La victoire d'Angel Cabrera au Tournoi de Maîtres lui vaut d'entreprendre l'Omnium des États-Unis au sein du trio vedette.

Mais cela est passé bien près de ne pas se produire. Le seul homme ayant l'occasion de remporter les quatre épreuves du Grand Chelem cette année a en effet presque raté le Tournoi des Maîtres.

Une semaine à peine avant de prendre le départ sur le parcours du Augusta National, Cabrera était si désabusé de la façon dont il jouait qu'il a pensé se retirer de ce premier majeur de la saison. De son propre aveu il ne réussissait pas ses coups roulés, ce qui laissait entrevoir le pire à Augusta.

C'est à ce moment que son mentor et concitoyen argentin Eduardo Romero est entré en jeu et qu'il lui a été d'une précieuse aide - encore une fois.

Romero a convaincu Cabrera de jouer, et tout est tombé en place. Cabrera a gagné le Tournoi des Maîtres, son deuxième majeur en 22 mois, et lorsque l'Omnium des États-Unis s'ouvrira, jeudi, à Bethpage, il se retrouvera dans un trio sélect aux côtés de Tiger Woods et Padraig Harrington, tous deux détenteurs d'un titre majeur.

«Grâce à ma victoire au Tournoi des Maîtres je sais désormais ce que cela prend, explique Cabrera. Ce sera par conséquent beaucoup plus facile pour moi.»

Ce ne fut certes pas le cas après son surprenant triomphe à l'Omnium des États-Unis en 2007 à Oakmont. Malgré son statut de champion en titre, jamais, l'année dernière, n'a-t-il été dans la course à Torrey Pines. Auteur de rondes de 79 et 76, il n'a pu éviter le couperet. Il a par la suite admis qu'il était mal équipé pour faire face à toutes les responsabilités qui accompagnent la défense d'un titre majeur.

Cette semaine toutefois, encouragé notamment par la présence de nombreux amateurs de langue espagnole ayant pris d'assaut Bethpage Black, Cabrera semble à l'aise et décontracté.

«Parfois il avait besoin de quelqu'un pour le pousser dans le dos, se rappelle Romero. Mais il est un bon joueur. Beaucoup de talent... Cabrera est désormais l'un des favoris.»

Romero a certes eu sa grande part à jouer dans ce dénouement. Il vivait à deux pâtés de maison de Cabrera dans leur ville natale de Cordoba. Et il l'a encouragé, adolescent, à s'essayer au golf. Celui-ci, qui a entrepris sa carrière en jouant avec des bâtons empruntés, a tenté à trois reprises d'obtenir sa carte du circuit européen en 1995 mais en vain. Cette saison-là, Romero avait accepté de le financer. Cela fut, à n'en point douter, un bon investissement.

Cabrera ne compte que deux victoires sur le circuit de la PGA mais toutes deux ont été récoltées lors de tournois majeurs.

«Si je n'avais gagné l'Omnium des États-Unis et le Tournoi des Maîtres je ne jouerais pas avec Tiger cette semaine», note Cabrera. C'est merveilleux de pouvoir jouer avec lui, d'être aux côtés du numéro 1 mondial. C'est un honneur. J'aimerais répéter cette expérience à chaque semaine.»

Est-ce que Cabrera peut réaliser le grand chelem? Romero ne voit pas pourquoi il n'y arriverait pas, notant au passage que les retombées de sa victoire au Tournoi des Maîtres sont encore importantes en Argentine, là où la popularité du golf est en pleine ébullition.

De son côté, Cabrera assure qu'il n'est pas en train de rêvasser à la possibilité de gagner les quatre tournois majeurs cette saison. En fait, il ne pense pas plus loin que l'Omnium des États-Unis.

«Non, je ne songe pas à cela, explique-t-il. Il me faut d'abord bien jouer cette semaine, connaître un bon tournoi. Ensuite je penserai au prochain.»

L'Argentin s'est imposé lors du Tournoi des Maîtres en dépit du peu de confiance qu'il a en son jeu. Ces jours-ci, cependant, il ne le remet aucunement en question.

«J'ai connu un superbe début de saison avec cette victoire au Tournoi des Maîtres, rappelle Cabrera. Cela m'encourage bien sûr énormément en vue de cette semaine.»