On dit toujours que la vraie saison de golf commence au début avril. Les parcours du sud de la Belle Province accueillent les premiers maniaques et on se prépare tranquillement à s'incruster dans un sofa pour regarder le plus beau tournoi de l'année, le Tournoi des Maîtres, ou si vous préférez, le Masters.

Cette année, c'est un peu différent. On joue déjà depuis quelques semaines et au lieu de patauger dans les habituels et déprimants marécages incolores, on a droit à des terrains superbes qui offrent des conditions de jeu qu'on ne retrouve traditionnellement qu'à la fin du mois de mai. On a même connu des températures estivales moins de deux semaines après la fin de l'hiver.

Et il y a l'autre aussi, qui bien malgré lui, attire toute l'attention médiatique sans même participer à un seul événement. En passant, on donne une note de A+ aux membres de l'équipe de relations publiques de Tiger Woods pour leur excellent travail. On s'ennuie du golfeur, de l'athlète, du magicien, les histoires de maîtresses et d'argent n'intéressent plus personne.

Quand le Masters sera en cours, je pense que le golf reprendra enfin toute sa place. Il ne faudrait surtout pas s'attendre à des miracles de la part de Tiger à sa première compétition en près de cinq mois. Malgré son immense talent, il faut tout de même un peu de temps pour enlever la rouille et se remettre en mode tournoi.

Ici au Québec, on est bien placé pour le comprendre. Tous ceux qui renouent avec la compétition, que ce soit au niveau amateur ou professionnel, après un long hiver à écouter le hockey, trouvent ça bien difficile. Pour moi, la première ronde compétitive de la saison se joue souvent le dernier vendredi du mois de mai, à l'Omnium printanier.

J'y frappe toujours une dizaine de coups qui sortent de nulle part et qui vont partout. Il y a des approches frappées solidement qui ne font que le tiers de la distance, des trajectoires de balle qui ne pourraient être reproduites qu'en laboratoire, et l'occasionnel shank, un coup aussi utile et apaisant pour l'esprit qu'un taon dans son costume de bain.

Le golf demande tellement de précision que la moindre changement de pression peut nous faire frapper des coups humiliants pendant un bout de temps. La pression s'équilibre éventuellement et on peut recommencer à jouer selon son talent, mais je ne pense pas qu'on puisse mettre la balle sur le té après une absence de cinq mois et être compétitif. Pas contre les meilleurs joueurs du monde, pas sur le monstrueux parcours d'Augusta National, même si on s'appelle Tiger Woods.

Mes favoris seraient Steve Stricker, Angel Cabrera, Ernie Els, Lee Westwood, Anthony Kim, Phil Mickelson, Ian Poulter, Stewart Cink, Rory McIlroy et l'histoire brise coeur de l'an passé: Kenny Perry.

J'espère que le temps sera mauvais chez nous pour la fin de semaine qui vient. Qui a besoin de se sentir coupable en regardant le plus beau spectacle de golf de la saison?

Bon sofa!

------------

Jean-Louis Lamarre est professionnel au club de golf Beloeil.