Tous les tournois majeurs sont importants, mais aucun ne ressemble davantage à un championnat du monde du golf que l'Omnium britannique. Avec des joueurs en provenance de 21 pays, des journalistes de tous les continents et cette manie bien anglaise de nommer l'événement «The Open « l'«Omnium», comme s'il n'y en avait qu'un seul , ce tournoi est vraiment un événement.

Supervisé par le Royal and Ancient de St. Andrews (R&A), l'Omnium britannique est disputé en rotation sur neuf parcours de Grande-Bretagne. Il revient cette année au Royal St. George de Sandwich, sur la côte sud-est de l'Angleterre, pour la cinquième fois depuis 1981. En 2003, l'Américain Ben Curtis y a remporté une victoire aussi étonnante que sans lendemain. Dix ans plus tôt, c'est l'Australien Greg Norman qui avait enlevé la victoire.

Si vous suivez le tournoi à la télé au cours des prochaines matinées, ne soyez pas étonné par l'ampleur des foules. Jamais l'Omnium n'est-il présenté aussi près de Londres et les amateurs débarquent toujours très nombreux des trains rapides qui relient la capitale à Sandwich en à peine une heure.

Les choses se compliquent un peu quand on arrive dans la petite ville du Kent...

Les routes sont étroites, il n'y a pratiquement qu'une rue qui mène au club, au bord de la mer, et la circulation est évidemment très dense. Le flegme britannique n'est toutefois pas une légende et tout se déroule dans le calme et la patience.

Mais revenons au golf. J'ai eu la chance, il y a une vingtaine d'années, de visiter les clubs célèbres d'Écosse. St. Andrews, Troon, Carnoustie... Le Royal St. George ne leur cède rien en ce qui a trait à la qualité du parcours.

Il s'agit d'un véritable «link» qui ondule au milieu des dunes de foin en bordure de ce qui est déjà la mer du Nord dans cette région. Il faut d'abord et avant tout une bonne dose d'imagination pour aborder un tel parcours.

Il suffit de quelques pas dans l'allée du premier trou pour comprendre qu'on n'aura jamais les pieds à plat pour frapper un coup; de se tenir debout sur le tertre des 12e et 13e trous pour mesurer la force du vent qui souffle de la mer; de tenter un coup roulé sur le vert du 15e pour plaindre tous ceux qui auront à le faire plus tard ce week-end avec une tonne de pression sur les épaules.

Les conditions météorologiques sont évidemment variables et on peut déjà être assuré qu'on en aura pour tous les goûts ce week-end.

Après deux très belles journées, dimanche et lundi, les golfeurs ont affronté au cours des derniers jours les conditions fraîches et très venteuses qu'ils risquent de retrouver pendant le tournoi.

Hier matin, au 11e trou - une normale trois de 243 verges contre le vent -, seul Phil Mickelson a réussi à atteindre le vert d'un coup de décocheur. Ses partenaires de jeu, Steve Stricker, Bill Hass et Mark Laskey, sont restés bien en deçà.

On a allongé le parcours de 105 verges depuis l'Omnium de 2003, mais on a surtout ramené la normale de 71 à 70. Le quatrième trou, qui était une normale cinq de 497 verges, est maintenant une normale quatre de 495 verges.

Autre changement important, plusieurs allées ont été élargies et l'herbe longue est moins dense qu'en 2003. On se rappellera que Tiger Woods avait perdu sa balle au premier trou après avoir «échappé» son coup de départ. Son triple boguey lui avait sans doute coûté la victoire puisqu'il avait terminé le tournoi à deux coups de Curtis, à égalité au quatrième rang. L'allée du premier trou a été élargie d'une douzaine de verges, comme celles des 17e et 18e trous.

Peter Dawson, directeur du R&A, a expliqué hier que la décision n'avait rien à voir avec la balle perdue de Tiger. «Seulement 27 ou 28% des golfeurs avaient atteint l'allée du premier trou en 2003, a-t-il rappelé. C'était évidemment ridicule et nous avons décidé de rendre les conditions de jeu plus équitables pour tous les golfeurs.

«Pour le reste, le parcours est fin prêt, a assuré Dawson. Ce sera encore un test exigeant, comme toujours ici au Royal St. George. Nous avons un peloton exceptionnel de golfeurs, avec tous les meilleurs du classement mondial.»

L'absence de Tiger Woods passe d'ailleurs bien davantage inaperçue cette semaine que le mois dernier à l'Omnium des États-Unis. Après tout, l'Omnium lui-même est bien plus important que ceux qui y prennent part...

À l'exception peut-être de Seve Ballesteros, grand joueur espagnol décédé récemment d'un cancer au cerveau, qui a marqué l'histoire du golf européen comme aucun autre. Les organisateurs et les participants ont décidé de lui dédier ce 140e Omnium britannique.

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Quelques chiffres

14 - Le Royal St. George accueille l'Omnium britannique pour la 14e fois. Seuls les clubs de St. Andrews (28), Prestwick (24) et Muirfield (24) ont reçu l'Omnium plus souvent.

1894 - C'est cette année-là que le tournoi a été disputé pour la première fois au club St. George. Il s'agissait aussi d'un premier Omnium hors de l'Écosse.

VII - Le roi Édouard VII a accordé le patronage royal au club St. George de Sandwich en 1902.

156 - Le peloton de l'Omnium est imposant et, contrairement à d'autres tournois, tous les joueurs s'élancent du premier tertre. Le premier groupe amorcera sa ronde à 6h30 ce matin, tandis que le dernier devra patienter jusqu'à 16h11.