Le scandale de dopage à l'Université de Waterloo a connu un autre rebondissement hier avec l'annonce de nouvelles sanctions, dont la première imposée en Amérique du Nord pour l'usage de l'hormone de croissance humaine (hGH).

L'analyse des échantillons d'urine et de sang de Matt Socholotiuk, un porteur de ballon en première année universitaire, a révélé l'usage de stéroïdes et d'hGH, deux substances qui figurent sur la liste des produits interdits de l'Agence mondiale antidopage (AMA).

Socholotiuk a été suspendu pour trois ans. Spencer Zimmerman-Cryer, un joueur de centre, et d'Aubrey Jesseau, un receveur, ont aussi été suspendus pour avoir respectivement fait usage de Stanozolol et d'Oral-Turinabol, deux stéroïdes anabolisants. Un quatrième joueur, Brandon Krukowski, a été suspendu quatre ans pour avoir refusé de participer aux tests.

C'est une intervention policière à la résidence d'un joueur de l'équipe de football de Waterloo qui avait mené à la découverte d'une quantité importante de produits dopants (dont l'hGH), probablement destinée à un trafic dans les milieux universitaires. La direction de l'université avait alors demandé au Centre canadien pour l'éthique dans le sport (CCES) de tester tous les joueurs de l'équipe.

Le 31 mars, 61 des 62 joueurs ont produit 61 échantillons d'urine et 20 échantillons de sang. Le CCES avait pris la décision de soumettre certains joueurs de football de l'Université de Waterloo à un dépistage sanguin en raison des informations mises à sa disposition par diverses sources.

Au total, huit cas positifs ont été révélés, dont celui de Socholotiuk. «Nous nous sommes toujours doutés que certains athlètes avaient recours à l'hGH pour améliorer artificiellement leur performance. Nous en avons maintenant la preuve, a déclaré Paul Melia, président-directeur général du CCES. Nous sommes évidemment alarmés et inquiets à l'idée que nos jeunes athlètes puissent faire usage d'une telle substance.»

Présente à la conférence de presse, la Pr. Christiane Ayotte a aussi insisté sur l'importance de ce contrôle positif. «L'utilisation de tels produits révèle une forme de dopage sophistiqué au football universitaire, a-t-elle déclaré. On est en présence d'une véritable sous-culture et personne ne me fera croire qu'elle est limitée à l'Université de Waterloo.»

Mme Ayotte s'est aussi inquiétée du pourcentage élevé de résultats positifs. «Avec huit analyses d'urine positives sur 61, un test sanguin sur 20, on a un taux extrêmement élevé. Les laboratoires du monde entier effectuent plus de 200 000 tests chaque année et pas plus de 1% sont positifs.»

L'hormone de croissance humaine (hGH) stimule la production de cellules cartilagineuses et la croissance de l'ossature et joue également un rôle dans la croissance des tissus musculaires et des organes. Les effets secondaires sont nombreux, avec notamment des risques de diabète, d'hypertension et de déficience cardiaque, un développement anormal des organes, des douleurs musculaires et une arthrose accélérée.

«Cette hormone est produite naturellement par l'être humain et la difficulté est d'identifier dans l'organisme l'hGH synthétique qui n'y demeure que quelques heures, a expliqué Ayotte. Les athlètes ont souvent recours à des microdoses, encore plus difficiles à détecter.»

Le test permettant de déceler ce produit n'a été mis au point que récemment et ce n'est que depuis cette année qu'il est administré au Canada. M. Melia s'est réjoui de la décision récente de la LCF d'autoriser le dépistage de l'hGH auprès de ses joueurs et il a indiqué que la procédure serait ajoutée aux tests antidopage effectués auprès des athlètes universitaires.