À une époque où les tournois majeurs sont généralement organisés sur des parcours monstrueux de 7500 verges et plus, la présentation du 113e Omnium des États-Unis sur le parcours Est de Merion est un curieux anachronisme.

Construit sur un terrain d'à peine 125 acres, le parcours ne mesure que 6995 verges, à peine 6900 quand on joue des tertres avancés, comme ce sera le cas un jour ou deux sur certaines longues normales 3. Mais il n'y a que deux trous à normale 5, et la plupart de ceux à normale 4 semblent tout droit sortis d'un labyrinthe.

Bref, il s'agit là d'un parcours où la taille du cerveau est plus importante que celle des bras. La liste des vainqueurs du tournoi avec notamment Bobby Jones, Ben Hogan et Lee Trevino témoigne d'ailleurs des exigences de Merion. Et si l'Australien David Graham, le dernier vainqueur en 1981, est moins connu, sa ronde finale est encore considérée aujourd'hui comme l'une des plus brillamment planifiées de l'histoire de l'Omnium.

«Ce n'est pas un omnium comme ceux auxquels nous avons été habitués récemment, mais ce sera un tournoi très spécial», a reconnu hier Mike Davis, patron de l'Association américaine de golf, en conférence de presse.

«Selon moi, Merion a résisté au passage du temps mieux que n'importe quel autre parcours aux États-Unis. Même si les bâtons et les balles ont changé, même si les trajectoires des coups ne sont plus les mêmes, les golfeurs auront la chance d'affronter des difficultés similaires à celles que Hogan, Jones ou Trevino ont affrontées.»

Une caricature?

En théorie, ce retour aux sources est prometteur, mais la pluie joue un mauvais tour aux organisateurs depuis plusieurs jours déjà. Le parcours Est n'est jamais plus difficile que lorsque la sécheresse transforme ses verts en billards, ses allées en patinoires, et que les uns et les autres ne retiennent que les meilleurs coups.

Gorgé d'eau, le terrain n'est plus qu'une pâle copie de Merion, voire une caricature, et des dizaines de préposés travaillent jour et nuit depuis le week-end dernier pour tenter de sauver les meubles. Et les officiels essaient déjà de prévoir tous les scénarios possibles pour éviter toute controverse autour de l'application des règles quand les joueurs devront déplacer leur balle.

Le vétéran Ernie Els, deux fois vainqueur de l'Omnium des États-Unis (1994, 1997), a estimé cette semaine qu'on pourrait enregistrer des pointages très bas. «Les joueurs en forme auront beaucoup plus de chances d'oiselets. Si quelqu'un est vraiment dans un grand jour, on pourrait avoir des records.»

«Terriblement exigeant»

L'Irlandais du Nord Graeme McDowell, champion en 2010, a déclaré mardi en conférence de presse qu'il doutait qu'on voie des pointages de 62 ou 63, comme certains le prédisent. «Même humide, ce parcours reste terriblement exigeant, a-t-il dit. Il faut quand même être précis, éviter l'herbe longue. Le moindre coup erratique oblige pratiquement le joueur à perdre un coup juste pour sortir du rough

«Cela dit, c'est vrai que les conditions ne sont pas idéales pour les joueurs qui, comme moi, ne sont pas les plus longs sur les tertres de départ. Mais c'est l'Omnium des États-Unis, le tournoi le plus exigeant pour les nerfs, selon moi.

«La recette du succès ne sera pas différente: s'accrocher jusqu'au dimanche après-midi et tenter de survivre aux cinq derniers trous, les plus difficiles que j'ai eus à jouer à l'Omnium des États-Unis.»