueur établi.

Lee Westwood, Anglais, 47 ans, 20e mondial
À sa 20e participation, le Britannique ne semble pas ralentir. Deuxième en 2010 et 2016, six fois dans le top 10, il a excellé la saison dernière sur le circuit européen et a signé deux résultats consécutifs de deuxième place récemment, au Championnat des joueurs et à l’invitation Arnold Palmer.

Victor Perez, Français, 27 ans, 29e mondial
Un seul Français, Arnaud Massy, a remporté un tournoi majeur et c’était en… 1907 en Grande-Bretagne. À 27 ans, Victor Perez rêve de l’imiter. Neuvième au Championnat des joueurs, quatrième au championnat WGC-Match Play, le joueur de 6 pi 6 po avait pris la 46e place en novembre pour ses débuts à Augusta.

Bryson DeChambeau, Américain, 27 ans, 5e mondial
Il aurait pu être parmi les cinq favoris, mais DeChambeau est peut-être encore un peu trop téméraire pour dompter un parcours comme celui d’Augusta. L’automne dernier, il avait relativement bien fait sur les tertres de départ et sur les verts, mais ses coups d’approche l’avaient souvent trahi.

Un Canadien pour imiter Mike Weir ?

PHOTO JONATHAN ERNST, REUTERS

Corey Conners

Il y a plusieurs années qu’un Canadien a amorcé le Tournoi des Maîtres avec une meilleure cote que Corey Conners. Le joueur de 29 ans est actuellement 43e mondial et il fait très bien sur le circuit de la PGA. Dixième l’automne dernier à Augusta, après avoir été 46e l’année précédente pour ses débuts, l’Ontarien possède les atouts pour espérer imiter Mike Weir, champion du tournoi en 2003. Le vétéran de 50 ans sera d’ailleurs du peloton et tentera de faire aussi bien que l’an dernier, quand il s’était qualifié pour les rondes du week-end. Un troisième Canadien, Mackenzie Hughes, en sera quant à lui à sa deuxième participation.

Koepka peut-il défendre ses chances ?

Normalement, Brooks Koepka serait l’un des favoris cette semaine, mais l’Américain a subi une intervention chirurgicale à un genou il y a moins d’un mois et son arrivée à Augusta en a surpris plusieurs. Son entraîneur Pete Cowen a d’ailleurs convenu que le tournoi serait éprouvant pour le 11e mondial. « Ce sera difficile pour lui de marcher sur un parcours aussi vallonné, c’est tout. Frapper la balle n’est pas un problème. Je sais que c’est surprenant de le voir jouer aussi bien alors qu’il marchait encore avec des béquilles il y a moins de trois semaines, mais il est vraiment en forme. Le problème, ce sera la marche, car c’est un parcours difficile à marcher. »

Norman, 25 ans plus tard

On « célèbre » cette année le 25e anniversaire de la plus grande déconfiture de l’histoire du Tournoi des Maîtres. En 1996, l’Australien Greg Norman avait amorcé la ronde finale avec une priorité de six coups, mais il s’était incliné par cinq devant Nick Faldo après une ronde finale de 78. « Le temps passe, je n’y pense plus, sauf quand les journalistes me le rappellent, a déclaré récemment Norman en entrevue au journal britannique The Guardian. J’aime encore Augusta, ce n’est quand même qu’un sport, non ? Parfois on gagne, parfois on perd. Cela n’a pas affecté ma santé. » L’Australien de 66 ans a justement connu une épreuve plus difficile pendant la période des Fêtes quand il a contracté la COVID-19. Hospitalisé, il a passé plusieurs jours aux soins intensifs. « C’était comme la grippe sur les stéroïdes. Chaque jour amenait de nouveaux symptômes et je suis heureux de m’en être sorti. »