Pour un golfeur, les trous à normale trois font l'objet d'un intérêt tout particulier. Est-ce la proximité du vert, l'assurance d'y inscrire une marque avec un seul chiffre, le rêve d'y réussir un trou d'un coup?

Ces trous peuvent toutefois se transformer en monstres redoutables, même les plus courts.

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Le 17e trou du TPC Stadium Course à Sawgrass, site du Championnat des joueurs, est l'un de ces trous qui nourrissent les cauchemars de plusieurs golfeurs. Parlez-en à notre chroniqueur invité Jean-Louis Lamarre, qui vous raconte ici ses douloureux souvenirs du 17e.

Ce trou n'est pourtant long que de 137 verges et le vert est relativement plat. Même vous et moi pourrions y frapper une balle sans ennuis... si on arrivait à oublier que ce vert est aussi une île. La nuance a son importance et tous les golfeurs qui se pointent au 17e tertre redoutent leur prochain coup comme la pire des épreuves.

Aucun champion n'a échappé aux pièges du 17e et la liste des joueurs qui y ont perdu le tournoi est bien remplie. En 2007, en deuxième ronde du championnat, pas moins de 50 balles ont été frappées dans le lac en une seule journée, un record de la PGA.

Plus de 100 000 balles sont d'ailleurs récupérées dans les eaux du lac chaque année, malgré les tortues et les crocodiles qui y vivent et qui attaquent parfois les plongeurs.

Le 17e peut aussi récompenser les audacieux, comme Brad Fabel, qui y a réussi le premier trou d'un coup en compétition, en 1986. Les dieux du golf s'amusèrent toutefois aux dépens de Fabel, 12 ans plus tard, quand une mouette s'approcha de la balle qu'il venait de frapper en sécurité sur le vert. La foule et le golfeur suivirent incrédules le volatile qui prit la balle dans son bec, s'envola et la laissa tomber au beau milieu du lac! Le 17e avait eu sa revanche.

Curieusement, ce trou si réputé n'était pas prévu sur le plan original de l'architecte Pete Dye. Le vert ne devait être protégé qu'en partie par un lac, mais les travaux de construction nécessitèrent l'excavation de tout le sable située sur cette partie du terrain et créèrent une vaste dépression.

C'est l'épouse de Dye, Alice, qui lui suggéra l'idée d'une île entourée d'eau en pensant à un autre trou conçu ailleurs par son mari. Bien que peu convaincu, l'architecte refit son dessin et créa un peu malgré lui son trou le plus célèbre.

Le concept a été souvent imité depuis, on peut même affronter de tels «monstres» au Québec, mais aucune normale trois récente n'exerce la même fascination que le 17e du TPC à Sawgrass.

Plus de 100 000 balles sont récupérées des eaux du lac chaque année.

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Quelques «petits» trous célèbres

La plupart des grands parcours ont au moins un trou à normale trois qui retient l'attention. En voici quelques-uns parmi les plus connus.

Le 12e au club Augusta National

À peine 140 verges et un vert assez plat, mais le 12e est vraiment le coeur de ce coin du parcours Augusta National qu'on surnomme «Amen Corner». C'est là qu'on trouve le fameux pont de pierre symbolique du Tournoi des Maîtres. Le vert, très étroit, est protégé par un ruisseau à l'avant et par une végétation très touffue à l'arrière. Plus que tout, c'est la sélection du bâton qui est essentielle ici et le vent très changeant peut forcer les golfeurs à passer d'un fer 6 une journée à un cocheur d'allée la suivante. Les champions du Masters sont habituellement heureux de s'en sortir avec une normale.

Le 7e à Pebble Beach

Ce trou fait à peine 100 verges, mais ces verges sont entourées par l'océan Pacifique et il faut des nerfs d'acier pour faire abstraction du paysage et des vagues. Quand la météo est mauvaise, ce trou devient souvent un calvaire. Le 17e est un peu similaire, avec un vert situé sur une presqu'île en bordure de l'océan. Il y a toutefois un peu plus d'espace et les golfeurs s'en tirent habituellement plus facilement, même si le trou peut avoir 100 verges de plus.

Le 16e à Cypress Point

L'un des trous les plus célèbres du golf, le 16e fait plus de 220 verges et ces verges sont occupées en grande partie par l'océan Pacifique. Il faut en effet frapper directement au-dessus d'une petite crique où viennent se briser les vagues souvent déchaînées pour atteindre le vert. Quand le vent est de la partie, ça devient presque impossible d'éviter les pièges de ce trou redoutable qui est classé année après année parmi les plus difficiles du golf professionnel.

Le 8e à Oakmont

Les photos ne rendent pas justice à ce monstre intraitable. C'est de l'avis de plusieurs experts la normale trois la plus difficile de tous les parcours qui accueillent les tournois majeurs. Oakmont est d'ailleurs le parcours qui possède le plus haut coefficient de difficulté aux États-Unis, selon la USGA et le huitième y est pour beaucoup. En 2007, pour le US Open, les professionnels devaient le jouer à 288 verges, un record pour une normale trois en tournois majeurs. Et comme si ce n'était pas assez, le grand vert ondulé est plein de pièges.

Le 8e au Royal Troon

C'est la normale 3 la plus célèbre du Royaume-Uni, même si elle n'est longue que de 124 verges, ce qui en fait le trou le plus court de tous les parcours qui accueillent l'Omnium britannique. Le vert est si petit qu'on le surnomme Postage Stamp (timbre poste) et il est protégé par cinq fosses de sable, des dénivellations nombreuses et du foin bien fourni à proximité immédiate. La moindre erreur est habituellement punie par un boguey ou pire encore.

 

Photo: AP

Le 12e trou du Augusta National est le coeur de ce coin du parcours qu'on surnomme «Amen Corner».