Au fil des 79 ans d'histoire du tournoi des Maîtres, un seul golfeur a inscrit un score de 1 sur la longue et déroutante normale-3 que représente le quatrième trou. Encore aujourd'hui, la balle se trouve dans un endroit très spécial.

« J'ai donné la balle à ma mère, a raconté Jeff Sluman. Elle l'a apportée avec elle dans son tombeau. »

La première de quatre normales-3 au Augusta National n'obtient pas toute l'attention que celle portée aux deux dernières. Ceci s'explique par le fait qu'elle arrive en début de ronde, et aussi parce qu'il ne s'y trouve aucun obstacle d'eau - comme c'est le cas aux 12e et 16e trous - ni d'ascension abrupte, comme au sixième. Il s'agit tout simplement d'un des tests les plus exigeants sur tout le parcours.

Sluman a été surpris d'apprendre que personne n'avait réussi un trou d'un coup jusqu'à ce qu'il réalise l'exploit lors de la ronde initiale, en 1992. Il avait inscrit des oiselets lors des deux premiers trous, puis une normale au troisième.

Il s'est alors présenté sur le quatrième tertre, et a été confronté à un coup de départ de 212 verges en direction d'un fanion blotti à l'arrière-gauche du vert, lui-même protégé par une immense fosse de sable à l'avant et par une autre, à gauche de la cible.

« Il arrive parfois de réussir un as malgré un coup de mauvaise qualité, a rappelé Sluman. Celui-là fut l'un des plus beaux que je pouvais effectuer. J'ai utilisé un fer-4, frappé un coup coupé. La balle a abouti au bas de la pente et est tombée dans la coupe comme s'il s'agissait d'un roulé d'une distance d'un pied. »

Aucun autre trou d'un coup n'est survenu sur le quatrième vert, ce qui n'étonne pas Sluman.

« C'est possiblement l'un des trous les plus difficiles à Augusta », estime-t-il.

Depuis le tout premier tournoi des Maîtres en 1934, le trou numéro 4 n'a fait l'objet que d'une seule altération d'importance. C'était en 2006, lorsque les jalons de départ ont été reculés de 35 verges, portant la distance à 240 verges. L'objectif de cette décision était de respecter la philosophie de Bobby Jones, le créateur de l'événement, qui croyait qu'il fallait utiliser un fer long ou un bois d'allée au départ.

L'Australien Adam Scott y a connu tellement d'ennuis qu'il a songé à laisser son premier coup à court du vert.

« Ce n'est pas la pire des solutions. C'est un pensez-y-bien. Ça vous donne une idée à quel point ce trou est difficile. Si vous expédiez votre balle au-delà du vert, les choses peuvent se compliquer. »

En émettant ce commentaire, peut-être Scott avait-il une pensée pour Phil Mickelson. Lors de la ronde finale de 2012, Mickelson évoluait au sein du dernier groupe lorsque son coup de départ a donné contre la tribune réservée aux spectateurs.

Sa balle s'est retrouvée dans un boisé, mais au lieu d'accepter un coup de pénalité et de retourner au tertre, Mickelson s'est transformé en golfeur droitier le temps de deux coups. Il a finalement dû se contenter d'un score de six et a raté la prolongation par deux coups.

« Vous devez le considérer comme la plus difficile des normales-3 », soutient Scott.