La ronde finale de l’Omnium des États-Unis a tourné au cavalier seul, dimanche au club Winged Foot, et c’est l’Américain Bryson DeChambeau qui s’est sauvé avec la victoire.

DeChambeau a été le seul joueur à améliorer la normale, pour la journée et pour le tournoi, avec une ronde de 67 (- 3) et un cumulatif de 274 (- 6).

Le golfeur de 27 ans est ainsi devenu seulement le troisième joueur à remporter l’Omnium, le Championnat amateur et le Championnat universitaire des États-Unis. Les deux autres ? Jack Nicklaus et Tiger Woods !

« Je ne sais trop quoi dire, a avoué le nouveau champion. M. Nicklaus a toujours été incroyable pour moi. Il m’avait invité à son tournoi [le Memorial, alors qu’il amorçait sa carrière professionnelle], et je suis fier de l’avoir gagné en 2018. Tiger a toujours été très bon pour moi. Je ne peux les remercier assez de m’avoir encouragé à devenir une meilleure personne et un meilleur joueur. D’être mentionné avec eux est un honneur que j’apprécierai toute ma vie. »

DeChambeau a devancé son compatriote Matthew Wolff, qui avait amorcé la journée avec une priorité de deux coups, mais qui n’a pu faire mieux qu’un 75 (+ 5) qui l’a laissé à égalité avec la normale pour le tournoi (280), seul en deuxième place.

Le champion a pris l’avantage au cinquième trou quand Wolff a commis son deuxième boguey de la journée. Jouant dans des conditions de plus en plus exigeantes, sur les verts en particulier, les deux meneurs se sont ensuite détachés de leurs poursuivants au neuvième trou, quand ils ont réussi des aigles.

Mais pendant que DeChambeau faisait preuve d’une rare maîtrise de ses émotions pour éviter les erreurs et même réussir un oiselet au 11e trou, Wolff ne pouvait éviter deux autres bogueys et un double boguey, au 16e trou, ce qui scellait définitivement l’issue de la compétition.

« J’ai commencé à croire en mes chances au neuvième trou, a raconté DeChambeau en point de presse. J’ai réussi un aigle avec un coup qui m’a vraiment surpris et j’ai pensé : ‟Tu peux vraiment le faire.” Mais je me suis tout de suite dit : ‟Non, tu dois rester concentré sur chacun des trous.” C’est ce que je me suis dit sur le neuf de retour : ‟Non, il reste cinq, quatre, trois trous; jusqu’au bout.” Je devais garder ma concentration et m’assurer d’exécuter chaque coup. »

Graduellement libéré de la pression, le champion n’a commis aucune erreur, même s’il a continué d’y aller en force, comme sur ce coup de départ de 365 verges au 16e trou. Il ne s’est laissé aller à célébrer qu’après avoir réussi son dernier coup roulé au 18e trou.

Jouer différemment

Ce premier titre majeur couronne l’un des joueurs les plus originaux du circuit masculin. Surnommé « le scientifique » ou « l’ingénieur » depuis son séjour à l’Université Southern Methodist (SMU), DeChambeau joue avec des fers inhabituels – tous de la même longueur (37,5 pouces) –, des prises surdimensionnées et un élan très différent des normes enseignées.

Et il n’a pas hésité à transformer son propre corps ! Profitant de l’interruption du jeu en raison de la pandémie de COVID-19, il s’est soumis à un entraînement intensif en gymnase, tout en doublant son alimentation en protéines. Plus lourd d’une trentaine de livres, il est devenu l’un des plus longs cogneurs du circuit et n’a pas hésité à attaquer le redoutable parcours de Winged Foot cette semaine.

Plus tôt cet été, après sa victoire à Detroit, il a expliqué : « J’ai toujours voulu montrer aux gens qu’il y avait une autre façon de faire les choses. »

J’ai changé mon corps, j’ai changé ma préparation mentale et j’ai réussi à gagner tout en continuant de jouer d’une façon entièrement différente.

Bryson DeChambeau

Champion de la NCAA et champion amateur des États-Unis en 2015, DeChambeau est devenu professionnel en 2016, tout de suite après le Tournoi des Maîtres, où il avait été invité en tant qu’amateur. Vainqueur de huit tournois depuis, il a été sélectionné à la Coupe Ryder (2018) et à la Coupe des Présidents (2019).

Reste que DeChambeau était encore à la recherche d’une validation de son talent, plusieurs doutant qu’il puisse s’imposer au plus haut niveau.

« C’est le couronnement de beaucoup de travail », a-t-il insisté, dimanche, en s’adressant aux membres de son équipe réunis près de lui. « Ces gens-là sont avec moi depuis plusieurs années, ils m’ont aidé à transformer mon corps, mon élan, m’ont soutenu quand c’était plus difficile. »

Wolff devra attendre

Wolff, qui tentait à 21 ans de devenir le plus jeune champion de l’Omnium depuis près de 100 ans, le deuxième seulement à l’emporter à sa première participation, n’a donc pu résister à la poussée de DeChambeau.

« J’ai travaillé toute la semaine, je me suis battu jusqu’au bout, a souligné celui qui n’est devenu professionnel qu’en 2019. Les choses n’ont pas fonctionné pour moi aujourd’hui, mais je suis deuxième pour mon premier Omnium des États-Unis; je peux en être fier et marcher la tête haute. Je suis excité d’avoir pu apprendre de cette expérience et ce n’est assurément pas la dernière fois que vous me voyez dans une telle situation. »

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Matthew Wolff

Derrière les deux meneurs, aucun joueur n’a été en mesure d’orchestrer ne serait-ce que l’amorce d’une remontée qui aurait pu semer le doute dans leur esprit. Le Sud-Africain Louis Oosthuizen (+ 2), l’Américain Harris English (+ 3) et son compatriote Xander Schauffele (+ 4) ont complété le top 5, à bonne distance du champion.

Le favori d’avant-tournoi, l’américain Dustin Johnson, a joué la normale en ronde finale – le meilleur pointage du jour, après celui de DeChambeau, quand même un exploit dans les circonstances – et il est revenu à la sixième place.

Le Canadien Taylor Pendrith a lui aussi joué la normale, ce qui lui a permis de revenir à la 23e place, à + 10, et de toucher une bourse de 101 000 $ US, la plus grosse de sa carrière. Adam Hadwin, deuxième Canadien qualifié pour les rondes finales, a connu une journée plus difficile avec un 80 (+ 10) qui l’a relégué à la 54e place (+ 19).

Rory McIlroy, un autre favori, s’est contenté d’une égalité en huitième place après une ronde de 75. Lui aussi un long cogneur, l’Irlandais du Nord a souvent été piégé par l’herbe longue de Winged Foot.

En point de presse, il n’a pas caché son admiration pour le vainqueur : « Je ne sais trop quoi dire parce qu’il a fait exactement le contraire de ce qu’on pense qu’un vainqueur de l’Omnium des États-Unis doit réussir.

« Regardez, il [DeChambeau] a trouvé une façon de gagner, a poursuivi McIlroy. Je ne sais pas si c’est bon ou mauvais pour le golf, mais ce n’est sûrement pas de cette façon que je croyais qu’on devait jouer sur ce parcours ou dans ce tournoi… »