Certains parcours offrent toujours aux meilleurs joueurs la chance de se démarquer. D'autres ne réussissent, au contraire, qu'à les embêter. Le TPC Sawgrass est de ceux-là.

On en aura une autre preuve ce week-end à l'occasion du 40e Championnat des joueurs. Longtemps considéré comme le «cinquième» tournoi majeur, celui-ci semble avoir perdu de son lustre depuis qu'il est disputé en mai (plutôt qu'en mars), et s'il n'y avait pas une bourse totale de 9,5 millions à la clé, on peut parier que plusieurs joueurs-vedettes passeraient leur tour.

Le coupable est Pete Dye, l'architecte du parcours, qui a visiblement trop bien travaillé. Mieux que quiconque, Dye sait que le golf est affaire d'observation et de trajectoire. Quand ils doivent jouer un coup, les joueurs observent leur cible et déterminent la trajectoire que devra suivre la balle pour l'atteindre.

C'est simple, n'est-ce pas? Dye est venu mettre un peu de piquant dans tout ça.

Tiger Woods, qui n'a gagné qu'une seule fois à Ponte Vedra Beach - il y a une éternité (en 2001) -, a levé le voile hier sur les raisons qui expliquent le «malaise» des joueurs avec ce parcours.

«Le TPC Sawgrass est l'un de ces parcours qui vous imposent des trajectoires difficiles, rarement les mêmes, et si vous êtes mal disposé, ça paraît très vite ici, a raconté le numéro un mondial mardi en conférence de presse.

«Certains trous plaisent à mon regard et je sais tout de suite ce que je dois y faire; d'autres, la plupart en fait, me posent davantage problèmes. Ça dépend beaucoup du vent, bien sûr, mais aussi des coups que je maîtrise le mieux à ce moment-là. Certains jours, je suis plus à l'aise avec des crochets de droite à gauche (draw), et d'autres jours, je frappe mieux de gauche à droite (fade).

«Ici, les doutes commencent sur le tertre, alors qu'il ne faut justement pas rater son coup de départ, a poursuivi Woods. Et maintenant qu'ils ont changé l'herbe sur les verts (Bermuda grass), les coups d'approche ne pardonnent guère eux non plus. Même autour des verts, on est obligé de jouer toutes sortes de petits coups «funky» auxquels on n'est pas habitué.»

Pas de surprises

Woods reconnaît que Dye a été honnête avec les joueurs. «Il ne nous cache rien, souligne-t-il. Les tertres de départ pointent habituellement directement vers les ennuis! Malheureusement, la marge d'erreur est souvent limitée. Près des verts, les ennuis sont généralement tout autour.

«Le 17e est un bon exemple, tout le monde en conviendra. J'ai déjà été obligé de frapper un fer 5 sur ce trou un jour de grand vent. Croyez-moi, ce n'est pas évident de frapper un fer 5 sur ce trou, l'un des coups les plus difficiles que j'aie eu à jouer.»

L'histoire du Championnat des joueurs montre que les joueurs ont avantage à bien amorcer le tournoi, les remontées étant pratiquement impossibles le week-end. Woods n'a toutefois jamais réussi à jouer moins de 70 en première ronde, même lorsqu'il a gagné.

«Je n'ai sans doute jamais réussi à contrôler tous les aspects de mon jeu en même temps ici, a rappelé le joueur de 37 ans. Certaines années, je frappais bien mes coups de départ, mais pas mes fers; d'autres années, mes approches étaient à point, mais ça n'allait pas sur les verts...

«J'ai eu de bons moments cette saison, les meilleurs depuis plusieurs années, a estimé Woods. Peut-être cela se poursuivra-t-il à Sawgrass...»