Le 139e Omnium britannique marque cette année le 150e anniversaire de ce tournoi majeur et c'est tout naturellement sur l'«Old Course» du club de St. Andrews qu'il sera disputé.

Tiger Woods, déjà deux fois vainqueur sur ce parcours (2000 et 2005), rêve d'y retrouver un peu du lustre qu'il a perdu ces derniers mois, mais s'il y a un endroit au monde où les mésaventures du Tigre risquent de passer au second plan, c'est bien à St. Andrews.

Le club écossais, considéré comme le «berceau» du golf, a connu une longue liste de champions et tous les golfeurs rêvent d'y remporter le fameux «Claret Jug», le trophée qu'on remet depuis 1873 au vainqueur de l'Omnium britannique. Pour les amateurs écossais, férus d'histoire et de légendes, les frasques de Woods sont tout juste bonnes à alimenter les manchettes des journaux à scandales. Et c'est avec plaisir qu'on parlera davantage du golf cette semaine.

Oublions donc un peu les petites histoires et concentrons-nous sur la grande, celle dont on se souviendra dans 100 ans.

Bobby Jones, Sam Snead ou Jack Nicklaus ont remporté l'Omnium à St. Andrews, mais c'est peut-être Arnold Palmer qui a le plus contribué à la popularité internationale du tournoi, en 1960, justement pour son centenaire.

À l'époque, les joueurs américains avaient délaissé le tournoi - trop éloigné, trop différent - pour se concentrer sur un circuit de la PGA en pleine expansion. En 1960, pourtant, Palmer décida de se rendre à St. Andrews dans l'espoir de réussir le mythique «Grand Chelem» du golf, ce qu'aucun golfeur n'avait accompli avant lui.

En fait, la notion même de Grand Chelem était encore assez abstraite. Seul Ben Hogan s'en était approché en 1953, en remportant le Tournoi des Maîtres, l'Omnium des États-Unis et l'Omnium britannique, avant d'échouer au Championnat de la PGA, mais personne n'en avait beaucoup parlé à l'extérieur des milieux du golf.

Les voyages transatlantiques étaient plus complexes dans les années 1950 et les deux dernières levées du Chelem étaient programmées à seulement deux semaines l'une de l'autre, ce qui rendait l'exploit pratiquement impossible.

En 1960, Palmer était une méga-vedette et il avait déjà remporté le Tournoi des Maîtres et l'Omnium des États-Unis. Dans l'avion qui l'amenait en Grande-Bretagne, il a raconté aux journalistes qu'il visait «The Grand Slam», ce qui fut évidemment repris dans tous les médias.

Palmer n'a pourtant pas remporté l'Omnium britannique cette année-là (il en a gagné deux consécutifs en 1961 et 1962) et il n'a jamais réussi le Grand Chelem, pas plus qu'aucun autre golfeur d'ailleurs.

Mais l'idée même d'un tel exploit a contribué à ramener les meilleurs golfeurs en Grande-Bretagne et aucun champion en quête d'exploit n'oserait plus s'abstenir de prendre part à l'Omnium britannique.

Cinquante ans plus tard, un autre chapitre de l'histoire du golf est sur le point d'être écrit. On n'en connaît pas encore les détails, ni même les héros, mais on en reparlera sûrement dans quelques dizaines d'années...