Rarement autant de bons joueurs se sont-ils présentés à Augusta au sommet de leur forme: le 80e Tournoi des Maîtres s'annonce comme l'un des plus disputés de l'histoire. Plusieurs anciens champions sont prêts à enrichir leur palmarès, mais les deux favoris, Justin Thomas et Rory McIlroy, n'ont encore jamais revêtu le célèbre veston vert.

McIlroy, qui avait bien failli l'emporter en 2011, tente de réussir son Grand Chelem en carrière, un exploit qui permettrait au joueur de 28 ans de rejoindre un groupe sélect aux côtés de Jack Nicklaus, Gene Sarazen, Gary Player, Ben Hogan et Tiger Woods.

Mardi, en point de presse, le Nord-Irlandais a estimé qu'il n'avait jamais été aussi bien préparé pour atteindre son objectif, mais qu'il devait l'oublier: «Je peux avoir eu une préparation parfaite, je ne dois quand même pas jouer de façon robotique», a-t-il insisté.

«Je dois avoir du plaisir sur le terrain, jouer avec un sourire au visage, de façon à jouer mon meilleur golf. Je dois jouer librement, laisser mon inconscient prendre le dessus et éviter de trop penser à chacun de mes coups.»

McIlroy serait le troisième champion européen en trois ans à Augusta, après Danny Willett (2016) et Sergio García (2017). Les Anglais Justin Rose et Paul Casey ont toujours été dans la course depuis trois ans et eux aussi sont parmi les candidats à la victoire.

Les Américains voient évidemment les choses d'un autre oeil, à commencer par Justin Thomas, le joueur le plus performant du début de la saison, et Jordan Spieth, champion du tournoi en 2015. Les deux golfeurs de 24 ans, qui sont de grands copains, ont les atouts pour maîtriser le difficile parcours d'Augusta, mais ils devront éviter les erreurs.

«Le Tournoi des Maîtres est vraiment unique, a souligné Thomas, mardi en point de presse. Tous les meilleurs joueurs sont là, bien sûr, mais notre plus grand adversaire est probablement nous-mêmes. C'est tellement facile de se sortir de la lutte sur un tel parcours. Cette semaine, mon objectif est simplement de ne pas me battre moi-même.»

Spieth, justement, a gâché ses chances lors des deux dernières présentations du tournoi avec des coups ratés sur le 12e trou. «Cela reste mon tournoi préféré», a-t-il toutefois déclaré mardi, en conférence de presse. «Le parcours est très particulier, avec ses trous sinueux et ses dénivelés importants. Il faut jouer plusieurs coups d'instinct et cela me convient parfaitement.»

De vieux renards aux aguets

Si le parcours du club Augusta National exige des talents d'improvisation, il demande aussi une bonne dose d'expérience, sur les verts en particulier. Pas étonnant dans ces conditions que trois des favoris soient d'anciens champions totalisant pas moins de neuf titres entre eux.

Bubba Watson, vainqueur en 2012 et 2014, voudra surtout faire oublier ses déboires de 2017, quand il avait raté sa qualification pour la première fois de sa carrière à Augusta et s'en était pris aux médias en déclarant: «Jouer au golf est difficile, écrire des articles est facile!»

L'Américain de 38 ans, qui s'était ensuite excusé, a expliqué mardi: «Il y a des choses dont on ne parle jamais, des choses qui se produisent loin des micros et des caméras, qui affectent notre humeur et nos performances. Je dirai simplement que j'ai traversé des périodes plus sombres, mais que ma vie est au bon endroit actuellement. Le golf est facile quand on joue librement!»

Avec déjà deux victoires cette saison, Watson a retrouvé ce jeu créatif qu'on avait surnommé «Bubba Golf» à l'époque de ses premiers exploits à Augusta.

Un autre gaucher, Phil Mickelson, semble lui aussi avoir retrouvé la touche magique qui lui a permis de remporter trois titres au Tournoi des Maîtres. À 47 ans, l'Américain pourrait devenir le plus vieux vainqueur du tournoi. Jack Nicklaus avait 46 ans, en 1986, quand il a remporté son 18e titre majeur à Augusta.

Un autre vieux renard aimerait se mêler à la lutte pour le veston vert: Tiger Woods. Absent depuis 2015, le golfeur de 42 ans a subi plusieurs interventions chirurgicales au dos et son retour au premier plan cette saison relève un peu du miracle. Difficile de prédire quel sera son niveau, mais ses quatre titres du Tournoi des Maîtres montrent qu'il peut bien faire à Augusta sans être au sommet de son art.

Justin Thomas disait un peu plus tôt cette saison qu'il aurait aimé affronter Woods quand ce dernier était au sommet de sa carrière. David Duval, qui a eu ce «privilège», a répliqué: «Tu parles, qu'il aurait aimé ça! Il n'a aucune idée de ce que c'était, jouer contre lui à l'époque!»

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