Le 119e Omnium des États-Unis s’annonce comme un formidable duel entre deux générations de champions américains et c’est sur l’un des parcours mythiques du golf, à Pebble Beach, qu’il sera disputé.

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Brooks Koepka pourrait devenir le premier joueur en plus de 100 ans à remporter trois titres nationaux consécutifs.

Encore Koepka? Enfin Mickelson?

C’est Bing Crosby qui a fait de Pebble Beach l’un des parcours le plus célèbres des États-Unis à la fin des années 40 en y organisant un clambake, devenu avec le temps un tournoi Pro-Am couru autant par les professionnels que par les célébrités.

Mais Pebble Beach était déjà une destination huppée. C’est Samuel F.B. Morse, un investisseur immobilier, qui a créé le club en 1919 après avoir acquis quelques années plus tôt une bonne partie de la péninsule de Monterey. Celle-ci devint rapidement une communauté protégée où les plus riches pouvaient construire leurs résidences secondaires et où Morse gérait de luxueux établissements de villégiature, dont le Lodge qui existe encore aujourd’hui.

Le promoteur avait confié le dessin du parcours à deux golfeurs amateurs, Jack Neville et Douglas Grant, et ceux-ci ont eu le génie – ou le bon sens – d’aménager un maximum de trous au bord de la baie de Carmel. Les points de vue sont superbes et plusieurs trous sont parmi les plus beaux du golf.

Les milliers d’amateurs qui paient le gros prix chaque année pour jouer à Pebble Beach doivent avoir de la difficulté à se concentrer sur leur jeu. Et même les professionnels se laissent charmer.

Plusieurs d’entre eux n’ont pas manqué de publier des égoportraits cette semaine sur les réseaux sociaux.

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En juin 2000, alors âgé de 24 ans, Tiger Woods avait fait cavalier seul, s’imposant avec une fiche de - 12 et surtout une priorité record de 15 coups sur ses plus proches adversaires.

C’est la sixième fois que l’Omnium des États-Unis est disputé à Pebble Beach depuis que Jack Nicklaus y a triomphé en 1972. Lanny Wadkins (1977), Tom Watson (1982), Tom Kite (1992) et Graeme McDowell (2010) s’y sont aussi imposés, mais c’est surtout la victoire de Tiger Woods, en 2000, qui reste aujourd’hui dans les mémoires.

Alors au sommet de sa forme, à 24 ans, Woods avait fait cavalier seul, s’imposant avec une fiche de -12 et surtout une priorité record de 15 coups sur ses plus proches adversaires. Encore aujourd’hui, plusieurs considèrent cette performance comme la plus dominante de l’histoire du golf.

Rendez-vous avec l’histoire

Parlant d’histoire, c’est évidemment pour célébrer le 100e anniversaire du parcours que l’Association américaine de golf a décidé d’y disputer l’Omnium en 2019, une année plus tôt que la rotation habituelle.

Et plusieurs joueurs seront à la recherche d’exploits qui entreraient à coup sûr dans la légende du golf.

PHOTO JULIE JACOBSON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Phil Mickelson tentera de finalement remporter le seul titre majeur qui manque à son palmarès.

Woods lui-même, tout auréolé de sa victoire au Tournoi des Maîtres, voudra confirmer qu’il est encore en mesure, 19 ans plus tard, de dominer ses rivaux. Et Phil Mickelson tentera à 48 ans de finalement remporter le seul titre majeur qui manque à son palmarès.

Déjà six fois deuxième à l’Omnium, le Californien connaît le parcours comme le fond de sa poche et il a remporté il y a quatre mois à peine son cinquième titre au Pro-Am.

Du côté des plus jeunes, Brooks Koepka pourrait devenir le premier joueur en plus de 100 ans à remporter trois titres nationaux consécutifs. Et ce serait son cinquième titre en huit tournois majeurs, un rythme qui n’est pas sans rappeler les meilleures séquences de Tiger Woods.

