Larry Mize, vainqueur du premier Championnat de Montréal, l'été dernier à Blainville, est originaire d'Augusta. Adolescent, il était préposé au grand tableau indicateur installé près du vert du troisième trou pendant le Tournoi des Maîtres.

«Je passais les quatre jours du tournoi caché derrière ce tableau, manipulant sans cesse les cartons qui indiquaient les pointages inscrits à chaque trou par les meneurs. Ça nous permettait de suivre la compétition, même si on ne voyait pas grand-chose...»

Évidemment attiré par le golf, Mize a vite progressé et il a été recruté pour rejoindre l'équipe de golf de l'Université Georgia Tech. Professionnel à 21 ans, il a connu une carrière de 20 saisons sur le circuit de la PGA, avant de revenir à la compétition à 50 ans, en 2009, sur le circuit des Champions.

Vainqueur de 10 tournois professionnels en carrière, aucun de ses titres n'a eu plus de retentissement que sa victoire à Augusta, en 1987. «C'était évidemment un rêve d'enfance et le public savait que j'étais un gars de la place. J'aimerais dire que cela a été facile, mais tout le monde connaît l'histoire...»

Les amateurs plus âgés se rappellent sûrement les détails de la victoire dramatique de Mize en prolongation, mais sans doute pas les autres. Le golfeur a eu la gentillesse de les rappeler, récemment, lors d'un passage à Montréal.

«J'ai bien joué toute la semaine, mais je n'étais que cinquième avant la dernière ronde. Je me suis accroché toute la journée et j'ai réussi un oiselet au dernier trou pour une marque de 285. Greg Norman et Seve Ballesteros m'ont ensuite rejoint en tête (Norman a même failli l'emporter au 18e), et nous sommes allés en prolongation.»

Après que Ballesteros eut été éliminé au 10e trou, Mize et Norman sont arrivés au difficile 11e trou. «Je voulais éviter l'eau, à gauche, et je me suis retrouvé à une centaine de pieds du vert... Norman était juste sur la frise et je pensais bien qu'il réussirait son coup. J'ai pris un cocheur de sable, j'ai visé un point devant le vert et j'ai frappé...»

Le coup, qu'on voit régulièrement dans les meilleurs de l'histoire du golf, a évidemment été réussi. Sur la vidéo, on voit Mize courir quelques pas, lever les bras au ciel, puis se prendre la tête entre les mains. Norman, qui a connu plusieurs revers du genre au cours de sa carrière, a raté l'oiselet et Mize est entré dans la légende d'Augusta.

«Je savais que ce coup allait changer ma vie et il l'a fait. On m'en parle pratiquement tous les jours pendant la saison de golf et il reste ma carte de visite. J'ai eu une belle carrière, mais gagner à Augusta a défini ce que les gens vont en retenir.»

Son titre au Masters permet également à Mize d'être chez lui au très sélect club Augusta National. Encore cette semaine, il sera au départ du tournoi. Il n'a jamais raté le rendez-vous depuis 1984 et s'est encore classé pour les rondes finales en 2009, à 50 ans.

Le «gars de la place» ne reconnaît toutefois plus le parcours de son enfance. «Quand j'ai gagné, en 1987, le parcours mesurait 6925 verges, a expliqué Mize. Cette année, il sera presque à 7500 verges!

«Le jeu a évolué, c'est vrai. La technologie permet de frapper plus loin et les joueurs sont souvent plus grands et plus forts. Ça devient difficile pour des joueurs plus âgés, comme moi, qui n'ai jamais été un long cogneur. Jack (Nicklaus) avait 46 ans lors de sa dernière victoire (en 1986). Je ne crois plus que ce soit possible de réussir pareil exploit aujourd'hui.»

Qu'importe le résultat, Mize retrouvera Augusta avec plaisir cette semaine. Et chacune de ses rondes sera autant de longues randonnées sur le chemin de ses souvenirs.