C'est en 1973 que Jocelyne Bourassa a remporté le premier Omnium canadien professionnel, sur le parcours du club Municipal de Montréal. Le Municipal... ça vous donne une idée du temps qui s'est écoulé depuis cet exploit.

Pourtant, près de 38 ans plus tard, Bourassa demeure le visage du golf féminin au Québec. Elle est une très populaire présidente honoraire de l'Omnium CN, cette semaine au club Hillsdale, et elle ne compte toujours pas son temps pour continuer de promouvoir le golf féminin.

«Je n'ai pas de fonction très précise cette semaine, alors j'en profite pour me promener et rencontrer les gens», a-t-elle raconté, hier, au cours d'une entrevue sans cesse interrompue par des connaissances et des amateurs désireux de la saluer.

En passant près de nous, un père a expliqué à ses deux fils: «C'est la reine du golf au Canada!» Les deux garçons se sont empressés de faire autographier leur chandail et Jocelyne Bourassa s'est exécutée, inscrivant sa griffe entre celles des vedettes actuelles de la PGA.

«J'ai passé une partie de la journée avec trois joueuses juniors, a-t-elle raconté. J'ai essayé de leur montrer l'envers du décor, tout ce qu'une golfeuse doit accomplir en plus de frapper des balles...»

Les trois jeunes filles ne pouvaient évidemment trouver meilleur professeur. Après sa retraite en 1979, Bourassa a été pendant plus de 20 ans la directrice de l'Omnium canadien. Aujourd'hui, un peu plus dans l'ombre, elle reste très engagée auprès de la relève.

«Je suis fière d'avoir participé à la création d'un circuit féminin canadien qui a aidé à développer plusieurs joueuses de talent, Lorie Kane par exemple, a-t-elle rappelé. Et plusieurs autres cognent à la porte de la LPGA. Cette semaine, j'essaie de les encourager chaque fois que je le peux.»

Hier matin, avertie que sa protégée Samantha Richdale avait des ennuis sur le premier neuf, elle a trouvé le temps d'aller la suivre quelques trous. «Avant de la laisser, j'ai griffonné quelques conseils sur un bout de papier pour l'aider à affronter les journalistes après sa ronde!»

Habile communicatrice, Bourassa insiste beaucoup sur l'importance d'une formation complète pour les jeunes golfeuses. «Le développement des programmes sport-études au Québec est une très bonne chose. Il faudrait maintenant trouver une façon de mieux former les éducateurs physiques et surtout impliquer les professionnels des clubs», estime Bourassa.

Si elle applaudit l'amélioration de l'encadrement des meilleures joueuses de la relève - «Elles disposent de conseillers pour la nutrition, la psychologie, la préparation physique...», souligne-t-elle - Jocelyne rappelle que ce n'est pas suffisant pour former des champions.

«Ça prend quelque chose de plus, une étincelle, une volonté d'aller plus loin. Plus que tout, je crois que nos meilleures jeunes joueuses doivent être leur propre patronne. Elles doivent prendre leurs décisions elles-mêmes, pas réaliser les rêves des autres...»

La relève au rendez-vous

Bourassa ne doute pas des qualités des jeunes joueuses québécoises et elles lui ont donné raison hier.

Maude-Aimée Leblanc a encore été solide avec une ronde de 71 et son total de 141 (-3) la qualifie aisément pour les rondes du week-end. «J'étais très nerveuse aujourd'hui et ç'a n'a fait qu'empirer à mesure que j'approchais du 18e trou, a reconnu la jeune femme de Sherbrooke.

«Je voulais éviter les erreurs et j'ai très bien frappé mes fers, bien placé mes coups de départ aussi. J'aurais pu faire encore mieux si j'avais réussi quelques coups roulés de plus. La foule a été merveilleuse, même si cela ajoutait encore à la pression.»

De son côté, Sara-Maude Juneau a ajouté un 73 à son 72 de la veille et son total de 145 ("1) l'a laissée à deux coups de la qualification. «Je n'ai pas aussi bien joué qu'hier, a-t-elle reconnu. Je suis quand même satisfaite de cette expérience.»

La jeune femme de 23 ans était suivie par une cinquantaine de parents et amis de Fossambault - son patelin dans la région de Québec. Venus pour la plupart en autobus spécialement pour l'occasion, ils étaient faciles à reconnaître. Mon cadet m'a demandé si je savais qui étaient ces gens, a raconté Juneau. Je lui ai répondu que je les connaissais tous!»

La Montréalaise Danielle Mills ("3) a été éliminée, non sans avoir livré une belle lutte avec notamment trois oiselets sur le neuf d'aller. Isabelle Beisiegel, de Mont St-Hilaire ("7), a aussi subi l'élimination.