(Farmingdale) Brooks Koepka devrait savoir plus que quiconque que rien, au golf, ne s’acquiert facilement.

Son parcours jusqu’au circuit de la PGA, déjà bien documenté, l’a mené dans des contrées aussi lointaines que le Kenya et le Kazakhstan. Même le fait de mettre la main sur un deuxième titre consécutif à l’Omnium des États-Unis, l’été dernier — un exploit que personne n’avait accompli en 29 ans — ne semblait pas encore suffisant pour que son nom se retrouve au sommet de la liste de la prochaine génération d’étoiles.

Ainsi, au cours du week-end, il a passé trois jours à faire tomber des records sur le parcours de Bethpage Black lors du Championnat de la PGA. Il est devenu le premier golfeur à inscrire des rondes de 63 lors de deux années consécutives à des tournois du Grand Chelem. Son score cumulatif après 36 trous, vendredi, est le plus bas dans toute l’histoire des tournois majeurs. Son avance de sept coups après 54 trous était aussi la plus confortable au Championnat de la PGA.

Puis, dimanche, il a enduré la journée la plus difficile de sa carrière, qui est devenue la plus gratifiante.

« Je suis content d’avoir cet objet à côté de moi, a déclaré Koepka tout en tournant les yeux vers un rutilant trophée Wanamaker. Celui-ci est très satisfaisant. De tous ceux que j’ai gagnés, il n’y a pas de doute que c’est le plus satisfaisant. »

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Brooks Koepka a posé avec le trophée Wanamaker à la suite de sa victoire au Championnat de la PGA.

Des exploits historiques

Au début de la semaine, Koepka avait mentionné que parfois, les tournois du Grand Chelem sont les plus faciles à gagner. Ç’aurait dû être ainsi en fin de semaine. Ce ne fut pas le cas.

Avec quatre trous à jouer, son avance avait fondu de sept à un seul coup et le numéro un au monde — Dustin Johnson, son meilleur ami sur le circuit — se dirigeait vers la meilleure ronde d’une journée pimentée par des rafales de 40 km/h, rendant Bethpage Black plus terrifiant que jamais.

Koepka a répliqué avec tous les coups dont il avait besoin. Johnson a trébuché avec deux bogueys. Koepka a ramené une carte de 74, quatre coups au-dessus de la normale, et le score plus élevé en 15 ans lors de la ronde finale par un vainqueur du Championnat de la PGA. Mais il n’attachait aucune importance à la manière.

Sa place dans l’histoire du golf était assurée. Avec Tiger Woods, il est le seul golfeur à remporter deux ans de suite le Championnat de la PGA depuis que le tournoi a adopté la formule par coups, en 1958. Il est aussi le seul joueur à détenir, en même temps, des titres consécutifs de deux tournois majeurs.

Il y a quatre ans, à sa première saison comme membre à part entière du circuit masculin, il avait récolté un titre. Voilà qu’il vient de gagner quatre des huit derniers tournois du Grand Chelem auxquels il s’est inscrit. Il s’agit d’une séquence de succès inédite depuis que Woods a mérité un septième triomphe en 11 tournois majeurs après sa victoire à Bethpage Black lors de l’Omnium des États-Unis de 2002.

« Je ne comprends tout simplement pas pourquoi il ne le fait pas plus souvent », a déclaré Rory McIlroy, dont les quatre triomphes à des tournois du Grand Chelem ont été réalisés à ses 15 premières tentatives.

« De toute évidence, il se présente aux tournois majeurs dans un état d’esprit tout à fait différent. Il faudrait sans doute lui poser la question. Mais c’est fantastique. C’est merveilleux à regarder. »

Des cris bien entendus

Dimanche, alors qu’il se dirigeait vers un quatrième boguey de suite au 14e trou, Koepka a paru secoué par les cris « DJ ! DJ ! DJ ! » qu’il a entendus de la part de spectateurs, au moment où Dustin Johnson s’apprêter à réussir un oiselet au 15e qui allait lui permettre de s’approcher à un seul coup de Koepka et du sommet du classement.

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Dustin Johnson a chauffé Brooks Koepka lors de la dernière ronde.

Koepka dit qu’il a été davantage étonné que nerveux, mais il les a bien entendus.

« C’est New York. À quoi pouvez-vous vous attendre lorsque vous êtes en train de laisser filer le tournoi ? Je pense que je le méritais. J’ai assisté à des événements sportifs à New York. Je sais comment ça se passe. En fait, je pense que ça m’a aidé. C’est arrivé au meilleur moment car je me suis mis à me dire " D’accord, tout le monde est contre moi. Allons-y ! " ».

Et il s’est mis en marche, à commencer par un puissant coup de départ dans l’allée du 15e trou, chemin faisant vers une normale dont il avait bien besoin. Son coup de départ au 16e, le trou plus difficile dimanche à cause du vent de face, a été encore meilleur.

Et c’est là que Johnson a commencé à perdre pied, avec des bogueys aux 16e et 17e trous,

« Je me suis donné une chance, a analysé Johnson après sa ronde finale de 69. C’est tout ce que vous pouvez demander. »

Maintenant favori à cinq contre un pour gagner l’Omnium des États-Unis dans un mois, Koepka tentera de devenir le premier golfeur à remporter ce tournoi trois ans de suite depuis Willie Anderson en 1905.

Ce pourrait être la seule source de motivation dont il aura besoin.