(Augusta) Les rugissements de la foule sont réguliers chaque dimanche au Tournoi des Maîtres, et ils viennent d’un peu partout sur le terrain, peu importe le golfeur.

Un moment a marqué les esprits en 2011 : à proximité de l’allée surélevée du huitième trou, une normale-5, on dirait qu’un avion de chasse brise le mur du son. La clameur de la foule émane du vert : elle salue un aigle. Mais qui en était l’auteur ?

« Tiger Woods vient juste de passer », a dit un préposé du terrain, mettant un terme aux questionnements.

Mais ça ne se termine pas là.

Woods, qui avait commencé la ronde finale à sept coups du meneur, est maintenant à égalité en tête. Quelques instants plus tard, tandis que Woods se dirige vers le tertre de départ du neuvième trou, la foule rugit de nouveau à proximité du 18e vert. Puis, de nouveau dans le légendaire « Amen Corner ». Et une fois de plus en direction du 15e vert.

Des oiselets ? Des aigles ? Non, c’est la foule qui réagissait aux modifications apportées aux nombreux tableaux indicateurs présents sur le terrain qui annonçaient que Woods était à égalité en tête. Il n’a toutefois pu garder le rythme. C’était l’année où huit golfeurs ont partagé à un moment ou à un autre la tête du tournoi, du moins jusqu’à ce que Charl Schwartzel ne scelle l’issue de la course avec quatre oiselets consécutifs sur le neuf de retour.

Une journée incroyable. Une ambiance électrique.

Mais cette fois, un silence assourdissant.

Pas de spectateurs cette année

Le Tournoi des Maîtres qui aura lieu en novembre se déroulera sans spectateurs en raison du coronavirus, privant ainsi Augusta National de son essence même, et de ce qui le rend si magique.

Il y a de l’écho là-bas. Le son voyage. Il n’y a aucun endroit semblable à celui-là sur la planète.

Tiger Woods

Woods se souvient des rugissements de la foule qu’il a provoqués. Il entend probablement encore les spectateurs scander « Tiger ! Tiger ! » après avoir signé sa cinquième-et plus invraisemblable-victoire au Tournoi des Maîtres l’an dernier.

Ou encore le changement de ton de la foule lorsque son coup d’approche au 16e trou en 2005 a dévalé la pente du vert, avant de s’immobiliser pendant une seconde sur le rebord de la coupe, avant d’y disparaître pour un oiselet. Un murmure d’anticipation, qui s’est transformé brièvement en soupir de déception, avant l’explosion de joie qui frôlait le délire.

Interrogé à savoir quel moment l’avait marqué le plus, Woods a indiqué que ce n’était même pas l’un des siens.

Une clameur plus forte pour Jack Nicklaus

Il a évoqué son jumelage en ronde finale avec Davis Love III en 1998. Derrière lui se trouvait le vétéran alors âgé de 58 ans Jack Nicklaus, en train d’effectuer une remontée au classement, à la suite d’un coup d’approche qui a terminé sa course dans la coupe au troisième trou pour un oiselet.

La clameur était tellement plus forte. C’était les rugissements pour Nicklaus. J’ai grandi en l’observant, et j’ai eu la chance de le vivre en personne.

Tiger Woods

Rory McIlroy préserve aussi des moments précieux vécus au Tournoi des Maîtres, notamment de son tout premier. En 2009, à l’âge de 19 ans, il a connu une première expérience respectable. Cette année-là, Woods et Phil Mickelson ont fait partie du même duo en ronde finale, mettant la table pour une autre fin de tournoi spectaculaire.

« Je marchais en direction du 15e vert, tandis que Tiger et Phil remontaient le septième, s’est rappelé l’Irlandais du Nord. Ils ont complété le premier neuf en 30 et 33 coups. C’était mon premier Masters, et je me souviens de m’être retrouvé sur le neuf de retour, et d’entendre les rugissements de la foule ; il y avait six rangées de spectateurs de chaque côté des allées. »

Pas d’applaudissements ni clameur

Puis, son esprit s’est porté sur le Tournoi des Maîtres de cette année, un Masters d’automne.

Un Masters discret.

« Je crois que chaque trou au Augusta National se jouera comme au 12e vert, a dit McIlroy. Ce vert est situé à environ 150 verges du spectateur le plus rapproché du terrain, et il est pratiquement invisible en raison des fosses de sable.

« Tu cales un coup roulé, et les spectateurs ne peuvent voir s’il a été réussi, a-t-il raconté. Chaque année, on vit ça sur un trou comme celui-là. Mais jamais sur les 17 autres du parcours. »