On a assisté le week-end dernier, lors de la Classique Honda, à la première manche d'un duel qui s'annonce spectaculaire entre Rory McIlroy et Tiger Woods. Le jeune Nord-Irlandais s'est sauvé avec la victoire - et le titre de numéro 1 mondial, mais Woods a disputé sa meilleure ronde en trois ans, pour remonter jusqu'au deuxième rang.

Les deux hommes, séparés par plus de 14 ans, n'ont jamais vraiment été en compétition jusqu'ici au cours de leur carrière. «À 10 ans, j'imaginais que je devais caler un roulé pour battre Tiger ou Phil Mickelson quand je voulais me motiver sur le vert d'entraînement», a d'ailleurs indiqué McIlroy, dimanche, en conférence de presse.

«Ce sont les deux meilleurs joueurs de cette génération et Tiger a prouvé qu'il était le meilleur par une bonne marge. J'espère atteindre un jour la stature de ces grands joueurs...»

Le golfeur de 22 ans est évidemment bien parti et il semble avoir acquis cette saison une assurance qu'il n'avait pas encore l'an dernier quand il a remporté son premier titre majeur, à l'Omnium des États-Unis. Plus mince, bien entouré, il maîtrise parfaitement un élan sans faille et joue avec une grande confiance sur les verts grâce aux conseils du réputé Dave Stockton.

Dimanche dernier, alors qu'il devait assurer sa victoire, il a sauvé plusieurs normales avec des coups roulés de plus de sept pieds. «C'est ce qui a fait la différence», a reconnu McIlroy, qui avait souvent gâché des occasions sur les verts plus tôt dans sa carrière.

De son côté, Woods a donné un spectacle digne de ses meilleures années. Son deuxième coup au 18e trou, un long fer au-dessus de l'eau pour préparer un aigle, n'était pas sans rappeler le fameux coup qu'il avait frappé à Glen Abbey, en 2000, pour remporter l'Omnium canadien.

«Je savais que j'étais près d'une telle performance, a noté Woods dimanche. Tout s'est mis en place aujourd'hui, sur les verts en particulier. Je pense que j'avais simplement besoin de temps. J'ai changé d'entraîneur et j'ai été blessé une bonne partie de l'année dernière, mais j'ai commencé à mettre les pièces du casse-tête ensemble en fin de saison.

«Je devais être patient, faire confiance au processus. Je frappe davantage de coups solides, je réussis de plus en plus de coups roulés, la vitesse de mon élan revient lentement. Tout se remet lentement en place comme avant...»

De son vainqueur, Woods a souligné la constance. «On ne peut être numéro 1 sans être constant, et c'est ce que Rory réussit depuis plusieurs mois. Il est pratiquement toujours en position pour gagner les tournois, pratiquement toujours dans le top 10.»

Quand les journalistes lui ont demandé s'il croyait retrouver bientôt une telle constance, Woods s'est contenté de répondre: «On verra bien...», tout en arborant le grand sourire qu'on n'avait pas vu depuis fort longtemps.

Vivement le Tournoi des Maîtres!

La vérité de Tiger

La publication d'extraits du nouveau livre de Hank Haney, The Big Miss, sur ses années avec Tiger Woods, a suscité beaucoup d'intérêt... et la colère du joueur. L'entraîneur y «dévoile» notamment que Woods a sérieusement pensé à abandonner le golf, il y a quelques années, pour se joindre à une division d'élite de l'Armée américaine. Il y parle aussi des difficultés du joueur à composer avec la pression dans sa chasse effrénée aux records.

Woods a déploré le «manque de professionnalisme» de son ancien entraîneur, mais il a refusé de commenter les «révélations» du livre, même pour les démentir. Ceux qui suivent le joueur depuis ses débuts savent que Woods a toujours protégé sa vie privée et même professionnelle très jalousement. Peu de gens ont véritablement gagné sa confiance et Haney n'était visiblement pas l'un d'eux, comme il le reconnaît dans le livre.

On ne connaîtra sans doute jamais la vérité de Tiger Woods. Lui seul pourrait la dévoiler, mais ce n'est pas dans sa personnalité, encore moins après les incidents qui ont entaché sa carrière en 2009.