Vous arrive-t-il de rêver que vous êtes sur le tertre du 12e trou à Augusta, le dimanche, en dernière ronde du Tournoi des Maîtres? Vous êtes en tête, évidemment, mais là, ça devient plus compliqué...

Baptisé «Golden Bell», du nom des petites fleurs jaunes qu'on trouve habituellement en Géorgie à cette période de l'année, le 12e trou du parcours Augusta National est l'une des normales trois les plus célèbres et les plus redoutées du golf.

Au beau milieu du fameux «Amen Corner», entre le terrible 11e - une normale quatre de 505 verges -, et le traître 13e - une normale cinq de 510 verges -, le 12e trou est en apparence si facile...

Il suffit de frapper un coup d'environ 150 verges sur un vert certes peu profond, mais très large. Bon, il y a un ruisseau à l'avant, trois profondes fosses de sable savamment disposées, mais le coup semble être à la portée de n'importe quel golfeur un peu doué.

Et pourtant, non. Tous, même les plus grands, redoutent le moment où ils doivent choisir dans leur sac le bâton avec lequel ils frapperont ce coup «facile».

Ben Hogan a déjà dit: «Ce coup n'est pas impossible, bien au contraire. On dirait simplement qu'il exige plus d'habiletés que nous en avons le dimanche après-midi à Augusta...»

Personne n'est à l'aise sur le tertre du 12e, sauf peut-être en début de semaine, quand ça ne compte pas, comme l'a déjà dit Tiger Woods.

La coupe est habituellement placée dans la section centrale du vert, la plus étroite, avec une fosse à l'avant et deux à l'arrière. Le vent tourbillonne sans cesse, donnant souvent l'impression qu'il souffle de toutes les directions en même temps. Sam Snead a déjà comparé les courants d'air du 12e aux jets d'eau dans un bain-tourbillon...

On a vu des joueurs frapper un fer 6 une journée et un cocheur le lendemain. On a aussi vu des joueurs frapper un fer 4 hors limite au-delà du vert quand le vent s'était soudainement calmé, puis encore un fer 4 au beau milieu du vert quand il soufflait à nouveau.

Jack Nicklaus disait qu'il attendait toujours que les fanions des verts du 12e et du 11e - à peine 100 verges à gauche - soient pointés dans la même direction, ce qui n'est pas toujours le cas. Ben Hogan, lui, plus métaphysique, expliquait qu'il ne frappait la balle que quand il sentait le vent sur sa joue gauche.

Dans leurs rêves, tous les golfeurs réussissent habituellement leurs coups, mais le 12e alimente aussi bien des cauchemars.

Tom Weiskopf, qui y a inscrit un 13 en 1980 après avoir frappé 5 balles à l'eau, prétend que le 12e trou est la seule raison pour laquelle il n'a jamais remporté le Tournoi des Maîtres, même s'il y a terminé quatre fois deuxième. Et plusieurs autres ont gâché leurs chances en ratant ce fameux coup si facile.

Dans toute l'histoire du tournoi, seulement trois joueurs ont réussi à dompter le 12e avec un trou d'un coup: Claude Harmon (1947), William Hyndman (1959) et Curtis Strange (1988). Aucun n'a jamais osé s'en vanter, de peur que le trou ne prenne sa revanche...

Photo: AP

Sam Snead a déjà comparé les courants d'air du 12e trou de l'Augusta National aux jets d'eau dans un bain tourbillon.