Dustin Johnson et Jordan Spieth, qui ont aussi remporté l’Omnium récemment, ont montré au cours des dernières semaines qu’ils avaient les atouts pour être dans la course, tout comme leurs compatriotes Justin Thomas, Rickie Fowler, Tony Finau ou Xander Shauffele.

Même s’ils seront plusieurs parmi les favoris, les Américains devront quand même se méfier des golfeurs en provenance du monde entier. Les Britanniques Justin Rose, Rory McIlroy ou Tommy Fleetwood, l’Italien Francesco Molinari, l’Allemand Martin Kayner, le Coréen Kim Si-woo ou les Australiens Jason Day et Adam Scott sont tous des prétendants au titre.

Près de la moitié des 156 inscrits ont dû se qualifier et les Canadiens Nick Taylor et Mike Weir ont réussi.

Le plus court

À tout juste 7075 verges, le parcours de Pebble Beach est très court pour un tournoi majeur, alors que l’Omnium des États-Unis nous a habitués à des monstres de 7700 verges et plus. Le septième trou, qui ne mesure que 109 verges, est d’ailleurs le plus court de tous les parcours où sont disputés les grands tournois. C’est aussi l’un des plus intimidants. Les golfeurs doivent frapper directement vers l’océan et, selon la force et la direction du vent, ils peuvent aussi bien utiliser un cocheur qu’un fer 6. C’est d’ailleurs souvent la météo qui détermine le degré de difficulté d’un parcours, et elle est imprévisible à Pebble Beach.

Portrait-robot du champion

L’Omnium des États-Unis est souvent considéré comme le plus difficile des quatre tournois majeurs en raison surtout d’une préparation du parcours toujours un peu extrême par l’équipe de la USGA. Ça devrait encore être le cas cette année à Pebble Beach et le champion du tournoi devra être en parfaite maîtrise de son jeu. Étudions les meilleurs atouts de quelques-uns des favoris.

La puissance de Dustin Johnson

Le parcours de Pebble Beach n’est pas très long, mais de bons coups de départ peuvent souvent faciliter l’approche aux verts. Il n’y a que trois trous à normale 5, dont le célèbre 18e, où les longs cogneurs pourront aisément atteindre le vert en deux coups.

La maîtrise de Brooks Koepka

L’Omnium des États-Unis exige une maîtrise parfaite de tous ses coups et Koepka est actuellement le joueur le plus complet, avec un rare mélange de puissance, de finesse et une force mentale qui lui procure une grande confiance.

Les nerfs de Tiger Woods

Un tournoi majeur est aussi une guerre des nerfs et Tiger Woods a longtemps été le plus fort dans ce secteur. Il a montré à Augusta qu’il pouvait encore intimider ses rivaux par sa formidable assurance qui galvanise aussi ses nombreux partisans.

La créativité de Phil Mickelson

Sur un parcours aussi court, c’est beaucoup autour des verts que se cacheront les pièges du tournoi, surtout si la météo n’est pas clémente. Aucun joueur n’est plus habile avec son cocheur que Phil Mickelson et il devrait pouvoir exprimer toute sa créativité.

La précision de Jordan Spieth

Vainqueur de l’Omnium en 2015 à Chambers Bay, Jordan Spieth est au sommet de sa forme quand il brille sur les verts. Il a justement montré récemment qu’il avait retrouvé sa précision avec son fer droit et ça pourrait être déterminant ce week-end.

La patience de Francesco Molinari

Difficile de trouver un point fort dans le jeu de Francesco Molinari, mais l’Italien joue avec une telle constance qu’il est toujours à suivre dans les grands rendez-vous. Ajoutez à cela beaucoup de patience et vous avez les atouts pour vous imposer à Pebble Beach.

L’étincelle de Rory McIlroy

En plus de tous les atouts techniques, il faut aussi un petit coup de pouce du destin, une étincelle, pour s’imposer dans un tournoi comme l’Omnium des États-Unis. Peu de joueurs sont aussi brillants que Rory McIlroy quand il est touché par cette grâce, on l’a vu dimanche à l’Omnium canadien, et il pourrait continuer sur sa lancée.