Le golfeur champion amateur du Québec, celui qu'on voit sur les affiches promotionnelles des Jeux du Canada, a bien failli rater le rendez-vous de Sherbrooke. Hugo Bernard aurait eu une bonne raison puisqu'il aurait participé au prestigieux Championnat amateur des États-Unis. Mais après avoir manqué sa qualification de peu dernièrement, il fait contre mauvaise fortune bon coeur sur le parcours du Club Milby cette semaine.

«Le US amateur est un ou sinon le plus grand tournoi amateur au monde, évoque-t-il. Ç'aurait été une belle occasion pour moi. Si je m'étais qualifié, je ne serais pas ici en ce moment parce que le tournoi a lieu en même temps.»

Bernard n'a pas ruminé la déveine longtemps et c'est avec la candeur de ses 18 ans que le gaillard s'est élancé, mercredi, à la conquête de l'or aux Jeux du Canada. Pourquoi s'en faire quand on a la vie devant soi?

«C'est le "fun", on a une bonne équipe, le Québec, dit-il, après avoir remis une carte de 72, un coup sous la normale, à l'issue de la première journée. On s'entraide parce qu'on veut gagner le tournoi par équipe. Mais l'objectif pour chacun demeure de se concentrer sur son propre jeu.»

Au bout des 72 trous de la compétition, on va couronner la meilleure province (en additionnant les scores des deux meilleurs éléments des trois joueurs de l'équipe) ainsi que les trois meilleurs au classement individuel, gars et filles.

Jouant en compagnie d'Étienne Papineau et de Raphaël Lapierre-Messier, Bernard ne fait pas de cachette qu'il a dans sa mire les deux médailles d'or à l'enjeu. Il a les moyens de ses ambitions, à titre d'un des jeunes golfeurs les plus doués des dernières années au Québec.

«Il fait partie de cette catégorie-là, affirme son entraîneur Daniel Langevin. C'est un athlète au potentiel de développement extrêmement élevé. Ses qualités athlétiques sont extraordinaires. Il est comme un diamant brut qui reste à polir.

«Il est bon dans tous les aspects du jeu, renchérit-il, sans être dominant dans l'un ou l'autre. C'est un long frappeur, il est calme au jeu. Il ne se laisse pas facilement désarçonner par les situations, ce qui est une qualité primordiale au golf.»

Convoité aux États-Unis

Les aptitudes du golfeur né à Gaspé, arrivé en bas âge à Mont-Saint-Hilaire, sur la Rive-Sud de Montréal, ont vite été remarqués au pays de l'Oncle Sam. Pas moins de 12 universités américaines ont été à ses trousses, du jamais vu pour Langevin. Bernard a finalement accepté l'offre de bourse d'études complète de l'Université South Florida, dans la région de Tampa.

Il n'y fera sa rentrée qu'en septembre 2014 parce qu'on tient à ce qu'il termine ses études collégiales au cégep André-Laurendeau, et qu'il peaufine sa maîtrise de l'anglais. Ça s'inscrit dans le plan établi, au cas où il reviendrait au Québec faire des études universitaires.

«Hugo aurait pu aller en Floride dès cette année, explique l'entraîneur. Nous aurions pu aussi l'envoyer jouer partout sur la planète, mais nous ne voulons pas brûler d'étape. Il est très bon, mais il n'est pas Rory McIlroy ou Tiger Woods.

«C'est au cours des prochaines années qu'il va nous montrer jusqu'où il peut aller», note Langevin.

Le jeune homme, lui, ne manque pas de cran. Il voit grand et loin: une carrière chez les pros dans la PGA et une participation aux Jeux olympiques. Le golf y fera sa rentrée aux Jeux de Rio, en 2016.

«Ce sont pour moi davantage des objectifs que des rêves parce que je les juge très réalisables. Un rêve, c'est plus quelque chose d'inaccessible, tu n'y crois pas vraiment. Moi, je pense vraiment que je peux connaître une belle carrière sur la PGA et aller aux Jeux olympiques», tranche-t-il.