Le club Fontainebleau accueille cette semaine l'élite du golf senior à l'occasion du Championnat de Montréal, épreuve du circuit des Champions de la PGA. Les Hale Irwin, Corey Pavin et autres Tom Kite n'ont plus l'énergie de leurs 20 ans, mais leur expérience leur permet de compenser la puissance perdue.

Le circuit des Champions pouvait difficilement rêver d'une meilleure publicité. C'était en juillet 2009 à l'Omnium britannique, à Turnberry, en Écosse, dans des conditions brutales. Dimanche après-midi, Tom Watson les battait tous: Tiger Woods, Lee Westwood, Rory McIlroy, Luke Donald, Nick Watney et plusieurs autres qui n'étaient pas encore propres ou même nés quand il a gagné son premier majeur en 1975.

Le vétéran de 59 ans s'est finalement écroulé en prolongation contre Stewart Cink. Mais il a prouvé que, pendant quelques jours, un quasi-sexagénaire pouvait golfer mieux que n'importe qui.

D'autres tournois l'ont confirmé. L'année suivante, Fred Couples menait après la première ronde au Tournoi des Maîtres. Une ronde de 66, jouée sans bas et en chaussures de tennis pour ménager son dos fragile (en raison duquel il a dû annuler sa présence cette fin de semaine au Fontainebleau). Puis, trois mois plus tard, le petit cogneur Corey Pavin affrontait en prolongation Bubba Watson, un des plus puissants pros, au championnat Travelers de la PGA, au Connecticut. «Que le parcours soit long (comme sur la PGA) ou plus court, ça ne change pas grand-chose. Le défi reste identique. On joue tous les mêmes trous, et je dois les réussir en moins de coups que mes adversaires», a raconté plus tôt en juin le petit joueur combattif, lors d'une conférence téléphonique pour annoncer sa participation au Championnat de Montréal.

Pavin a gardé la forme. Ça n'a pas toujours été le cas des autres seniors. Mais cela a changé en bonne partie grâce aux exemples de Gary Player (plus vieux champion de l'histoire de la SPGA, à 62 ans) et Tiger Woods, pionniers du conditionnement physique chez les golfeurs. Désormais, la séance au gym ressemble plus à la règle qu'à l'exception.

Même si les pros peuvent jouer en voiturette électrique (sauf lors des majeurs) et que les tournois de trois rondes se font sans couperet, la compétition reste impressionnante sur le circuit des Champions. Plusieurs grands joueurs seront au club Fontainebleau cette fin de semaine, dont Tom Lehman (déjà trois victoires cette année), Mark Calcavecchia, David Frost, Hal Sutton, Larry Mize, Hale Irwin et Tom Kite.

Et leur désir de vaincre demeure. Plus tôt en juin, après une éreintante ronde dans une chaleur de 35 degrés, on raconte que Kite a frappé des balles pendant deux heures pour corriger son élan. Le lendemain, il jouait 28 sur le neuf d'aller. Il a 60 ans.

Même si de nouvelles recrues comme Kenny Perry ou Nick Price figurent naturellement parmi les favoris, des sexagénaires comme Kite peuvent encore gagner. Deux des trois derniers vainqueurs sur le circuit avaient plus de 60 ans (Tom Watson et Bob Gilder, celui qui avait battu Jack Nicklaus à l'Omnium du Canada en 1980 au Royal Montréal).

Jeu des comparaisons

Au-delà de ces anecdotes, comment se comparent les séniors avec les pros réguliers quand on examine les statistiques? Ils sont évidemment moins puissants. Mais ils jouent sur des parcours plus faciles et sont plus précis, ce qui leur permet d'inscrire plus d'oiselets.

La moyenne des coups de départs sur la PGA: 287,6 verges, contre 276,4 verges chez les séniors. Le plus puissant senior (Kenny Perry, 298,7 verges) reste loin derrière le gorille du circuit régulier (J.B. Holmes, 317,2 verges).

Mais les seniors atteignent plus souvent l'allée avec leur coup de départ, puis le vert en coups réglementaires avec leur approche. Les meilleurs du circuit des Champions envoient plus de quatre coups de départ sur cinq dans l'allée. Le meneur de la PGA à ce chapitre, Brian Gay, ne réussit même pas à en frapper trois sur quatre.

Même chose avec les approches. Tom Lehman domine pour les verts en coups réglementaires (78,2%), assez loin devant le plus régulier de la PGA, Bubba Watson (73,8%). En moyenne, un pro du circuit des Champions atteint douze verts en coups réglementaires par ronde, un de plus que sur la PGA. Mais la difficulté des parcours y joue sûrement pour beaucoup. En 1996, sa meilleure année à vie sur la PGA, Tom Lehman affichait une moyenne de 71,7%. Et cela le plaçait dans le top 3 à dans cette catégorie.

Tout cela se traduit bien sûr par plus d'oiselets. Lehman en compte une moyenne de cinq par ronde cette année. Mieux que n'importe qui dans la PGA - le meneur, Hunter Mahan, inscrit en moyenne 4,6 oiselets par ronde.

Au Fontainebleau, une normale 72 de 7105 verges relativement facile pour les pros, on devrait donc voir beaucoup de rouge au tableau. Pour le plus grand plaisir des spectateurs.