Ce ne sont pas les premières équipes finalistes à avoir été confrontées à beaucoup d'adversité, mais on doute qu'il y ait eu un Super Bowl qui en opposait deux qui en ont connu autant. Les Packers de Green Bay et les Steelers de Pittsburgh sont loin d'avoir volé leur place en finale.

Les Packers ont placé le nom de 16 joueurs différents sur la liste des blessés, y compris des membres importants comme Nick Barnett, Ryan Grant et Jermichael Finley. C'est sans parler de la commotion cérébrale qu'a subie Aaron Rodgers en fin de saison, qui leur a presque coûté une place en séries.

Les problèmes ont commencé encore plus tôt pour les Steelers avec la suspension de quatre matchs de Ben Roethlisberger. Le bloqueur Willie Colon - considéré comme le meilleur joueur de ligne offensive de l'équipe - s'est ensuite déchiré le tendon d'Achille, en juillet. L'autre bloqueur régulier, Max Starks, s'est blessé au milieu de la saison et ne jouera plus, et le centre Maurkice Pouncey ratera probablement le Super Bowl. Un seul des cinq membres réguliers de l'unité en 2009 demeure à son poste, le garde Chris Kemoeatu.

«Notre ligne offensive est composée d'un bon groupe de joueurs, qui se tient. Et surtout qui comprend très bien que les attentes ne changeront pas à cause des blessures», a souligné l'entraîneur-chef Mike Tomlin, cette semaine.

Les Steelers ont également changé leurs deux botteurs en cours de route; ont perdu l'un de leurs piliers défensifs lorsque Aaron Smith s'est déchiré un triceps; ont été directement impliqués dans la controverse des plaqués illégaux en raison de James Harrison; et leur meilleur joueur, Troy Polamalu, joue sur une jambe depuis près de deux mois.

«Les gens croyaient que le mieux qu'on pouvait espérer pendant l'absence de Ben, c'était de remporter deux matchs. Mais ce n'est pas du tout comme ça qu'on voyait les choses dans notre équipe. On pensait qu'on pourrait gagner les quatre matchs grâce à notre chimie et notre camaraderie, et c'est pourquoi on est parvenus à traverser tous les obstacles auxquels on a été confrontés», estime le demi de sûreté Ryan Clark.

Si les Steelers et les Packers ont pu se rendre au Super Bowl malgré les embûches, c'est grâce à leur profondeur. Et s'ils ont autant de profondeur, c'est attribuable à leurs bons repêchages. D'ailleurs, les deux équipes ne comptent que sur quatre joueurs autonomes chacune au sein de leurs formations partantes.

Flozell Adams et Jonathan Scott ont remplacé Colon et Starks - deux choix des Steelers -, tandis que Clark et James Farrior disputent respectivement leur cinquième et neuvième saison à Pittsburgh. Du côté de Green Bay, Desmond Bishop et Charlie Peprah ont obtenu leur place dans la formation partante lorsque Barnett et Atari Bigby - deux choix des Packers - se sont blessés, alors que Charles Woodson et Ryan Pickett sont avec l'équipe depuis cinq ans.

«Ce n'est un secret pour personne qu'on construit notre équipe avec le repêchage. On veut donner les gros salaires à nos propres joueurs - ceux qui le méritent -, tout en complétant notre équipe avec un joueur autonome ici et là. C'est notre modèle d'affaire», précise Tomlin.

En plus d'être aussi bon que n'importe quel autre DG au repêchage depuis quelques années, Ted Thompson trouve des jeunes joueurs qui n'ont jamais obtenu une occasion ailleurs, mais qui s'épanouissent chez les Packers.

«On a toujours une liste de joueurs à qui l'on peut faire signe en cas d'urgence. Cela dit, je crois que nos entraîneurs et les vétérans de notre équipe sont les premiers responsables du succès de ces nouveaux venus. Ils les aident sur le terrain, et également à se sentir confortables dans l'équipe», explique le DG des Packers.

«On recherche d'abord et avant tout de bonnes personnes. On accorde une très grande importance au genre d'individu qu'on veut avoir dans notre équipe», poursuit Thompson.

Pour Jerome Bettis, qui est venu faire un tour au quartier général des médias, hier, le fait que son ancienne équipe conserve la même ligne directrice depuis des décennies est un avantage.

«Les Steelers ont toujours eu la même philosophie depuis que Chuck Noll est arrivé, il y a plus de 40 ans. Ils veulent compter sur une excellente défense, un jeu au sol productif, et un jeu de passe capable de réussir les jeux-clés dans les moments importants. Ils savent donc quels types de joueurs ils veulent», analyse Bettis, qui pourrait obtenir sa place au Temple de la renommée, demain soir.

Si vous croyez que la plupart des équipes de la NFL utilisent la même recette que les deux qui s'affronteront, dimanche soir, détrompez-vous. On n'a pas à chercher très loin afin de trouver des exemples qui prouvent le contraire. Les clubs qui se sont inclinés en finale de conférence ont obtenu plusieurs de leurs joueurs-clés à l'extérieur de leur organisation.

Le quart-arrière (Jay Cutler) et le meilleur joueur défensif (Julius Peppers) des Bears de Chicago ont amorcé leur carrière à Denver et en Caroline, et les Santonio Holmes, Braylon Edwards, LaDainian Tomlinson, Antonio Cromartie, Bart Scott, Jason Taylor et Justin Leonard ont tout été acquis par transaction ou sur le marché des joueurs autonomes depuis 2009 du côté des Jets. Mais à Green Bay et Pittsburgh, la formule ne changera pas de sitôt.