La dernière fois qu'on avait entendu parler de lui, Julien Trudeau avait perdu la finale de l'émission Big Break, au Golf Channel. Le professionnel québécois, qui a fait ses études aux États-Unis et qui y est demeuré pour tenter de faire carrière, était venu bien près d'obtenir ce fameux «gros coup de pouce», car le vainqueur de la série méritait la chance de disputer des tournois sur le circuit de la PGA.

Mais Julien a perdu. «Ç'a été dur, a-t-il raconté cette semaine au téléphone. Ça m'a pris un peu de temps à m'en remettre, puis je me suis mis à penser à mon avenir. Cette défaite, aussi cruelle soit-elle [en prolongation], m'a fait comprendre que je n'avais peut-être pas ce qu'il fallait pour réussir sur les circuits professionnels.»

Installé en Arizona, il s'est déniché un boulot de cadet dans un club privé, avant de devenir le cadet du golfeur canadien Chris Baryla, sur le circuit Nationwide. «Chris s'est blessé, et j'en ai profité pour contacter des golfeurs que je connaissais, Graham DeLaet en particulier, pour leur offrir mes services, a expliqué Julien.

«DeLaet m'a rappelé quelques semaines plus tard, après en avoir parlé à Chris, et nous travaillons ensemble depuis juin 2012. J'avais déjà côtoyé Graham, mais nous n'avions pas vraiment eu la chance de devenir de grands amis. Cette fois, ç'a tout de suite cliqué. Nous avons vraiment beaucoup de plaisir ensemble; on forme une sorte de "Canadian Connection" et les amateurs semblent l'apprécier.

«Pour ce qui est du golf, j'essaie surtout de ne pas déranger sa concentration, il joue tellement bien depuis quelques mois. Je me contente de lui donner ses bâtons et de le garder dans un bon état d'esprit.

«Mon expérience de golfeur est certainement un atout. Je comprends bien ce qui se passe dans sa tête et j'essaie de l'aider à prendre les bonnes décisions. Il y a d'ailleurs plusieurs anciens golfeurs professionnels parmi les cadets sur le circuit de la PGA, certains ont même déjà joué à ce niveau, et notre tournoi annuel est très relevé.»

Mieux payé

Après des années de vaches maigres à courir la gloire sur les parcours, Julien découvre cette année l'autre côté de la médaille. La formidable progression de DeLaet lui a permis de rafler pas moins de 2,6 millions jusqu'ici cette saison, et Trudeau en profite.

«Les cadets du circuit sont payés de deux façons: un salaire de base (de 1000 $ à 1500 $ par semaine), puis 5% des gains, explique Julien. On obtient toutefois 7% de la bourse pour un classement dans le top 10 et 10% en cas de victoire. Mon ami Dave Skitt (directeur du Championnat de Montréal) me disait la semaine dernière que je serais parmi les meilleurs boursiers du Circuit canadien avec mes revenus cette saison!»

Lors des deux derniers tournois du circuit de la PGA, DeLaet a terminé deuxième et troisième, des performances qui ont permis à Trudeau de toucher plus de 75 000 $ en prime, et il approche les 200 000 $ de bonis cette saison. «C'est assez incroyable et je me considère très chanceux», reconnaît Julien. Et il n'y a pas que l'argent...

«Nous allons nous rendre à Dublin, en Ohio, dans quelques semaines pour la Coupe du Président (l'équivalent international de la Coupe Ryder). Et Graham est déjà qualifié pour les tournois majeurs, la saison prochaine, ce qui veut dire que nous irons à Augusta, pour le Masters, puis aux Omniums des États-Unis et de Grande-Bretagne. Partout, nous sommes reçus comme des rois. C'est vraiment une vie de rêve quand on aime le golf comme moi.»

Aussi cadet de sa fiancée

Un autre avantage de la nouvelle carrière de Trudeau, c'est qu'il a du temps libre. Un golfeur de premier plan joue habituellement une trentaine de compétitions chaque saison, ce qui laisse plusieurs mois de vacances à son cadet.

La semaine dernière, profitant d'une pause au calendrier de la PGA, Julien était au Colorado pour, le croirez-vous, porter les bâtons d'une golfeuse sur le circuit Symetra.

C'est qu'il y a un autre volet au conte de fées que vit actuellement le Québécois. Il avait rencontré, lors du tournage de l'émission Big Break, la golfeuse américaine Mallory Blackwelder, participante chez les femmes. Le charme de Julien, les beaux yeux de Mallory et un coup de pouce de Cupidon les ont réunis, et ils sont toujours ensemble deux ans plus tard. Le couple a annoncé récemment ses fiançailles.

«Je l'ai dit, je me considère très chanceux. Un peu comme si la chance m'avait finalement rattrapé après toutes les épreuves que j'ai dû traverser.»

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CETTE SEMAINE

PGA

> CHAMPIONNAT BMW

Au club Conway Farms de Lake Forest (Chicago), Ill.

Bourse: 8 millions, 1,44 million au champion

Champion en titre: Rory McIlroy, Irlande du Nord

Notes: Le peloton de ce troisième des quatre tournois «éliminatoires» de la PGA réunit les 70 premiers du classement de la Coupe FedEx. Au terme du tournoi, seuls les 30 premiers seront qualifiés pour le Championnat du Circuit, la semaine prochaine, à Atlanta.

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LPGA

> CHAMPIONNAT EVIAN

Au club Evian Masters d'Évian-les-Bains, France.

Bourse: 3,25 millions, 487 500 $  à la championne

Championne en titre: Inbee Park, Corée du Sud

Notes: L'événement devient cette saison le cinquième tournoi majeur du circuit féminin. Park a remporté les trois premiers de la saison - le Kraft Nabisco, le Championnat de la LPGA et l'Omnium féminin des États-Unis - et pourrait être la première à remporter quatre titres majeurs en une saison.

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EUROPÉEN

> OMNIUM KLM

Au club Kennemer de Zandvoort, aux Pays-Bas.

Bourse: 2,37 millions, 395 280 $ au champion.

Champion en titre: Peter Hanson, Suède.

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CHAMPIONS

Le circuit fait relâche cette semaine, avant le Championnat d'Hawaii, du 20 au 22 septembre à Kapolei.

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EUROPÉEN SENIOR

> OMNIUM SENIOR DE RUSSIE

Au Country Club de Moscou, Russie.

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QUÉBÉCOIS

> COUPE ADIDAS

Au club de Whitlock, du 11 au 13 septembre

Note: Il s'agit du championnat par trous en équipe du circuit de l'AGPQ, remporté l'an dernier par Yvan Beauchemin et Jérôme Blais.