Pour bien préparer une saison déterminante dans laquelle il aura la chance de battre deux des plus prestigieux records du football universitaire canadien, Josh Sacobie aurait pu passer tout l'été dans un gymnase tout équipé. 

 

Le quart-arrière des Gee Gees de l'Université d'Ottawa a fait tout le contraire, en consacrant ses vacances à s'occuper des autres.

Pour une deuxième année consécutive, il a travaillé avec les adolescents de la nation crie de Mistissini, dans le Nord québécois.

"On peut parler de football tant que vous voulez, mais ce qui me tient occupé durant la saison morte, c'est ma vraie passion. C'est mon projet d'avenir, ma future carrière. Je veux collaborer au développement des communautés autochtones. Je veux être un messager pour les adolescents qui ont besoin d'aide où qui se retrouvent dans des situations à risque", explique le grand jeune homme avec beaucoup de passion.

Le type de passion à laquelle on n'est pas exposé tous les jours.

Par "situations à risque", Sacobie parle bien entendu de drogues, d'alcool, de violence et des autres fléaux qui rongent les communautés autochtones du Canada.

Pour lui, le travail d'intervention et d'encadrement n'est visiblement pas qu'une aventure d'été, qu'un simple trip de jeunesse.

On sent que la problématique le touche de près.

"J'ai grandi au sein des premières nations. Je sais comment ça se passe. Les problèmes de ces enfants étaient les miens, autrefois. J'ai emprunté le même chemin qu'eux", dit celui qui a grandi au sein de la communauté malécite St. Mary's, dans la région de Fredericton, au Nouveau-Brunswick.

"On me demande pourquoi je le fais. Je réponds que c'est mon devoir."

"J'avais terriblement peur de ne pas aimer mon métier, plus tard. Je ne voulais pas devenir un de ces travailleurs qui passent leur vie à courir sans intérêt après leur prochain chèque de paie. Aujourd'hui, j'ai l'impression d'avoir trouvé ma voie."

Deux records à sa portée

Avant de retourner aider les enfants cris, Sacobie se promet une grosse dernière saison à Ottawa.

Il n'a qu'à gagner 2261 verges par la voie des airs et lancer 25 passes de touché pour égaler deux records du Sport interuniversitaire canadien.

Ces deux marques sont à la portée de celui qui a récolté 2320 verges de gain tout en complétant 21 passes de touché, la saison dernière.

Qui plus est, les Gee Gees formeraient une équipe améliorée, cette saison.

On lui aurait enfin déniché un nouveau receveur étoile en Ivan Birungi, un colosse de six pieds et quatre pouces dont les parents vivent à Orléans, mais qui brillait chez les Axemen d'Acadia, depuis quelques années.

"Dans nos rencontres de préparation à la saison, nous n'avons pas accordé la moindre importance aux records de Josh Sacobie", indiquait l'entraîneur-chef Denis Piché, hier.

"Nous allons simplement lui offrir la chance de diriger notre attaque à l'intérieur des cadres de notre plan collectif. S'il réussit à établir de nouvelles marques, ce sera le fruit d'un effort d'équipe."

Le principal intéressé prétend que toute l'attention qui sera dirigée vers lui ne changera rien à ses objectifs. Il veut d'abord et surtout profiter de sa dernière saison chez les Gee Gees pour remporter la coupe Vanier.

"Les records individuels, c'est un truc qui devient intéressant quand on est vieux et qu'on regarde un match de football bien calé dans un La-Z-Boy", dit-il.

Match ce week-end

Les Gee Gees d'Ottawa disputent un match préparatoire à domicile, ce week-end.

Ils reçoivent la visite des Gaiters de l'Université Bishop's, demain après-midi, à 13 h, au stade Frank-Clair.

La saison régulière débutera le lundi 1er septembre, à London.

Ils affronteront alors leurs tombeurs de l'an dernier, les Mustangs de l'Université Western Ontario.

sstlaurent@ledroit.com