Une semaine après la confirmation du retour à la compétition de Tiger Woods au Tournoi des Maîtres, deux jours après la diffusion de ses deux premières entrevues télévisées, dimanche, la communauté du golf professionnel n'en a que pour lui, et les témoignages d'appui se multiplient un peu partout.

Tous ses collègues et rivaux ont répété depuis une semaine comment ils étaient heureux de son retour, combien le golf ne pouvait se passer plus longtemps de son numéro un. Ses amis les plus proches, Notah Begay, Mark O'Meara ou Charles Howell III, ont rappelé les épreuves que Woods avait affrontées depuis quelques mois et insisté sur sa nouvelle humilité.

Tout cela fait évidemment partie de la stratégie de communication savamment mise en place par les spécialistes que Woods a embauchés. Alors que Tiger n'a rien révélé dimanche qu'on ne savait déjà, les analystes de golf américains ont prétendu avec une belle unanimité qu'il avait dit ce qu'il avait à dire, et qu'on ne doit pas attendre d'autres révélations de sa part.

Curtis Strange, pourtant l'un des analystes les plus sérieux à la télévision, a défendu Woods en long et en large sur les ondes d'ESPN. Il a utilisé des mots comme «honnête» et «franc» pour décrire le golfeur, tout en soulignant qu'il fallait respecter sa vie privée. Il a aussi rappelé que Woods et sa femme étaient toujours en thérapie et qu'ils le seraient sans doute pour la durée de leur vie commune.

«Pour ma part, je ne crois pas que nous ayons droit à d'autres explications de Tiger, et je ne crois pas qu'il y en aura», a déclaré Strange.

Revenir au sommet

En fait, c'est surtout Woods le golfeur qui intéresse désormais ses rivaux.

On sait qu'il a repris l'entraînement depuis plusieurs semaines, et qu'il a même déjà disputé des rondes d'entraînement à Augusta en début de semaine.

Profitant de la diversion créée par ses entrevues télévisées et par la présence de nombreux autres joueurs vedettes à Isleworth à l'occasion de la Coupe Tavistock, Woods a quitté sa résidence avant l'aube lundi matin pour se rendre à Augusta en jet privé.

Reçu dans la discrétion par le personnel du club ultra-privé, il a joué deux rondes lundi, deux autres hier, tout en passant plusieurs heures autour des verts pour parfaire son jeu court. En principe, il rentrera à Orlando ce matin, après le départ des autres joueurs... et des médias.

John Cooke, qui est voisin de Woods en Floride et aussi membre au club d'Isleworth, a joué plusieurs rondes avec lui la semaine dernière. «Il frappe aussi loin, sinon plus, qu'il ne l'a jamais fait, a noté le vétéran. S'il peut jouer de la même façon à Augusta dans quelques jours, il sera difficile à battre.»

Woods a remporté quatre fois le Masters, la dernière en 2005. Il n'a toutefois jamais terminé plus loin que sixième depuis, avec notamment deux deuxièmes places en 2008 et 2007. Le parcours d'Augusta est l'un des préférés du golfeur, et il s'y est toujours senti à l'aise.

Dimanche, dans ses entrevues télévisées, il n'a paru «s'allumer» que lorsqu'il a été question de son retour au jeu au Tournoi des Maîtres.

«Honnêtement, je suis un peu nerveux en y pensant, a-t-il déclaré à Tom Rinaldi. Ce serait bien d'entendre des applaudissements, ici et là, mais j'espère que ce sera aussi pour souligner mes bons coups.»

Favori des parieurs, Woods mise évidemment sur un bon résultat à Augusta pour «passer à autre chose» et commencer à faire oublier ses échecs personnels. Mais la vraie mesure de sa performance sera sans doute dans son attitude.

Aura-t-on encore droit au champion un brin arrogant et colérique, qui lève le poing pour souligner chaque beau coup et frappe le sol au moindre coup erratique? Ou découvrirons-nous un nouveau Tiger, aussi «humble» que ses proches le prétendent?