(Dublin) Quand il s’est rendu pour la première fois Club de golf Muirfield Village, il portait un complet foncé, une cravate bleu royal et n’avait pas apporté ses bâtons de golf.

Il a remporté le prix Jack-Nicklaus à titre de meilleur golfeur universitaire des États-Unis. Il obtenu son diplôme de l’Université de l’État de l’Arizona en quatre ans, même s’il ne parlait pas anglais quand il est arrivé sur le campus. Un campus si vaste qu’il croyait se trouvait dans une salle de cinéma quand il a assisté à son premier cours de macro-économie.

C’était il y a quatre ans.

Sa dernière rencontre avec Nicklaus, derrière le vert du 18e après une performance mémorable au Mémorial, était encore plus importante. Rahm s’est bâti une avance de huit coups après le neuf d’aller du dimanche le plus difficile en 42 ans à Muirfield. Il a perdu cinq de ces coups en cinq trous. Il a par la suite démontré de la ténacité et du flair au cours des quatre derniers trous.

PHOTO AARON DOSTER, USA TODAY SPORTS

Jack Nicklaus et Jon Rahm (à droite) lors de la remise du trophée au terme du Tournoi Mémorial, au Club de golf Muirfield Village, dimanche.

Au premier rang mondial à 25 ans

Sa victoire l’a propulsé au premier rang mondial, une position qu’il attendait depuis longtemps, malgré ses 25 ans.

Il a été le no 1 chez les amateurs pendant une séquence record de 60 semaines.

Phil Mickelson, dont le frère a été l’entraîneur de Rahm en Arizona, lui a prédit de grandes choses depuis bien avant sa première de 10 victoires sur la scène mondiale.

« Il n’a simplement pas de faiblesse », a déclaré Mickelson dimanche, la même phrase qu’il avait dite quand Rahm a gagné son premier tournoi à Torrey Pines avec un roulé de 60 pieds pour un aigle sur le dernier trou.

Golfeur colérique

Mickelson a aussi parlé de la passion de Rahm, qui peut causer des explosions de colère comme une série d’oiselets.

« Il se connaît bien. Il sait que pour relaxer, il doit parfois évacuer cette colère, ne pas la garder en lui. Ça peut choquer des gens, mais il sait que ça lui permet de jouer son meilleur golf. Je pense que c’est aussi très important d’apprendre à vous connaître et il l’a fait à un très jeune âge. »

Rahm a tenu le coup alors qu’il accusait un retard de quatre coups au 13e, samedi. Il a réussi des oiselets sur les quatre trous suivants pour jouer 68, qu’il considère comme sa meilleure ronde en carrière compte tenu des conditions. En 15 trous donc – les six derniers de la troisième ronde et les neuf premiers de dimanche – il est passé de quatre coups de retard à huit coups d’avance.

Il est devenu le cinquième plus jeune joueur à atteindre le premier rang mondial, après Tiger Woods en 1997, Jordan Spieth en 2015, Rory McIlroy en 2012 et Justin Thomas en 2018. Woods, Spieth et McIlroy ont gagné des tournois majeurs depuis, la prochaine étape pour Rahm.

Il voulait être No 1 dès l’adolescence

Mais pour l’instant, il tente de réaliser qu’il a atteint un objectif qu’il s’était fixé il y a longtemps.

Il s’est rappelé une conversation avec son entraîneur au début de l’adolescence, en Espagne. Son entraîneur lui a demandé ce qu’il voulait réaliser.

J’ai dit sans hésiter que je voulais être le meilleur golfeur au monde. C’est une promesse que je me suis faite très jeune. Tout ce que j’ai fait au golf c’était dans l’objectif de devenir no 1.

Jon Rahm

« C’est plutôt surréel de réaliser que c’est arrivé si rapidement. Combien de gens réalisent le rêve de leur vie à la mi-vingtaine ? »

Rahm a assurément tous les coups nécessaires et un talent remarquable. Il a aussi gagné en maturité, pas seulement sur son jeu, mais au niveau de ses émotions. Rahm aura du mal à se défaire de sa réputation de joueur colérique. Mais il a tenté de minimiser ses esclandres sans perdre l’énergie positive qui y était associée.

À Muirfield Village, il a gagné en raison d’une grande discipline sur le neuf d’aller, mais avec l’aide de sa magie espagnole sur le neuf de retour. Il a gagné avec une si grande marge qu’une pénalité de deux coups attribuée après la ronde – la balle a bougé un tout petit peu quand il a placé son fer derrière elle pour un coup d’approche au 16e – a transformé sa victoire par cinq coups à une avance de trois. Rahm n’a pas vu la balle bouger tant qu’il n’a pas vu la reprise en plan rapproché sur un écran. Il a accepté la pénalité.

« J’aimerais bien garder cet oiselet, car il s’agissait de l’un des meilleurs coups de ma vie. »

L’un de ses meilleurs coups s’est finalement avéré un bogey. Il vit bien avec cette réalité.