Un seul des 156 joueurs inscrits au Championnat de la PGA a eu la chance de disputer un tournoi d'envergure sur le mythique Ocean Course de Kiawah Island: l'Espagnol Jose Maria Olazabal, qui a pris part à la Coupe Ryder de 1991.

Curieusement, aucun tournoi majeur n'a été disputé sur ce qui est souvent considéré comme le parcours le plus redoutable des États-Unis. Kiawah Island est une presqu'île de la Caroline-du-Sud qui compte plusieurs parcours de golf, mais aucun n'a la réputation du Ocean Course.

À 7676 verges et avec pas moins de 10 trous en bordure immédiate de l'océan Atlantique, le parcours est un formidable test de golf. Le Sud-Africain Ernie Els, qui aurait joué en 1991 s'il avait été Américain ou Européen, se souvient d'avoir assisté à la compétition.

«L'architecte Pete Dye s'est surpassé avec ce parcours, mais il a été juste pour les joueurs, a expliqué Els, la semaine dernière, en conférence de presse. Toutes les difficultés sont là, sous vos yeux, et il n'y a pratiquement pas de coups à l'aveuglette.

«Par contre, c'est évident que le vent peut influencer le niveau de difficulté. En 1991, je me souviens d'avoir vu des joueurs frapper des longs fers et des bois d'allée sur le 17e, une normale 3. La semaine dernière, on m'a dit que les joueurs y frappaient des fers 8 à l'entraînement...»

Els aime comparer le Ocean Course aux links britanniques. «Je ne crois pas qu'il y ait un autre parcours hors du Royaume-Uni où le vent joue un rôle aussi important. Si le vent souffle comme il en est capable à Kiawah Island, le vainqueur du tournoi jouera au-dessus de la normale...

«Dans de telles conditions, il faut faire preuve d'imagination, inventer des coups différents et s'adapter aux difficultés qui surgissent devant vous, a poursuivi Els. J'aime ce type de golf, comme j'ai été capable de le montrer en dernière ronde de l'Omnium britannique au club Royal Lytham. Je crois qu'il faudra encore jouer de cette façon cette semaine.»

Des favoris appliqués

La semaine dernière, trois des favoris - Tiger Woods, Adam Scott et Graeme McDowell - ont hypothéqué leurs chances au Championnat Brigestone-WGC en préférant disputer une ronde d'entraînement à Kiawah Island, le mardi, plutôt que sur le parcours du club Firestone.

Les trois sont probablement ceux qui ont eu les meilleures chances de gagner un tournoi majeur cette saison sans le faire. McDowell était du dernier groupe, le dimanche, à l'Omnium des États-Unis et à l'Omnium britannique; Scott a gâché une avance de quatre coups avec quatre trous à jouer en Grande-Bretagne; et Woods aurait facilement gagné au Royal Lytham s'il avait eu un peu de succès sur les verts.

«Le Ocean Park est vraiment un grand terrain de jeu, surtout avec la pluie des derniers jours, a raconté Woods en conférence de presse. La moitié des trous se jouent avec le vent de face, l'autre moitié avec le vent de dos, mais ce ne sont pas nécessairement les mêmes d'une journée à l'autre!

«J'aime mon jeu en ce moment. Du tertre au vert, cela fait longtemps que je n'ai pas été aussi régulier. Et cela va mieux sur les verts, mes coups roulés partent toujours dans la direction voulue.»

Jouer à Kiawah Island a permis à Scott de poursuivre son processus de «guérison» après la catastrophe de l'Omnium britannique. «J'étais en état de choc, un peu engourdi, mais je ne me suis pas refermé sur moi-même pour panser mes blessures, ce n'est pas mon genre», a expliqué l'Australien.

«En fait, je n'avais pas à me «soigner»; mon élan est vraiment à point, mon jeu est excellent, a poursuivi Scott. Je ne dois pas laisser la déception du Royal Lytham m'empêcher de tirer profit de la façon dont je joue présentement.

«Je me suis contenté de quelques jours de repos. J'ai toutefois retenu les leçons de ces quatre derniers trous qui sont devenus une source de motivation pour moi. La prochaine fois, je réagirai différemment, c'est certain.»

McDowell a lui aussi gâché de belles occasions, même si cela a été moins spectaculaire que Scott. L'Irlandais du Nord reste toutefois un redoutable spécialiste des parcours difficiles. Il a remporté l'Omnium des États-Unis de 2010 à Pebble Beach, sur un parcours qui n'est pas sans rappeler celui de Kiawah Island.

La logique fait donc de Woods, Scott et McDowell trois joueurs à surveiller avec attention cette semaine. Mais la logique a rarement sa place au Championnat de la PGA, et dans tous les tournois majeurs, en fait. Depuis la victoire de Padraig Harrington au championnat de 2008, 16 joueurs différents ont enlevé les titres en Grand Chelem.

L'année dernière, Keegan Bradley est devenu seulement le troisième joueur en un siècle à remporter le premier tournoi majeur qu'il disputait. Difficile donc de prédire le nom du champion, voire d'un favori. Comme l'a dit Ernie Els, le vainqueur pourrait bien être le parcours lui-même...

Le plus relevé des tournois majeurs

Le Championnat de la PGA est chaque année le plus relevé des quatre tournois majeurs. Les 108 premiers joueurs du classement mondial font partie du peloton de 156 joueurs. Pas moins de 32 vainqueurs de tournois majeurs sont au départ de la 94e présentation du championnat.

Ils seront confrontés à un test à leur mesure. Même s'il n'a jamais accueilli un tournoi majeur, le Ocean Course de Kiawah Island est entré dans la légende du golf en 1991 à l'occasion d'une Coupe Ryder mémorable. Après deux défaites et une égalité, les Américains étaient prêts à tout pour reprendre la Coupe et la compétition avait été surnommée The War on the Shore par les médias locaux.

Pendant trois jours, les joueurs des deux équipes se sont livré une vive lutte dans une ambiance à la limite de la sportivité. Tout s'est décidé lors du dernier simple, entre l'Américain Hale Irwin et l'Allemand Bernhard Langer. Les deux joueurs étaient à égalité au dernier trou, mais Irwin a raté son coup d'approche et n'a pu faire mieux qu'un boguey, concédé par Langer.

L'Allemand avait un roulé de 45 pieds pour un oiselet et une normale lui suffisait pour assurer sa victoire et permettre aux Européens de conserver la Coupe. Son premier roulé s'est arrêté à six pieds du trou et, après une attente interminable, il a raté le second de justesse... Les Américains gagnaient 14 1/2 à 13 1/2.

Jamais un joueur n'a eu à porter de façon si évidente le poids de la défaite en Coupe Ryder. Langer a mis longtemps à s'en remettre. Encore aujourd'hui, il avoue être incapable de revoir les images de son coup raté...

Souhaitons qu'aucun joueur n'ait à vivre pareille déception, dimanche, sur le vert du 18e trou à Kiawah Island.