Il y a la Coupe FedEx qui vient de s'achever dans - il faut l'avouer - une relative indifférence. Et il y a la Coupe Ryder, le spectacle par excellence, le Super Bowl du golf, qui commence aujourd'hui.

Pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi. Pendant les 50 premières années, il s'agissait seulement d'une rencontre bisannuelle où les Britons se faisaient allègrement varloper par les habitants de l'ancienne colonie.

Tout a changé en 1979. En décidant d'inclure les représentants de l'Europe continentale pour prêter main-forte aux professionnels de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, on a permis au grand Severiano Ballesteros de mettre un peu beaucoup de piments forts dans l'omelette. Seve n'avait pas peur d'enflammer l'opposition avec des déclarations orageuses, se faisant critique des Américains et même de l'Amérique.

Pour les Yankees de l'époque, le monde était divisé en deux: ceux qui vivaient aux États-Unis et ceux qui en rêvaient. Ballesteros ne se gênait pas pour dire qu'il préférait son Espagne natale et l'Europe en général aux USA. La bouffe, les filles, tout était mieux dans les vieux pays. S'il n'avait été qu'un bon joueur, il aurait sans doute passé pour un autre jaloux du «wonderful American way of life». Mais Seve n'était pas qu'un bon joueur. Il était le Tiger Woods de son temps, un mélange de puissance, de créativité et d'enthousiasme. Nick Faldo a déjà dit de lui qu'il était le Cirque du Soleil du golf. Avec son compatriote Jose-Maria Olazabal, qui n'était pas un manchot lui non plus, il a formé la plus redoutable équipe de l'histoire de la Coupe. Les Euros ont commencé à gagner et la Coupe Ryder a pris une ampleur presque démesurée, du grand bonheur golfique.

La composition des équipes

La Coupe Ryder 2010 promet d'être des plus civilisées. Aucune tête folle ni d'un côté ni de l'autre, sauf peut-être Ian Poulter, qui ne se gênera pas pour mettre un peu d'huile sur le feu si l'occasion se présente.

Les capitaines Corey Pavin (États-Unis) et Colin Montgomerie (devinez) ont la tâche de former les paires et de choisir qui va jouer, car il n'y a que huit joueurs de chaque équipe qui s'affrontent dans chacun des quatre premiers matchs. Tu veux faire jouer tout le monde, mais tu veux aussi faire jouer tes meilleurs car il y a 16 points en jeu pour les quatre matches en équipe et 12 dans les matches individuels. Il est arrivé plusieurs fois que la Coupe soit à peu près assurément gagnée avant même le début des matches à un contre un.

La composition des équipes est d'une grande importance et c'est pourquoi les capitaines sont souvent montrés du doigt pour les insuccès de leur équipe.

Souvenons-nous de Hal Sutton qui avait osé mettre ensemble le Tigre et Mickelson, les numéros un et deux mondiaux, les deux plus grandes vedettes. Hal Sutton vit maintenant en Bosnie-Herzégovine sous le nom de Hrydzvyk Krycklvnyckybcyx.

On pouvait prévoir que Tiger Woods et Steve Stricker feraient de nouveau équipe, car ils ont eu beaucoup de succès ensemble à la Coupe des Présidents. Les frères Molinari, champions de la Coupe du monde, devraient former une équipe formidable tout comme les McNuggets, Rory McIlroy et Graeme McDowell.

Personnellement, j'aime bien être jumelé à un partenaire qui joue un peu le même genre de partie que moi et je pense qu'il en est de même à la Coupe Ryder. Ce n'est pas pour rien que Phil Mickelson fait équipe avec Dustin Johnson, un autre joueur explosif qui peut empiler les oiselets. J'aimerais bien aussi voir Ricky Fowler et Bubba Watson ensemble, ils pourraient nous en mettre plein la vue. Furyk est hot en ce moment et est le genre de joueur qu'on peut jumeler avec n'importe qui; Overton, Kuchar, Cink, Zack Johnson ou Mahan - le capitaine Pavin aura l'embarras du choix.

Du côté des Européens, Lee Westwood revient d'une blessure au mollet (une chose qui ne serait jamais arrivée du temps où il ne soulevait jamais rien de plus lourd qu'une pinte de Guinness) et demeure un point d'interrogation. J'adore le jeune McIlroy: quelle classe, quel élan! Ma blonde dit qu'il a une vieille âme. Je lui ai demandé ce que cela voulait dire, je n'ai pas très bien compris l'explication, mais la connaissant, je suis sûr que ça a bien de l'allure. De jumeler McIlroy avec le champion de la PGA Martin Kaymer en lever de rideau contre l'équipe vedette de Mickelson et Johnson pourrait donner le ton à cette Coupe Ryder. Ce point sera énorme pour un côté comme pour l'autre.

De toute façon, on va avoir droit à tout un spectacle et une très bonne équipe va l'emporter. Je prédis une victoire des États-Unis, mais j'espère que l'Europe va gagner.

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Jean-Louis Lamarre est professionnel au club de golf Beloeil.