L'histoire de Daniel Talbot dans le monde du golf professionnel a toujours été une question de millimètres. Au début des années 80, il avait raté de justesse l'obtention de sa carte sur le Circuit de la PGA en ratant son examen à la dernière étape. Puis, le scénario s'est répété en 2004 lors des qualifications du Circuit des Champions alors qu'il avait été exclu en prolongation.

À 57 ans, il s'est donc pointé avec enthousiasme au Championnat de Montréal, présenté par Desjardins, après avoir reçu une exemption en vue de participer au club Le Fontainebleau à cet événement du Circuit des Champions.

«C'est ma première expérience dans un tournoi du Circuit des Champions même si j'ai tenté en quelques occasions de mériter une place lors des épreuves de qualifications», a rappelé Talbot.

«Mais je suis confronté à un problème majeur à la veille du début de la compétition puisque mes bâtons sont non réglementaires. La règle sur les rainures a en effet été modifiée au début de la saison sur les circuits sanctionnés par la PGA. Cette nouvelle règle ne s'applique toutefois pas sur notre circuit. De plus, dans les boutiques au Canada, on vend encore l'équipement avec les anciennes rainures», a expliqué Talbot.

«Si le tournoi avait lieu aux États-Unis, j'aurais pu prendre des bâtons sur place. Mais ce n'est pas le cas chez nous. Je suis donc allé fouiller dans mon vieux coffre à bâtons et j'ai déniché quelques anciens modèles réglementaires.

«À l'époque la technologie n'existait pas pour avoir des rainures prononcées. Je peux jouer avec ces bâtons, mais cela ne veut pas dire que je suis confortable. Cela a surtout un effet sur mes «wedges». Ainsi avec un «wedge de sable», je frappe la balle à 82 verges. Avec un nouveau bâton, est-ce que je vais frapper à 87 ou 82 verges? La différence est énorme dans certains cas. Cela peut se traduire par une chance d'oiselet ou encore une occasion de bogey», a analysé Talbot.

Comble de malheur, Talbot qui a joué lors des compétitions pro-am de mercredi, n'était pas inscrit pour les compétitions amicales du jeudi. Cela veut donc dire qu'il sera en pays inconnu en début de tournoi avec ses cocheurs.

«Après les pro-am, le parcours sera fermé. Je peux seulement tester mes nouveaux bâtons dans le champ de pratique. Or, quand on connait la fréquence des coups frappés avec des «wedges» dans une ronde de golf, on réalise que je vais devoir me battre comme un diable dans l'eau bénite. Rien n'empêche que je vise toujours trois rondes sous la normale», a poursuivi Talbot.

A-t-il songé à un moment donné de déclarer forfait!

«Jamais! Je sais que je vais avoir de la pression parce que le tournoi est disputé chez nous et je ne veux pas passer pour un incompétent. Mais j'ai toujours fait de la compétition parce que j'aimais la poussée d'adrénaline que cela donne. Et, je suis convaincu que j'aurai cette poussée d'adrénaline lors du tournoi», a conclu Talbot.

Est-ce qu'une bonne prestation l'incitera à tenter sa chance à nouveau aux qualifications annuelles à la fin de la présente saison: «À 57 ans, je commence à être vieux pour cette compétition. D'ailleurs, il suffit de regarder la liste des gagnants pour réaliser que, mis à part Tom Watson, ce sont les joueurs dans le début de la cinquantaine qui domine le Circuit des Champions».