Jordan Spieth s'est préparé pour un dernier coup roulé, une affaire de quelques centimètres, rien de plus. Soudainement, il a reculé. Après tout, c'était un roulé important, pour tourner une page d'histoire du prestigieux Tournoi des Maîtres.

Après avoir pris son temps, Spieth a calé le court roulé sur le 18e vert, vendredi. Ce faisant, il a inscrit son nom dans le livre des records pour le meilleur score après 36 trous, une marque qui existait depuis presque quatre décennies.

En 1976, Raymond Floyd avait affiché un score cumulatif de 131 à mi-tournoi, chemin faisant vers un triomphe par huit coups. Spieth a fait mieux que Floyd par un coup, retranchant 14 coups à la normale grâce à deux rondes durant lesquelles il a réussi 15 oiselets et commis un seul boguey.

Le Texan de 21 ans était en voie de se sauver du reste du peloton, à l'exception, peut-être, de Charley Hoffman. Mais même ce dernier, malgré une ronde de 68, vendredi, aura fort à faire pour combler les cinq coups d'écart.

«C'est vraiment cool, a déclaré Spieth, qui a enchaîné avec une carte de 66, vendredi, après sa spectaculaire ronde de 64 la veille. Chaque fois que tu établis un record, c'est cool, mais de le faire ici, c'est pas mal incroyable.»

En temps normal, le score cumulatif de 135 de Hoffman serait suffisant pour lui permettre d'occuper le sommet du classement. Mais pas de la façon dont Spieth mate le parcours d'Augusta National.

«Je me sens vraiment bien cette semaine. Je ne suis pas très nerveux», a confié le jeune prodige.

La lutte pour la deuxième place est plus serrée. Les Anglais Paul Casey (68) et Justin Rose (70), de même que l'Américain Dustin Johnson (67) affichent des scores cumulatifs de 137, un de mieux que Phil Mickelson (68), seul au sixième rang. Le vétéran Ernie Els a joué la normale vendredi pour une fiche cumulative de 139.

Si le passé est garant de l'avenir, Spieth recevra probablement le Veston vert des mains de Bubba Watson dimanche.

Herman Keiser, en 1946, Jack Nicklaus, en 1975, et Floyd, l'année suivante, détenaient tous des avances de cinq coups à la veille du troisième parcours. Les trois golfeurs ont ensuite gagné le tournoi.

«Il est spécial, a loué Els. Aucune facette de son jeu ne ressort, parce qu'il fait tout très bien. Il sera difficile à battre.»

Pendant que Spieth attirait toute l'attention, Tiger Woods a livré une performance encourageante, ramenant une carte de 69, pour une fiche cumulative de 142, deux coups sous la normale. De son côté, le numéro un mondial Rory McIlroy a marché sur un fil de fer pendant une bonne partie de la journée de vendredi.

Après avoir complété le neuf d'aller en 40 coups, quatre au-dessus du par, McIlroy s'est ressaisi en deuxième moitié de parcours, grâce à quatre oiselets et un aigle. Il a ramené une deuxième carte consécutive de 71 et il se trouve à égalité avec Woods et le champion en titre, Bubba Watson (71).

«J'aurais aimé ne pas être obligé de jouer un tel neuf de retour pour me retrouver avec une fiche de moins-2 pour l'ensemble du tournoi, a ironisé McIlroy. Mais je suis fier de la façon dont je me suis battu. De retrancher cinq coups à la normale sur le deuxième neuf représente un bel effort. J'ai besoin de quatre autres neuf trous comme celui-là pour avoir une chance.»

Vingt-quatre heures après avoir retranché un coup à la normale, le vétéran Tom Watson a été exclu des rondes du week-end, après un score de 81, vendredi. Le Canadien Mike Weir a lui aussi été éliminé après une deuxième ronde de 81, un coup de mieux que la veille.

Son compatriote Corey Connors, un amateur, a ramené une carte de 69 vendredi, mais combiné à son score de 80, jeudi, il n'a pas été en mesure de franchir le seuil de qualification, établi à 146.

La journée de vendredi a aussi marqué le chant du cygne pour le vétéran Ben Crenshaw. Après une difficile première journée, lors de laquelle il avait joué 91, le Texan a inscrit un score de 85 vendredi. Malgré un score cumulatif de 176, le double vainqueur du Tournoi des Maîtres a eu droit à une chaleureuse ovation sur le 18e vert.