Après plusieurs déceptions, Dustin Johnson a finalement enlevé le Tournoi des Maîtres, dimanche à Augusta, en Géorgie. Et il l’a fait en écrasant la compétition de sa domination, en route vers une marque record de 268 (- 20).

Quatre fois en carrière, l’Américain avait amorcé la ronde finale d’un tournoi majeur au premier rang, mais il n’avait jamais pu conserver son avantage. Fort d’une priorité de quatre coups après 54 trous, Johnson a bien connu un petit passage difficile, aux quatrième et cinquième trous, mais il a vite retrouvé ses moyens et une poussée de trois oiselets consécutifs, du 13e au 15e trous, l’a définitivement mis à l’abri des autres concurrents.

Le golfeur de 36 ans a terminé le tournoi avec une priorité de cinq coups, la plus grande marge victorieuse depuis que Tiger Woods s’était imposé par 12 coups en 1997. Johnson a devancé l’Australien Cameron Smith et le Sud-Coréen Sungjae Im (- 15). L’Américain Justin Thomas a suivi (- 12), devant le Nord-Irlandais Rory McIlroy et le Sud-Africain Dylan Fritelli (- 11).

« Je n’ai pas commencé la ronde comme je l’aurais voulu avec ces bogueys aux 4e et 5e, a expliqué le champion en point de presse. Après cela, j’ai réussi à me calmer un peu, j’ai retrouvé mes coups de départ et j’ai pu creuser l’écart. À la fin, je me suis concentré à éviter les erreurs.

« J’ai joué de façon exceptionnelle toute la semaine. Les conditions du parcours favorisaient les bons pointages, mais j’ai quand même très bien joué. C’était plus difficile aujourd’hui [dimanche], avec un vent capricieux, des verts plus rapides. Réussir à établir une marque du tournoi, jouer - 20 pour la semaine, c’est un grand honneur pour moi. »

Après son dernier coup, Johnson a été rejoint sur le vert du 18e par sa conjointe Paulina. Malgré les règles sanitaires et la distanciation physique, le champion a ensuite eu droit aux félicitations de ses proches, mais aussi de plusieurs anciens champions et de nombreux compétiteurs.

Et la cérémonie de remise du veston vert s’est déroulée comme le veut la tradition dans une petite « cabine » du club, Johnson recevant le sien des mains du champion en titre, Tiger Woods.

« Plus jeune, je rêvais de remporter le Tournoi des Maîtres, de recevoir le veston vert de Tiger. Aujourd’hui, ce rêve se réalise, et c’est très spécial de le faire avec ma famille, Paulina, mon frère [Austin, son cadet], qui joue un rôle très important dans ma carrière. »

Déjà vainqueur de l’Omnium des États-Unis en 2016, Johnson compte maintenant plus de 30 titres professionnels et n’est devancé que par Woods et Phil Mickelson parmi les joueurs actifs.

Souvent considéré comme le meilleur joueur de sa génération, il a connu des périodes plus difficiles sur le plan personnel, et il a d’ailleurs été à l’écart du circuit pendant plusieurs mois, en 2014, pour régler ce qui a été présenté comme « des défis personnels », mais ce que plusieurs ont interprété comme une suspension pour infraction au code de la PGA sur la consommation de substances interdites.

Pris en main par son beau-père Wayne Gretzky, suivi par des psychologues, Johnson semble avoir mis ce passé nébuleux derrière lui, et ce serait étonnant qu’il ne confirme pas ce titre majeur par plusieurs autres. Il aura d’ailleurs vite la chance de revenir à Augusta, puisque le prochain Tournoi des Maîtres devrait être disputé à la date habituelle, en avril 2021.

Derrière Johnson, ses deux seconds n’ont pas démérité, bien au contraire. Smith est devenu le premier joueur de l’histoire à réussir quatre rondes consécutives de moins de 70 (67-68-69-69) en tournoi majeur. Dimanche, après s’être approché à deux coups du meneur en début de ronde, il n’a pu que défendre sa place d’honneur.

« Je me suis battu toute la semaine pour me sortir des situations difficiles et j’ai réussi à rester dans la lutte, a souligné l’Australien de 27 ans en point de presse. Je suis fier du record, surtout sur un parcours comme celui-ci. Mais je savais que ce serait très difficile de rivaliser avec Dustin s’il jouait comme il l’avait fait depuis le début du tournoi. Il a montré encore pourquoi il est numéro un au monde. »

De son côté, le jeune Sungjae Im a été la révélation du tournoi. Très constant, le joueur de 22 ans a connu un petit passage à vide aux sixième et septième trous, mais il a retrouvé son aplomb pour assurer sa deuxième place.

« Je suis vraiment fier de mon jeu cette semaine, a-t-il confié en point de presse, par l’entremise d’un interprète. L’absence des spectateurs m’a sans doute aidé un peu, car j’ai réussi à rester relativement calme pendant tout le tournoi. »

Le Canadien Corey Conners a pris une superbe 10e place (- 9) après une ronde finale de 69 (- 3). Auteur de la meilleure ronde du tournoi jeudi avec un 65 – à égalité avec Johnson (deux fois), Fritelli et Paul Casey –, Conners est déjà assuré de participer au prochain Tournoi des Maîtres. Nick Taylor (29e à - 3) et le vétéran Mike Weir (51e à + 2) s’étaient également qualifiés pour le week-end.

Trois balles à l’eau pour Tiger

Dans la lutte après la première ronde, Woods n’a jamais pu soutenir le rythme des meneurs par la suite et il a terminé la compétition à égalité au 38e rang, avec un cumulatif de 287 (- 1). Sa ronde finale a été ponctuée par un désastreux pointage de 10, le pire de sa carrière sur un trou, quand il a frappé trois balles à l’eau au 12e trou.

« J’ai mal jugé le vent, j’ai frappé mon premier coup à l’eau et de là, tout a déboulé », a-t-il résumé en point de presse. Depuis le début de sa carrière, en 23 789 trous, Woods n’avait jamais fait pire qu’un pointage de 9 (au tournoi Memorial, en 2017).

Visiblement gêné par des douleurs au dos, le fier golfeur de 44 ans a toutefois terminé la journée en beauté avec cinq oiselets sur les six derniers trous.

« Certaines journées sont plus difficiles pour mon dos et c’était le cas aujourd’hui, a reconnu le quintuple vainqueur du tournoi. Le golf est un sport qui ne pardonne pas, il n’y a pas de substituts quand ça va mal. Après le 12e trou, je me suis dit que je devais oublier ça, trouver des solutions, et je suis heureux d’avoir terminé ma ronde comme je l’ai fait. »

Un record pour Langer

Deux fois champion du tournoi, en 1985 et en 1993, l’Allemand Bernhard Langer est devenu à 63 ans le plus vieux golfeur qualifié pour les rondes finales et il s’est bien défendu avec un cumulatif de 285 (- 3) et une 29e place. La plupart de ses concurrents n’étaient pas nés quand il a enlevé son premier titre, mais Langer n’a pas caché son admiration pour la nouvelle génération de champions.

« Je sais comment jouer ce parcours, et même si je ne frappe pas très loin, je sais que je peux miser sur mon jeu court. Mais c’est fascinant de voir la puissance et les élans des plus jeunes. Je passe de longs moments à essayer de comprendre comment ils font… au point où je dois parfois me rappeler de m’occuper de ma balle ! »