À la suite de l'écrasement du vol 447 d'Air France, on se dit que la vie est courte. Qu'il faudrait commencer à en profiter. Puis on se sent idiot d'avoir eu besoin d'un tel accident pour se le rappeler. C'est un peu la même chose dans le cas de Bob Rotella. Le psychologue sportif a publié un livre - un autre - truffé d'évidences. Maîtriser votre mental pour exceller au golf, traduction bancale de Your 15th Club, est paru plus tôt cette saison.

Ce qu'on y apprend? L'importance d'être confiant. De jouer un coup à la fois. D'oublier ses erreurs. Et de s'entraîner au jeu court.

Le ton finit parfois par agacer. Certains chapitres se terminent même par de petits hameçons tendus vers la lumière, du genre «maintenant, je vais vous montrer comment». L'auteur balance aussi des concepts un peu à la légère, comme ses références répétées au «subconscient».

Fallait-il noircir 215 pages pour cela? Peut être que oui, finalement. Car la raison d'être de ce genre de livre est son utilité. Que son contenu soit vrai ou faux n'y change pas grand-chose, pourvu que ça aide. Et il devrait vous aider, comme il a aidé Padraig Harrington, Sean O'Hair, Henrik Stenson, Trevor Immelman et d'autres clients du savant docteur.

Libre et responsable

Avec son sixième livre, Rotella oscille encore une fois entre la psychologie sportive et le motivational speaking. Il paraphrase William James - les gens deviennent essentiellement ce qu'ils pensent d'eux-mêmes, soutient-il. L'axiome lui sert de point de départ. Chacun peut choisir d'être confiant, martèle-t-il. Et dans diverses anecdotes, il explique pourquoi et comment le devenir.

Selon lui, la confiance n'est pas une technique qu'on finit par maîtriser de façon permanente. C'est un état qui se gagne et qui se perd, comme la forme physique. Pour la gagner, il suggère entre autres de tromper sa mémoire en s'efforçant de se souvenir de ses bons coups et d'oublier les mauvais. Un truc pour y parvenir: raconter par écrit ses bons coups, avec un maximum de détails sensoriels. Certains jouent intuitivement de la sorte avec leur mémoire. Selon Rotella, Jack Nicklaus pouvait raconter en détail chacune de ses 18 victoires dans des tournois majeurs. Mais il gardait peu de souvenirs des 19 fois où il a terminé deuxième. Autre détail intéressant: Rotella rappelle que plus un coup est associé à une émotion forte, plus on risque de s'en souvenir longtemps. Avis à ceux qui ragent après leurs trois roulés.

Autre thème cher à l'auteur: ne pas chercher la perfection et rester dans le moment présent. Pour les amateurs, cela signifie ne pas regarder sa carte de pointage avant la fin de la ronde. Pour les pros, cela signifie aussi ne pas regarder les tableaux des meneurs. La seule chose qui importe, c'est le prochain coup à jouer. Plus précisément l'exécution du coup, et non son résultat. Bref, il ne faut pas trop penser. Et il faut toujours penser de la même façon - donc ne pas accorder plus d'importance à ce roulé de 4 pieds au 18e trou qu'aux autres de la même distance.

Rotella ne nie pas l'importance de la technique. Il ne se hasarde pas non plus à comparer son importance à celle du mental. Il se limite à rappeler qu'à l'approche d'une compétition, il faut arrêter de travailler sur sa technique et apprendre à faire confiance à son élan. Car la confiance est un choix, rappelle-t-il.

Certes, avoir de bons résultats est utile pour bâtir sa confiance. Mais ce n'est pas nécessaire. On peut utiliser des trucs comme ceux, déjà mentionnés, de visualisation ou de mémoire sélective. Tout ça dans le but ultime d'en arriver à une arrogance intérieure. Le 15e bâton dans son sac. Celui qui coûte le moins cher.