Le Mexicain Esteban Toledo a réussi un spectaculaire coup d'approche au troisième trou de prolongation pour remporter le Championnat de Montréal, dimanche, au club La Vallée du Richelieu. Issu des quartiers pauvres de Mexicali, à la frontière des États-Unis, formé à la boxe, Toledo a littéralement servi un knock-out à l'Américain Kenny Perry, meneur du classement du circuit, alors pourtant qu'il semblait dans les câbles.

Les deux joueurs, qui avaient terminé le tournoi à 211 (-5), avaient réussi des normales aux deux premiers trous de la prolongation, chaque fois au 18e trou, avant d'aller s'affronter sur le 10e, une normale 3 de 220 verges. Perry avait atteint le vert et semblait en bonne position, puisque son rival avait frappé son coup de départ dans l'herbe longue, mais Toledo a calé son coup d'approche et s'est sauvé avec le premier chèque de 240 000 $ d'une bourse totale de 1,6 million.

«C'est sûrement l'un des plus beaux moments de ma carrière. J'avais déjà gagné un autre tournoi en prolongation cette saison, mais le faire de cette façon, avec un coup d'approche qui disparaît dans la coupe, c'est vraiment excitant, a raconté le champion, qui a célébré sa victoire en mimant un crochet du poing gauche.

«J'étais un dur dans ma jeunesse et, même si je me comporte comme un gentleman sur les terrains, mon expérience de boxeur m'aide sans doute à être très compétitif, à toujours me battre pour la victoire. Je croyais bien que Kenny [Perry] se sauverait avec la victoire sur le deuxième neuf, mais j'ai quand même cru en mes chances et j'ai été récompensé.»

Perry, qui a joué un 70 (-2) en troisième ronde, s'en voulait d'avoir raté plusieurs occasions tout au long de la journée. «Je n'ai pas réussi un seul oiselet après le 11e trou et mon boguey au 17e m'a coûté la victoire», a-t-il estimé.

L'Américain se déplaçait en voiturette et boitillait visiblement chaque fois qu'il devait se déplacer. «On m'a livré de nouvelles chaussures au début de la semaine et elles ne sont visiblement pas ajustées, a-t-il raconté. Aujourd'hui, je tentais simplement de me rendre au bout de cette ronde. Mais ce n'est pas une excuse. Nous jouons tous avec des bobos!»

Déjà solide meneur du classement de la Coupe Charles Scwhab, Perry repart de Montréal avec la consolation d'avoir pu accroître son avance sur ses principaux concurrents.

Deux erreurs de trop pour Langer

Le meneur après deux rondes, l'Allemand Bernhard Langer, a gâché un avantage de trois coups en commettant deux doubles bogueys. «C'est facile de se mettre dans le pétrin sur un parcours comme celui-ci, et c'est ce que j'ai fait aujourd'hui», a expliqué Langer.

«Au quatrième trou, j'ai raté mon coup de départ et je n'ai pu éviter une fosse de sable où je n'avais aucune chance de jouer un bon coup. Puis au 16e, j'ai encore raté mon coup de départ et j'ai forcé mon deuxième coup, qui s'est retrouvé dans l'eau... Et comme je n'ai jamais été en mesure de réussir le moindre oiselet jusqu'au18e trou, je me suis complètement sorti du tournoi, alors que j'avais de bonnes chances de l'emporter.»

C'est finalement l'Américain Duffy Waldorf qui a pris la troisième place grâce à un oiselet au 18e trou qui lui a permis de réussir une ronde de 70, bonne pour un cumulatif de 212 (-4). Langer s'est retrouvé à égalité au quatrième rang avec le Sud-Africain David Frost, le Suédois Anders Forsbrand et l'Américain Michael Allen.

Disputée dans des conditions idéales - alors qu'on avait prévu le pire -, la dernière ronde a mis la touche finale à une autre présentation sans faille du Championnat de Montréal. Le parcours Rouville de La Vallée du Richelieu a obtenu des éloges de tous les golfeurs, et les spectateurs ont eu droit à une compétition de très haut niveau.

Les organisateurs n'ont encore rien confirmé, mais le tournoi sera assurément de retour la saison prochaine, l'entente avec la PGA étant encore valide pour deux ans. La compétition pourrait être disputée dans la région de Québec, l'Omnium canadien étant présenté au club Royal Montréal l'été prochain.

«Nous allons sans doute aller à Québec pour un an ou deux, a reconnu le directeur du tournoi, Dave Skitt. Mais c'est certain que nous aimerions revenir éventuellement sur le Rouville, un parcours qui a prouvé cette semaine qu'il serait digne d'un tournoi régulier de la PGA.»