Jason Pierre-Paul démontre depuis quelques mois combien le talent lui sort par les oreilles. Victor Cruz a été la révélation de la ligue avec ses 82 attrapés et 1536 verges en saison. Les Giants vous diront toutefois à l'unisson que c'est Eli Manning qui est le grand responsable de leur présence à Indy.

«Les Giants ont toujours été construits par la défense, mais cette année, c'est l'attaque qui a été la plus constante de nos unités, et c'est grâce à Eli», a avoué le capitaine de la défense, Justin Tuck.

Évidemment, de façon générale, une équipe gagne à cause de son quart-arrière. Rien d'exceptionnel là. Sauf que le petit frère de Peyton n'est pas seulement devenu un meilleur quart depuis septembre. Il a pris les commandes au sein d'une équipe qui compte de fortes personnalités (Tuck, Umenyiora, Bradshaw, Jacobs, Rolle).

«J'ai appris beaucoup d'Eli cette année. Il a vraiment été remarquable, sur le terrain comme à l'extérieur. Son attitude, la confiance qu'il dégage, son approche, tout a été irréprochable», a résumé Antrel Rolle, avant de parler du discours qu'a prononcé Manning avant que les Giants ne se dirigent à Indianapolis.

«Il ne parle pas beaucoup, alors lorsqu'il se lève et qu'il y a cette petite étincelle dans le regard, on sait qu'il n'entend pas à rigoler. On était tous très impressionnés par son discours. C'est grâce à lui si nous sommes au Super Bowl. Eli est notre homme.»

Bill Belichick a dit cette semaine qu'il croyait que le leadership, l'esprit d'équipe, et tout ce qui est dans cette veine étaient des éléments qu'on tendait à sous-estimer. Si Manning s'est élevé au rang des meilleurs quarts de la NFL, c'est d'abord parce qu'il est devenu un meilleur passeur, pas parce qu'il est éloquent.

«Il est plus à l'aise derrière la poche protectrice. Il vise la longue passe, en gagnant du temps avec un petit pas vers la gauche, ou un par la droite. Il a amélioré cet aspect de son jeu de façon substantielle», a expliqué le garde Chris Snee.

«Il maîtrise nos schémas de protection à présent. Il comprend où se situent les faiblesses et les endroits mieux solidifiés de notre protection. Son apprentissage a été constant, et il a trimé dur pour y arriver. Je ne sais pas si les gens le réalisent vraiment», croit le coordonnateur offensif Kevin Gilbride.

Sorti de l'ombre de Peyton?

C'est tout de même un drôle de hasard si Manning dispute le Super Bowl dans la ville de son frère Peyton, à un moment où l'incertitude sur l'avenir de celui-ci fait les manchettes. Le quart des Giants ne s'en plaint pas le moindrement.

«Peyton a toujours été un grand frère exemplaire. Sa contribution à mon développement en tant que quart-arrière a été énorme, autant à l'université que dans la NFL. Il me donnait tous les conseils auxquels il pensait, surtout lors de mes premières saisons.»

Un deuxième titre, demain soir, permettrait-il à Manning d'être dorénavant nommé parmi les meilleurs quarts de l'histoire? «Je ne suis pas préoccupé du tout par l'héritage que je laisserai à titre de joueur. Je ne songe qu'à remporter ce championnat pour mes coéquipiers, mes entraîneurs, et l'organisation des Giants. C'est un travail collectif, pas celui d'un joueur.»

À la lumière de tout ce qui a été raconté au cours des derniers jours, Manning adhère réellement à cette vision des choses. Pas du blabla qui sert à tuer le temps en conférence de presse. Il n'en demeure pas moins qu'il mérite les éloges qu'il reçoit.

«Il n'a rien volé, il mérite tout ce qui lui arrive. On sait tous comment c'est difficile d'évoluer dans une ville comme New York, alors imaginez lorsqu'on a ce nom de famille. Il n'a jamais laissé la pression extérieure le perturber», a souligné Snee, qui est arrivé chez les Giants la même année que Manning.

De s'être retrouvé sous les chauds réflecteurs de New York avec autant de pression, voilà qui explique peut-être le sang-froid du quart de 31 ans dans les moments cruciaux? «Au quatrième quart, je ne joue plus seulement contre l'adversaire, je joue contre le temps. Je ne sais pas comment vous l'expliquer autrement.»