L'Omnium des États-Unis est régulièrement disputé en Californie et Tiger Woods, qui en est originaire, en a profité pour signer quelques-uns des plus grands exploits de sa carrière. Deux dates viennent évidemment à l'esprit: 2000 et 2008.

Lors de l'Omnium de 2000, disputé sur le célèbre parcours de Pebble Beach, Woods a réussi ce que plusieurs considèrent encore aujourd'hui comme l'un des plus grands exploits de l'histoire du golf. Son copain Mark O'Meara, qui agissait un peu comme mentor à l'époque, avait eu un avant-goût de ce qui se préparait en début de semaine pendant une ronde d'entraînement.

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«Je n'ai vraiment aucune chance de gagner ce tournoi, avait-il confié à sa femme en rentrant à l'hôtel. Tiger est si fort qu'il va écraser tout le monde. Il va gagner par 10 coups!»

L'analyste Johnny Miller, lui-même ancien champion de l'Omnium, s'était informé auprès d'O'Meara et des entraîneurs de Woods. Le jeudi, au début de la diffusion de la première ronde, il y était allé d'une prédiction audacieuse: «Tiger va réussir cette semaine un exploit dont les gens parleront encore dans 100 ans.»

On connaît la suite. Tiger a remporté le tournoi avec une priorité de 15 coups sur ses plus proches rivaux Ernie Els et Miguel Angel Jimenez. Sa fiche de 272 (-12) égalait la marque de l'Omnium, alors pourtant qu'aucun autre golfeur n'avait pu faire mieux que +3...

Miller avait raison. Cette victoire à Pebble Beach a été la première du fameux «Tiger Slam», Woods remportant les trois autres tournois majeurs au cours des mois suivants, pour ainsi s'imposer à tout juste 25 ans comme le meilleur golfeur de sa génération, sinon de tous les temps.

Une autre facette du Tigre

L'histoire a été toute différente en 2008, mais Woods y a démontré une autre facette de son talent: le courage.

À court de compétition en raison d'une blessure au genou gauche qui avait nécessité une arthroscopie deux mois auparavant, Tiger était en fait encore plus mal en point qu'on le soupçonnait. Il s'était en effet infligé une double fracture de stress au tibia gauche et devait endurer une douleur intense chaque fois qu'il s'élançait.

Chose certaine, il n'était plus le joueur dominant du début des années 2000 et personne ne croyait en ses chances. Mais l'Omnium était disputé sur le parcours de Torrey Pines à San Diego, pratiquement dans sa cour, et Woods croyait pouvoir compenser sur une jambe.

Il l'a fait! Engagé dans un duel en prolongation avec son compatriote Rocco Mediate - ils avaient été les seuls à compléter les quatre rondes réglementaires sous la normale à -1 - Tiger a dû jouer pendant cinq jours et comme si ce n'était pas suffisant, il a encore dû jouer un trou supplémentaire pour battre Mediate et remporter son troisième Omnium des États-Unis.

À bout de forces, Woods avait annoncé deux jours plus tard qu'il mettait fin à sa saison pour subir une intervention chirurgicale au genou gauche et entamer une longue convalescence.

On ne le savait pas encore, mais cette 14e victoire en tournois majeurs était également sa dernière... pour l'instant.

Pour toutes sortes de raisons, Woods a beaucoup à gagner cette semaine à San Francisco. Le parcours de l'Olympic Club est fait sur mesure pour lui avec ses difficiles normales quatre, son 16e trou de 670 verges et deux normales cinq parmi les trois derniers trous.

Renouer avec la victoire en Grand Chelem achèverait sans doute de réparer les dégâts que ses frasques conjugales ont causés à son image. Ses dernières performances, l'engouement qu'elles ont suscité à la télévision, montrent que les amateurs de golf lui ont déjà pardonné.

Reste le «grand public», celui justement qui sera à l'écoute, dimanche, pour suivre la dernière ronde et qui est déjà prêt, lui, pour un autre exploit.